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Le Relais social urbain namurois prêt pour cet été

Bientôt, les acteurs publics et privés du travail social de Namur et environs pourront se coordonner grâce à la mise sur pied d’un relais social urbain. Plusieurs projets– encore en chantier – viseront à répondre aux besoins des personnes en situation d’exclusion. Alter Echos a rencontré trois partenaires de ce réseau : leCPAS de la Ville de Namur1, le Resto du coeur2 et le Centre de service social3.

04-05-2007 Alter Échos n° 228

Bientôt, les acteurs publics et privés du travail social de Namur et environs pourront se coordonner grâce à la mise sur pied d’un relais social urbain. Plusieurs projets– encore en chantier – viseront à répondre aux besoins des personnes en situation d’exclusion. Alter Echos a rencontré trois partenaires de ce réseau : leCPAS de la Ville de Namur1, le Resto du coeur2 et le Centre de service social3.

Rappel du contexte

Le concept de relais social a été initié sous la précédente législature régionale (1999-2004). Il s’inspire du modèle français duSamu social, mais dans les faits le dispositif est bien plus large. Des relais sociaux ont déjà vu le jour à Liège, Charleroi, La Louvière et Verviers en 2004-2005,maintenant vient le tour de Namur où le dossier a pris plus de temps.
Divers motifs ont concouru à ce retard, parmi ceux-ci, Roberto Galante, directeur du Resto du cœur note que “cela a aussi freiné du côté de l’associatif, car lerelais social avait été présenté comme quelque chose qui allait chapeauter les partenaires sociaux.”

Des projets qui débutent…

“On a pris le dossier en main à la fin décembre 2006, complète Philippe Defeyt, président du CPAS. En janvier 2007, le dossier a étédéposé à la Région. Il y a eu un accord du gouvernement wallon sur la reconnaissance du Relais social urbain (RSU) namurois, ce qui nous ouvre le droit aux subsides.Maintenant, pour les obtenir, il faut un coordinateur et rentrer des demandes officielles de budget.”

Commencer sur Namur est une tolérance prévue par le décret. “À terme, le RSU s’élargira à plus ou moins l’équivalent de l’arrondissement deNamur (Andenne, Assesse, Auvelais, Gembloux, Sambreville…) ainsi qu’à d’autres partenaires publics et privés”, explique Philippe Defeyt. En ce moment, les partenaires du relaissont le CPAS, la Ville de Namur, le CHR (centre hospitalier régional) de Namur, le Resto du cœur, le Centre de service social, Saint-Vincent de Paul et la Région wallonne.

Étant donné qu’aucune demande de subsides n’a été introduite pour des projets, ceux-ci n’en sont qu’à leur début. “Pour l’année prochaine, ilfaudra introduire une nouvelle liste de projets. Peut-être s’agira-t-il des mêmes, peut-être y en aura-t-il davantage, commente le président du CPAS. On va lancer des projetsqui seront ensuite subsidiés par ailleurs – du moins là où cela sera possible.” Financièrement, le budget global est estimé à 400 000 euros : 266273 euros en termes de personnel et 133 727 euros en frais de fonctionnement. Notons qu’il reste une réserve de quelque 30 000 euros pour tout projet supplémentaire.

Logement d’urgence et/ou de transit

Parmi les différents projets est prévue la gestion opérationnelle commune des logements d’urgence4 et de ceux de transit5 destinés àhéberger des personnes se retrouvant sans toit à la suite de la fermeture de leur logement déclaré insalubre ou inhabitable, d’une expulsion, d’un conflit familial, d’unecatastrophe (incendie, inondation).

Explications de Joël Schallenberg, administrateur délégué du Centre de service social – par ailleurs reponsable de l’AIS (agence immobilière sociale) Gestionlogement Namur : “Il s’agit d’une coordination entre les services pour mutualiser les logements d’urgence et/ou de transit. On va commencer par la Ville et le CPAS. On espère qued’autres partenaires suivront. Il en existe déjà entre l’AIS et la Ville pour l’accompagnement social, d’une part, et l’AIS et le Resto du cœur, d’autre part. D’ici à lafin 2007, il est prévu d’accroître le parc de logements d’urgence et de transit.”

L’objectif est de pallier la disparité de gestion des logements concernés, de mieux connaître la capacité du parc et les disponibilités existantes ou àvenir, ainsi que d’assurer un suivi social et/ou psychologique des bénéficiaires. À cette fin, l’ensemble du parc sera géré par une personne-référencequi aura une vision globale des places disponibles.

Dispositif d’urgence sociale

La mise sur pied d’un dispositif d’urgence sociale (DUS) permettra la coordination des dispositifs d’urgence qui requièrent l’intervention immédiate d’un travailleur social.“L’objectif est de pouvoir traiter les urgences 24 heures sur 24, en sachant qu’il existe déjà des choses”, nous dit Roberto Galante. Par ce biais, il sera possible derépondre aux demandes des personnes en situations de crise ou de détresse en dehors des heures de bureau. L’action du DUS s’articulera si nécessaire avec celle des servicesd’urgence ou des institutions d’accueil, voire le service de gestion commune des logements d’urgence et/ou de transit.

