Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Les femmes tirent leur plan « Marshall »

Ce 10 novembre au Campus provincial à Namur, le Conseil des femmes francophones de Belgique1 analysait la place des femmes dans le plan Marshall avec les actrices et acteursconcernés.

19-11-2006 Alter Échos n° 219

Ce 10 novembre au Campus provincial à Namur, le Conseil des femmes francophones de Belgique1 analysait la place des femmes dans le plan Marshall avec les actrices et acteursconcernés.

D’emblée, le constat est dressé, la présidente du Conseil de l’égalité hommes-femmes, Hélène Van de Schoor, affirme que «l’égalité homme-femme n’apparaît pas de manière transversale dans les mécanismes prévus par le plan » et souligne que l’absence destatistiques sexuées contribue à cet état de fait. Hormis, fait-elle remarquer, la réalisation par le Conseil des femmes avec l’Institut wallon de la prospective etde la statistique d’un portrait statistique des femmes et des hommes en Wallonie susceptible d’être régulièrement mis à jour.

Pourchasser les stéréotypes sexués

La présidente a regretté que si le Contrat d’avenir de la Wallonie cherche à atteindre un taux d’emploi global de 70 %, il se contente d’un taux de 60 % pourles femmes, et privilégie les emplois a priori masculins tels que l’aéronautique, les TIC, les technologies de l’information et de la communication, la sidérurgie etle bois.

Développer des emplois a priori plus féminins tels que le tourisme, le service aux personnes, aux enfants, personnes âgées et dépendantes, permettrait de faired’une pierre deux coups. Hélène Van de Schoor a égratigné au passage les récentes mesures gouvernementales qui rabotent les titres-services de 1 euro del’heure, et elle a fustigé la discrimination fiscale à l’égard de ce système, qui privilégie les utilisateurs plus aisés au détriment desutilisateurs modestes.

Pourchasser les stéréotypes sexués, partout où ils se manifestent, est indispensable. Notamment dans le vocabulaire, où la féminisation des textesn’est pas légion, les titres et fonctions étant toujours majoritairement au masculin dans le langage. Le Conseil des femmes constate également l’absence de mesuresconcrètes en matière de lutte contre la violence conjugale et la violence dirigée contre les femmes (cf. à ce sujet la rubrique « Télex »). La pauvreté desfemmes est encore pointée par le Conseil, avec la difficulté démultipliée pour les femmes seules avec enfants d’accéder à un logement décent, cequi met en péril l’étude à la maison des enfants.

La présidente du Bureau des Femmes, Mariet Vanderstukken (FGTB), a livré quant à elle le point de vue des femmes syndicalistes sur le plan Marshall : « Les statistiquessexuées sont indispensables pour mettre les lunettes du genre. Il faudrait intégrer le genre dans chaque analyse, action ou politique syndicale. Il n’y a jamais eu de concertationdes partenaires sociaux pour la mise en œuvre du plan Marshall, qui s’est basé exclusivement sur le monde du travail masculin en ignorant la pénibilité desmétiers féminins et en privilégiant les métiers lourds masculins ».

La syndicaliste a rappelé à quel point le taux de chômage était énorme en Wallonie, et encore plus pour les femmes. Au 30 septembre 2006, il atteignait 19,4 %pour les femmes, contre « seulement » 16,3 % pour les hommes. En pointant le fossé qui sépare hommes et femmes dans les métiers qu’ils et elles exercent. MarietVanderstukken a cité les chiffres de 89,5 % de nettoyeuses, 98,3 % de femmes de ménage et 13,1 % de femmes ingénieures civiles.

Pièges à l’emploi

En tant qu’animatrice des travailleurs sans emploi de Charleroi, la syndicaliste a constaté le nombre disproportionné de femmes chômeuses de longue durée dont ungrand nombre sont parentes seules, peu ou non qualifiées et sans moyen de transport privé. Mariet Vanderstukken a parlé des pièges à l’emploi, qui confinentles femmes au chômage, puisqu’elles ont moins de revenu en occupant un emploi. Sans oublier les travailleuses qui deviennent des travailleuses pauvres en travaillant àmi-temps.

Mettre en place des structures collectives de garde d’enfants s’avère indispensable pour permettre aux femmes de remettre le pied dans l’étrier de l’emploi.Tout autant que d’améliorer les conditions de travail dans certains lieux tels que les trains de marchandises et les chantiers de construction, qui excluent les femmes en ne disposantpas de sanitaires.

Isabelle Richelle, représentant l’Association des femmes chefs d’entreprise, a fustigé le « manque d’esprit d’entreprise en Wallonie, où ilfaudrait former les jeunes en mettant l’école en relation avec l’entreprise ». Elle a parlé de concilier taxation du travail et taxation du capital. Tout en mettant ledoigt sur la discrimination des droits patrimoniaux vis-à-vis de la femme en cas de divorce.

Lydie Gaudier de la Ligue des Familles a rappelé la nécessité pour les femmes de concilier vie professionnelle et privée : « Il s’agit de créer desemplois de qualité en nombre suffisant, et diversifiés, dans des structures d’accueil de l’enfant, pour ouvrir des places (8 000 d’ici 2009 selon l’objectif deBarcelone) pour les enfants en dessous de 3 ans et en écoles maternelles. Lydie Gaudier a encore évoqué une politique des temps sociaux qui prenne en compte laréalité du travail des femmes.

1. Conseil des femmes francophones de Belgique, rue du Méridien, 10 à 1210 Bruxelles – tél. : 02 229 38 21– courriel : cffb@amazone.be

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)