Comment concilier le rôle traditionnel de recherche de profit d’une banque avec le rôle social joué par les « Charities », organismes de donation et de soutien de projets nonprofit en Grande-Bretagne? La Charity Aid Foundation (CAF) vient de concrétiser son pari avec la création de la Charity Bank Limited1. Un statut hybride qui a soulevé beaucoup dequestions et a nécessité l’accord de la « Charity commission », ainsi que des autorités financières britanniques. Ces dernières ont dû approuver que la CharityBank soit à la fois enregistrée comme institution de « Charity » et reconnue comme institution financière. Une nouvelle sans précédent, tombée en avril. Unedémarche innovante pour laquelle les autorités financières britanniques ont dû adapter leur grille de lecture traditionnelle de la finalité d’une banque et desa constitution.
Ainsi dès septembre 2002, les investisseurs britanniques auront l’occasion de combiner l’épargne et les donations au sein d’une même institution reconnue comme banque. La CharityBank est également la première institution financière à obtenir son agrégation découlant des nouvelles régulations bancaires. Le seul rôle de laCharity Bank sera de recevoir de l’épargne en vue de créer des sources de financement « raisonnables » pour le secteur des « Charities ». Un secteur qui éprouve certainesdifficultés à financer ses projets.
L’épargnant pourra, lui, bénéficier d’un return financier modeste sur son investissement tout en favorisant un plus grand return social. « Dans son rôle éducatif,nous espérons que la Charity Bank ressemble à une pouponnière financière », explique Malcom Hayday, responsable de la nouvelle institution. Le capital initial de la banquesera d’environ 5 millions de livres (7,8 millions d’euros), fournies par la CAF et d’autres donateurs privés et institutionnels.
En Belgique, à part le cas bien particulier de la Triodos, aucune institution ou organisation n’a à ce jour franchi le pas pour créer une banque de ce type. Au-delàdes différences nationales de paysage associatif, il est vrai que les nouvelles régulations bancaires et les montants exigés pour constituer une garantie de départ »suffisante » ne facilitent pas les démarches de création d’une banque dite « sociale ». Au contraire, sur le terrain, les récentes révélations en matièred’exclusion bancaire rappellent que les banques ne sont pas des institutions facilement pénétrables par les préoccupations à caractère social. Et lesréglementations ne sont pas là non plus pour encourager ce penchant.
Pourtant, tout comme les particuliers, nombreuses sont les organisations à finalité sociale qui ont recours aux services bancaires. Souvent ces derniers sont mal adaptés àleurs besoins (trésorerie, investissement, taux pratiqués,…). Bien entendu, Triodos, banque d’origine hollandaise ayant pris ses racines en Belgique, occupe surtout lepôle environnemental, mais sans rencontrer massivement la demande sociale. Crédal du côté francophone et Hefboom en Flandre, autres acteurs dans le paysage financiersolidaire belge, n’ont pour leur part pas franchi le seuil du statut bancaire, préférant à ce jour le statut de coopérative de crédit.
1 The Charity Bank Limited, 25 Kings Hill Avenue, West Malling, Kent ME19 4TA, tél. : +44 20 7395 4431, http://www.charitybank.org
Archives
"Les Britanniques créent la Charity Bank, première banque not-for-profit d'outre-Manche"
serge
13-05-2002
Alter Échos n° 120
serge
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