Aide aux plus démunis en période de grande chaleur

“L’idée est claire, on pense aux grands froids, mais on pense moins aux grandes chaleurs. Or, il est important de pouvoir se laver, se désaltérer”, commence ledirecteur du Resto du cœur. Et Philippe Defeyt de poursuivre : “Or, les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes et sont associées à une augmentation de lamortalité, en particulier chez les personnes âgées.”

L’iniative consistera donc à réaliser un travail d’information auprès des publics identifiés à risques, tels les personnes âgées et les SDF, et dedisposer de locaux frais accessibles à ces derniers pendant la journée.

Coordination d’un réseau de soins

“C’est le projet le plus embryonnaire, explique Joël Schallenberg. De plus en plus de maisons médicales veulent s’ouvrir aux quartiers, à ses aspects sociaux. Elles lefont déjà, il faut les soutenir dans cette voie. De plus en plus de problèmes médicaux sont dus au logement.”

“Il y a de plus en plus de partenariats efficaces avec les maisons médicales, le CHR, observe le directeur du Resto du cœur. Parfois, des médecins de l’Arméedonnent un coup de main. Le Resto du cœur est partie prenante dans cette dynamique. La maison médicale de Bomel nous aide par le biais de conseils alimentaires. Lorsque nous constatonsdes problèmes de santé chez nos clients, nous les renvoyons vers cette maison médicale. Leurs travailleurs viennent aussi donner des conseils d’hygiène au resto. Ilsdonnent des explications sur l’importance d’avoir un dossier médical unique qui permet d’avoir un suivi plus pointu. De plus, la maison médicale de Bomel prévoit un forfait etoffre un large éventail de services : kinésithérapeute, psychologue, nutritionniste, etc.”

La problématique de la santé mentale devient également de plus en plus présente. “Nombre de personnes en rupture avec leur environnement social présententdes troubles de comportement et de la personnalité”, observent les partenaires du RSU. D’où la nécessité d’une coordination plus efficace entre les travailleurssociaux et le milieu d’accueil institutionnel.

Projet de relais hygiène – santé sur le quartier des Arsouilles

“Il s’agit d’un projet de développement de lieux où les gens pourront se laver, laver leur linge, déclare Joël Schallenberg. Le quartier des Arsouilles est unquartier défavorisé en train de monter comme celui des Brasseurs ou de Saint-Nicolas suite à la revitalisation.”

L’enquête socio-économique réalisée par la maison médicale “Les Arsouilles” a été très révélatrice en lamatière : elle est venue mettre en lumière l’absence de salle de bain pour une partie importance de logements dans ce quartier.

L’objectif est de :
• “globaliser une aide tant sociale, éducative, médicale, de soins infirmiers, de soins dentaires et d’hygiène sous forme d’un relaisd’hygiène et de santé”;
• “professionnaliser l’encadrement dans les interventions en ces matières” ;
• “collaborer avec un maximum d’acteurs tant sociaux que médicaux et paramédicaux”.

Pour y parvenir, il est, entre autres, prévu “d’aménager un local dans le quartier des Arsouilles ayant une infrastructure suffisante pour les différentesinterventions”, du type hygiène, médecine, soins infirmiers, vestiaire, coiffure, manucure, pédicure et convivialité pour tout le travail éducatif. Celaimpliquera de négocier une série de conventions avec des professionnels dans ces différents domaines. Des collaborations sont prévues entre les différentspartenaires du RSU.

Isolement des personnes âgées

“Casser l’isolement peut se faire via les visites d’infirmières sociales ou la livraison de repas à domicile, explique Philippe Defeyt. Il faut assurer les relais entre cestravailleurs et les autres services tout en respectant la confidentialité.”

Parmi les pistes envisagées, outre le développement du service “repas à domicile” sous son angle relationnel, relevons :
• la mise en place d’un service de “portage de livres” en relation avec les services des bibliothèques communales ;
• l’engagement de lecteurs volontaires qui auront pour mission d’assurer la lecture aux personnes âgées déficientes visuelles ;
• la réinsertion sociale des personnes âgées via un processus d’échanges intergénérationnels (enfance, école, partage et échange dessavoirs).

Service de déménagements des familles en grande précarité

Outre la hausse des loyers, les partenaires du RSU constatent que le déménagement a un coût élevé : le fait de déménager en lui-même, lestravaux de réfection, les loyers et autres garanties locatives, l’achat de mobiliers. Ces éléments constituent autant de freins pour les personnes en situation de grandeprécarité. Dès lors, ces dernières ont tendance à rester dans des logements insalubres et dangereux.

L’idée est d’offrir un service de “déménagement social” via le volontariat et un ou deux postes articles 60, et en complétant les équipes dedéménagement existantes organisées actuellement par un opérateur issu de l’associatif. Un service de coordination sera mis en place.

