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Le drame des « Mésanges » ravive le débat sur l’état du parc locatif social

Dans la nuit du 19 au 20 février, un incendie ravageait l’immeuble de logements sociaux « Les Mésanges », à Mons. Le bilan fut lourd : 7 morts, 23 personnesintoxiquées, sans compter le relogement en urgence des autres personnes. L’irresponsabilité des personnes ayant détérioré les systèmes d’alarme atout d’abord été dénoncée. Mais, il semble surtout aujourd’hui que la thèse de l’incendie criminel soit privilégiée.

01-08-2005 Alter Échos n° 137

Dans la nuit du 19 au 20 février, un incendie ravageait l’immeuble de logements sociaux « Les Mésanges », à Mons. Le bilan fut lourd : 7 morts, 23 personnesintoxiquées, sans compter le relogement en urgence des autres personnes. L’irresponsabilité des personnes ayant détérioré les systèmes d’alarme atout d’abord été dénoncée. Mais, il semble surtout aujourd’hui que la thèse de l’incendie criminel soit privilégiée.

N’empêche ! La vétusté et l’insécurité des logements sociaux sont manifestes. Aucune réglementation n’existe pour les immeubles anciensen matière de sécurité. Un retard important a été pris en matière de rénovation. Rien de nouveau dans tout cela.

Depuis quelques années, les ministres et administrations wallonne et bruxelloise du logement ont décidé de prendre les choses en main. La tâche apparaît toutefoisimmense et les budgets sont limités. La problématique de l’accompagnement social est également au cœur du débat.

Un révélateur des besoins

Le 26 février, une conférence de presse était organisée à l’initiative de Claude Durieux, président du Conseil d’administration de laSorelobo1, la société propriétaire de l’immeuble. Lors de celle-ci, Claude Durieux reconnaissait les problèmes des logements sociaux géréspar la Sorelobo : « La plupart des constats faits aujourd’hui avaient été mis en évidence par un audit commandé par le nouveau conseil d’administrationen place depuis 15 mois. » Sur la base de celui-ci, la société a pu dresser un constat social : « Les populations fragilisées attendent désormais beaucoup plusqu’une action de logement de la part d’une société telle que la Sorelobo. On réclame d’elle un suivi social voire psychologique des locataires qu’ellen’est pas toujours à même, humainement et financièrement, d’assumer entièrement. Ce travail, la Sorelobo ne peut le mener seule ! Ce n’estd’ailleurs pas son métier. L’entreprise nécessite un partenariat entre les acteurs publics locaux : sociétés de logement, Région wallonne, pouvoirslocaux et milieu associatif. »

Selon le président de la société, 32,5 millions d’euros seraient nécessaires pour remettre en état les 6 000 logements sociaux gérés par laSorelobo. Il estime cette opération irréalisable sans un refinancement du secteur. Il insiste sur l’inadéquation actuelle des grands ensembles : « Mais ledébat est complexe. Des pistes d’avenir sont certes à l’étude, tels le développement du logement mixte ou l’accès à lapropriété. La Sorelobo a concrétisé des investissements visant à intégrer le logement social dans le tissu urbain. Il s’agit du meilleur moyend’éviter toute forme de ghetto et d’assurer une intégration sociale. »

État des lieux régional et besoins

En Région wallonne, un vaste programme de réhabilitation du parc social locatif est en cours. Dans Le Soir du vendredi 21 février, le ministre wallon du Logement, MichelDaerden, déclarait avoir lancé une importante opération d’inventaire destinée à établir une cartographie précise de l’état deslieux des 100 000 logements sociaux wallons. D’après le ministre, cet inventaire devrait être clôturé sous peu. Selon lui, un milliard d’euros seraitnécessaire à la rénovation et la sécurisation de tous ces logements. Or, seuls 80 millions d’euros ont été budgétés en 2002.

En Région bruxelloise, un cadastre technique a été conçu pour dresser l’inventaire des besoins dans les logements sociaux. Cet outil a démontré que« l’état de nombreux logements sociaux à Bruxelles était très préoccupant », souligne Alain Hutchinson, secrétaire d’Étatbruxellois au Logement2. Ce dernier a également rappelé le plan quadriennal d’investissement 2002-2005 : 200 millions d’euros serviront à rénover 17000 logements sociaux bruxellois, sur les 38 000 existants. « Dans la sélection des projets, le gouvernement a mis l’accent sur la lutte contre l’insalubrité, ainsique sur la remise à niveau du parc qui présentait un danger en matière de sécurité (électricité, incendie, ascenseurs, chauffage, etc.) »,explique le secrétaire d’État. Par ailleurs, le Code du logement bruxellois3 fixera aussi des exigences de sécurité, de salubrité etd’équipements. Enfin, le 27 février, Alain Hutchinson et la SLRB ont pris diverses mesures préventives : faire inspecter chaque immeuble social par le Service bruxellois delutte contre l’incendie (Siamu) ; faire désigner par les sociétés un responsable par immeuble, qui sera chargé de contrôler la présence et le bonfonctionnement des équipements de sécurité ; donner une formation Siamu à ces personnes responsables ; et faire équiper chacun des 38 000 logements sociauxd’un détecteur de fumée.

1. Société régionale du logement du Borinage – Sorelobo, place du Chapitre, 2 à 7000 Mons, tél. : 065 40 18 40, fax : 065 34 84 05.
2. Cabinet d’Alain Hutchinson, bd du Régent, 21-23 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 506 34 11, fax : 02 511 88 59, site : http://www.hutchinson.irisnet.be
3. Le Code a été adopté en 3e lecture par le gouvernement bruxellois ce 20 février 2003. À cette occasion, le gouvernement a décidé d’examinerla fixation d’obligations adaptées en matière d’équipement, de détection et de lutte contre les incendies.

Baudouin Massart

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