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Regard critique · Justice sociale

Vu de Flandre

Les administrations flamandes emploient peu de handicapés

L’administration flamande vient de revoir à la baisse ses normes en termes d’engagement de handicapés. Pour cause d’irréalisme selon le ministre Bourgeois.

17-02-2012 Alter Échos n° 332

L’administration flamande vient de revoir à la baisse ses normes en termes d’engagement de handicapés. Pour cause d’irréalisme selon le ministre Bourgeois.

Un objectif ambitieux avait été assigné à l’administration flamande en 2004 : atteindre en 2015 la proportion de 4,5 % de travailleurs handicapés au sein de son personnel : des personnes malvoyantes ou aveugles, souffrant d’une maladie limitant leur mobilité ou en chaise roulante, ou encore avec un handicap mental devaient aussi avoir le droit de travailler, et c’était aux pouvoirs publics à montrer l’exemple, avait-on estimé.
 
Mais, un peu plus de sept ans plus tard, cet objectif ne s’avère apparemment pas réaliste. L’an dernier, on en était à 1,2 % seulement. Pour le ministre Geert Bourgeois (N-VA), en charge de la fonction publique flamande, un objectif irréaliste agit de manière contre-productive et il a donc été décidé de tendre vers un pourcentage moins hors de portée : 3 %. Le gouvernement flamand a fait peu de publicité autour de cette mesure prise fin décembre, mais le ministre s’est finalement vu quelque peu obligé de venir défendre sa ligne de conduite devant le parlement flamand fin janvier. Sa ligne de défense : tout a été fait pour atteindre les objectifs. Exemples :
• Adapter les postes de travail, par exemple en plaçant des écrans d’ordinateur plus grands pour les malvoyants ;
• Compensations financières proportionnées pour les responsables qui acceptent d’engager des personnes qui, du fait de leur handicap, n’ont pas la même productivité qu’une personne valide ;
• 1 % des nouveaux postes sont réservés exclusivement à des candidats lourdement handicapés.

Mais tout cela n’a pas suffi. Ingrid Pelssers, la fonctionnaire responsable, pour l’administration régionale, de la politique d’égalité des chances en matière de recrutement, défend la mesure adoptée par le gouvernement flamand, même si elle comprend aussi que le signal envoyé puisse décevoir certains. Car pour elle, il reste des obstacles très difficiles à franchir : « La moitié des administrations se trouvent à Bruxelles et pour les handicapés ou les personnes souffrant de pathologies lourdes, il est souvent difficile de faire la navette tous les jours. Même si les pouvoirs publics leur accordent un abonnement de chemin de fer en première classe, où on se bouscule moins et où il y a davantage de places assises. »

Autre problème : « Pour 60 % des postes vacants, un diplôme de l’enseignement supérieur est exigé alors que seulement 3,9 % des postulants avec un handicap en ont un. Nous ne pouvons pas offrir l’équivalent d’un atelier protégé. » Et puis il y a aussi le problème des pièges à l’emploi : « Souvent, les handicapés renoncent à travailler parce que la différence entre la rémunération qu’ils pourraient avoir et les indemnités qu’ils perçoivent déjà est négligeable. »

Le chiffre de 3 % a été fixé à partir des résultats d’une enquête auprès des administrations concernées. 26 sur 74 des entités interrogées, représentant 57 % du personnel administratif ont répondu à la question de savoir quel objectif elles trouvaient réaliste en termes de recrutement et, au final, la moyenne de ces résultats est 2,91 %. Il est clair pour toutes les parties concernées que des 1,2 % actuels aux 3 % espérés, la route sera encore longue. Pour Geert Bourgeois, « C’est un groupe qui est très difficile à atteindre, mais il nous faut y travailler. Et l’effort doit partir de nous-mêmes. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un changement de mentalité. Il y a des responsables qui ont fait de nombreux efforts couronnés de succès et qui ont bien compris la plus-value que les personnes handicapées pouvaient apporter. Mais il y en a aussi d’autres qui pensent que ce type de personnel peut seulement être une source de problèmes dans leur service. Nous comptons dès lors mettre en place un système d’évaluation des responsables afin de voir s’ils arrivent à remplir leurs objectifs en termes d’engagement de handicapés et ce qu’ils mettent en place pour y arriver. »

D’après De Morgen et De Standaard

Pierre Gilissen

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