Accueil du matin

“Il y a un accueil différencié dans le temps, constate Roberto Galante. Quand l’abri de nuit ferme le matin à 7 h, il y a un vide jusqu’à l’ouverture des servicessociaux ou communaux à 8 h ou 8 h 30. Notre idée est de trouver des moyens pour ouvrir plus tôt le resto, où les gens pourront venir se réchauffer,petit-déjeuner, lire les journaux, plutôt que d’errer dans la gare ou dans la rue en attendant qu’ouvrent les services communaux. Cela pourra être aussi un lieu d’activationpotentiel, un moment propice pour une rencontre avec un psychologue… Cela pourrait s’inscrire dans la logique du RSU. On ne se limite pas qu’à la préparation des petitsdéjeuners, il y a un travail social aussi.”

On cherche un coordinateur

Un appel à candidatures a été lancé pour le poste de coordinateur du Relais social urbain namurois. Un jury pluraliste statuera sur le choix. “Cela pourraêtre quelqu’un de niveau universitaire qui possède une expérience utile de cinq années minimum ou encore une personne graduée dans le domaine social justifiantd’une expérience utile de dix années minimum en matière d’action sociale, de gestion d’équipe et de coordination de projet, explique le présidentdu CPAS. La sélection devrait idéalement être clôturée pour la fin mai avec une entrée en fonction rapide.”

Le/la coordinateur/trice aura notamment pour mission “d’assurer la coordination du Relais et sa gestion comptable, de coordonner et d’initier des projets en matière delutte contre l’exclusion sociale, de travailler en synergie avec le CA du RSU, de représenter le Relais, de veiller au bon fonctionnement du réseau et jouer un rôle demédiation le cas échéant, de rechercher et trouver des sources de financement complémentaires…”.

Les dernières candidatures sont attendues pour le 10 mai à minuit6.

Conclusion

L’impatience est de mise. “Mais cela ne démarrera vraiment que lorsqu’il y aura un coordinateur à temps plein, pointe le président du CPAS. L’avantage à Namur estque le réseau social est dense et qu’il n’y a pas de doublons.” Notons encore qu’il est prévu de mettre sur pied un projet d’émancipation et d’insertionsocioprofessionnelle dans le milieu de la prostitution en collaboration avec l’Espace P.

Sur le terrain, Roberto Galante rappelle que “le Resto du cœur est déjà dans l’urgence sociale. De plus, ses horaires concordent avec ceux du RSU. Nous réalisonsdéjà tout un travail social : médiation de dettes, école de devoirs, aide juridique, logements supervisés… Nous avons aussi une ouverture vers la culture :activités au théâtre, article 27… Les gens sont dans la solitude. C’est une gangrène psychologique et le moindre problème s’amplifie rapidement. Il est importantqu’ils s’activent, qu’ils parlent. Par ailleurs, le resto du cœur est déjà impliqué à Liège et à Verviers, ce qui permet au RSU de s’appuyer sur despartenaires déjà actifs. Nous n’avons pas les moyens d’être amateurs. Il faut rendre les gens autonomes ou les renvoyer vers les bons partenaires.”

Pour sa part, Joël Schallenberg pointe la particularité du Centre de service social : “On peut être un partenaire avec l’AIS pour gérer les logements de transit.Mais il y a une différence : avec un propriétaire privé, on garantit le payement du loyer, mais quid dans le cas du logement de transit ? Il faut éviter que la personne nes’installe dans une situation définitive. Cela fait l’objet d’une réflexion en cours.”

Et Philippe Defeyt de conclure : “C’est un magnifique défi. Nous avons les moyens d’y arriver. Étant donné que le CPAS est impliqué, cela va faciliter les choses.Enfin, le fait d’avoir redynamiser les lieux de concertation est important.”

1. CPAS de la Ville de Namur, rue de Dave, 165 à 5100 Jambes –
tél. : 081 33 70 11 – courriel : cpas.namur@skynet.be.
2. Resto du cœur, rue d’Arquet, 3-7 à 5000 Namur – tél. : 081 22 53 23 –
fax : 081 22 47 85 – courriel : info@rdcn.be.
3. Centre de service social, rue Rupplémont, 20 à 5000 Namur –
tél. : 081 22 73 30 – courriel : centreservicesocialnamur@skynet.be

4. Le logement d’urgence : logement mis à disposition, contre rétribution d’un forfait journalier (7,80 euros par jour), à des personnes qui se trouvent dans unesituation de grande précarité.
• L’occupation de ces logements ne peut dépasser une période de 1 à 3 mois, renouvelable une fois.
• L’encadrement prévu pour ces logements est assuré par le travailleur social de référence.
5. Le logement de transit : logement réhabilité ou restructuré, destiné à l’hébergement temporaire de ménages en état deprécarité ou de ménages privés de logement pour des motifs de force majeure.
• L’occupation de ces logements ne peut dépasser une période de 6 mois, renouvelable une fois.
• La participation financière demandée est déterminée en fonction des revenus avec un plafond fixé à 20 % des revenus.
6. Les candidatures sont à adresser à Philippe Defeyt, président du Relais social urbain de Namur, rue de Dave 165 à 5100 Jambes ou par mail à : olivier.hissette@publilink.be.
Pour toute information supplémentaire : 081 33 73 01.

Baudouin Massart

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