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Les Flamands veulent-ils vraiment plus de francophones dans leurs usines ?

Jusqu’ici ils ne sont que 200 demandeurs d’emploi à avoir trouvé un job en Flandre dans le cadre des plans visant à favoriser la mobilitéinter-régionale des chômeurs. Parmi les facteurs en cause, la frilosité de certains employeurs flamands, ce qui a le don d’énerver Rudy Demotte.

09-05-2008 Alter Échos n° 251

Jusqu’ici ils ne sont que 200 demandeurs d’emploi à avoir trouvé un job en Flandre dans le cadre des plans visant à favoriser la mobilitéinter-régionale des chômeurs. Parmi les facteurs en cause, la frilosité de certains employeurs flamands, ce qui a le don d’énerver Rudy Demotte.

Depuis juillet 2007, le Forem et son équivalent flamand, le VDAB, collaborent étroitement pour tenter de faire entrer davantage de Wallons sur le marché flamand du travail. Laconjoncture est favorable en Région flamande et, depuis quelques temps, de nombreuses offres d’emploi n’y trouvent plus preneur. Le ministre-Président flamand, Kris Peeters(CD&V) a pour objectif déclaré de faire venir 50 000 travailleurs supplémentaires de Wallonie. À l’heure actuelle, ils sont déjà quelque 40 000Wallons à travailler au nord du pays. Mais la mayonnaise ne prend pas : seulement 140 travailleurs ont franchi le pas au second semestre 2007, et 46 au cours du premier trimestre de 2008.Hilde Gillebert, coordinatrice du projet de mobilité inter-régionale pour le Forem estime que « peut-être que toutes les entreprises qui embauchent des Wallons en Flandre nenous le font pas savoir et qu’il y a davantage de recrutements en réalité. Mais en tout cas, les chiffres sont plutôt décevants. »

Pourquoi les choses n’évoluent-elles pas plus rapidement ? Elle y voit différentes raisons. En premier lieu, le niveau d’exigences linguistiques trop élevé.« Ils demandent des candidats parfaits bilingues pour des postes en usine pour lesquels, entre collègues, on ne s’échange pas plus de dix mots par jour. Pour la plupart desemplois peu qualifiés, comme ceux de maçon, le bilinguisme n’est pas nécessaire, à partir du moment où les francophones comprennent les directives qui sontdonnées. C’est cela qui est important. »

Quotas

Mais, pour elle, il n’y a pas que cela. Selon elle, dans certaines entreprises du Brabant flamand, qui emploient déjà des travailleurs francophones, il existe des quotas pourceux-ci, « de peur d’assister à une sorte de francisation de leur entreprise ». La publication de ces dernières déclarations a fait réagir Rudy Demotte,en tant que ministre-Président wallon (PS). Il a rappelé que le Gouvernement flamand avait « récemment fait part de sa volonté de permettre à 50 000 Wallonsde venir travailler dans des entreprises flamandes, un processus d’échanges dans lequel le Gouvernement wallon s’est inscrit activement et qui se traduit aujourd’hui par lamise sur pied de groupes de travail tri-régionaux ». Il a ajouté qu’au sein de ceux-ci, « des experts sont chargés d’identifier de nouvelles mesuresvisant notamment à faciliter la mobilité inter-régionale et l’apprentissage du néerlandais par les Wallons dès leur entrée en fonction au seind’une entreprise flamande ».

Pour Rudy Demotte, l’existence de quotas fixant le nombre de francophones au sein d’une entreprise flamande, « outre son caractère discriminatoire, irait àcontresens de cette dynamique que les politiques wallons et flamands entendent initier ensemble ».
Hilde Gillebert évoque encore d’autres freins à la présence de travailleurs wallons au nord. Tout d’abord, la présence massive de travailleurs frontaliersfrançais en Flandre occidentale, pour des raisons fiscales. En effet, ceux-ci sont imposés en France et touchent 30 % de plus en net que leurs collègues wallons. À cetégard, la responsable du Forem estime qu’il faudrait travailler à réduire cette différence, au nom du principe « à travail égal, salaireégal ». Et puis aussi, la mobilité inter-régionale proprement dite (comprenez en transports en commun) reste problématique. Exemple : pour aller de Péruwelz(Hainaut occidental) à Renaix (Flandre orientale) en bus, soit un trajet à vol d’oiseau de 28 km, il faut 1h48. « Souvent, les déplacements nécessitentd’emprunter deux ou trois bus et cela dure très longtemps »[/i], commente-t-elle. Enfin, elle estime que le vieux cliché du Wallon paresseux à la vie dure. Et depréciser : « Je suis moi-même flamande et je peux témoigner. Il y a en Wallonie énormément de gens qui sont prêts à travailler. »

D’après De Morgen et De Standaard

Pierre Gilissen

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