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"Les coordonnateurs de CEFA critiquent l'avant-projet et demandent d'être entendus"

26-02-2001 Alter Échos n° 92

Au-delà des représentations institutionnelles organisées dans le Conseil général pour l’enseignement secondaire, certains acteurs de terrain aimeraient aussiavoir voix au chapitre en tant que tels dans les concertations qui ont lieu dans le cadre de la réforme des CEFA. C’est une des demandes, non rencontrée jusqu’à présent,que l’ensemble des coordonnateurs des CEFA de la Communauté ont repris dans une lettre adressée au ministre de l’Enseignement secondaire Pierre Hazette le 15 février dernier.
Ils y expriment leur déception à la lecture comparée de l’avant-projet qui a circulé jusque fin 2000 et de celui effectivement sur la table aujourd’hui. Le premier sesituait, selon ces coordonateurs, dans la ligne de la réponse que le ministre avait donnée à l’intervention du député Ecolo Pierre Hardy. Pierre Hazette yrépondait aux inquiétudes de dualisation de l’alternance en insistant sur le projet professionnel du jeune, la mis en place de passerelles… « Tenant compte desspécificités de l’alternance », ce premier avant-projet permettait, selon les coordonnateurs, « de concrétiser efficacement l’adéquation entre l’offre et la demande deformation sur le marché du travail » et présentait en outre « l’avantage de positionner clairement les CEFA par rapport à l’enseignement de plein exercice dans un partenariatdynamique, équitable et complémentaire ». Par contre, ils dénoncent « la chape administrative » que ferait peser sur les CEFA « l’avant-projet de l’administration » et qui irait »à l’encontre de la dynamique partenariale avec les milieux socio-économiques créant ainsi une sorte d’enseignement de plein exercice en réduction dans toute sa lourdeur ».Demeurant selon eux « le greffon de l’enseignement de plein-exercice », l’alternance risquerait d’être de plus dualisée puisque la réforme s’attacherait « à promouvoir unealternance élitiste au détriment de la mission socio-éducative du CEFA ». Philippe Blanchard du CEFA de Morlanwelz1 craint que les lourdeurs qu’ils dénoncent incitent lesentreprises à aller voir d’autres opérateurs comme les Classes moyennes ou le Forem. Crainte que rejoint par ailleurs Jacques Giot de la CGSP qui souligne « l’effet aspirateur queproduit la Région wallonne » en matière de formation, ce qui pourrait amener à « faire basculer des élèves en âge d’obligation scolaire dans d’autresdispositifs que ceux prévus dans le cadre de l’école ».
Ce texte des coordonnateurs de la Communauté a reçu le soutien écrit de 17 des 18 CEFA de l’enseignement libre. Ils comptent d’ailleurs s’exprimer ensemble publiquement sur cethème. Charles du Bois d’Henghien, coordonateur au CEFA de Braine-le Comte2, précise que leurs critiques ne sont pas corporatistes mais soucieuses des publics accueillis dans les CEFA.Il nourrit à leur égard les plus grandes craintes. « Les 6 000 jeunes qui quittent le plein exercice pour nous rejoindre ne bénéficient pas tous d’une insertion enentreprise, explique-t-il. Variable selon les régions, le taux d’insertion avoisine en moyenne les 50-60%. Mais que faire avec les élèves qui restent sur le carreau quand on saitqu’un taux de 100% d’insertion est l’objectif visé par la réforme ? » Charles du Bois d’Henghien craint un processus d’éjection de l’alternance des élèves endifficulté au travers d’un certain nombre de mesures « déjà prévues alors que la conjoncture est bonne pour l’instant » : le durcissement du comptage des jours d’absence,l’élimination de l’amnistie dont bénéficiait l’élève à cet égard en arrivant en CEFA, l’absence de prise en compte de la demande de prolongement de lapériode des six premiers mois d’accompagnement sans insertion, particulièrement pour les plus jeunes… Des dérogations seraient prévues, comme sur bien d’autres plans(comme le nombre de périodes par exemple). Mais selon le coordonnateur, « on ne créée pas un décret sur la base de dérogations ». Il y voit le signe d’un pouvoir tropgrand accordé à l’administration, ce qui nuirait, selon lui, à la crédibilité des relations entre CEFA et entreprises. De même le flou qui persiste sur lesattributions et statuts exacts des coordonnateurs et accompagnateurs ne permettrait pas d’asseoir le poids des CEFA dans ce partenariat fragile construit pas à pas depuis 15 ans.
Certains directeurs d’établissements-sièges rejoignent en grande partie les critiques avancées par les coordonnateurs. Ainsi Yvan Cnudde3 souligne notamment que la revalorisationdes CEFA appelée dans tous les discours n’est pas une évidence quand on s’aperçoit qu’une concurrence entre stages gratuits et apprentissages payants va se mettre en place. Maisil se place dans une optique d’amélioration de l’avant-projet, contrairement aux coordonnateurs qui veulent remettre l’ensemble du travail à plat. Et propose par exemple depréciser la notion de parcours d’insertion, que certains voient par ailleurs être mise à mal dans une « alternance élitiste ».
1 Rue Warocqué 46 à 7140 Morlanwelz, tél. : 064 43 21 88.
2 Rue de Mons 84 à 7090 Braine-le-Comte, tél. : 067 55 35 84.
3 Institut d’enseignement technique Sainte-Marie, boulevard du Midi 161 à 6140 Fontaine-l’Evêque, tél. : 071 52 57 24.

Donat Carlier

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