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Regard critique · Justice sociale

« Faire ville(s) » : pour une nouvelle approche urbaine

Le 23 juin, le centre de recherches urbaines de la VUB Cosmopolis1 organisait une journée d’étude sur le thème « Faire ville(s)». Cette rencontremultilingue visait non pas à présenter des résultats de recherche sur la Cité, mais des trajectoires et des recherches en cours. Deux d’entre elles ont retenu notreattention.

24-08-2006 Alter Échos n° 212

Le 23 juin, le centre de recherches urbaines de la VUB Cosmopolis1 organisait une journée d’étude sur le thème « Faire ville(s)». Cette rencontremultilingue visait non pas à présenter des résultats de recherche sur la Cité, mais des trajectoires et des recherches en cours. Deux d’entre elles ont retenu notreattention.

D’entrée de jeu, Eric Corijn, directeur de Cosmopolis, pointe la ville comme objet d’étude. « Nous ne l’acceptons pas comme ‘donnée’, comme un objet d’étudedéjà construit par les institutions ou par les disciplines scientifiques », explique-t-il, d’autant plus que « pour une bonne part, notre objet est Bruxelles, une villetellement mal représentée par ses institutions ou par ses discours. » Tout l’enjeu est de « capter le devenir de la ville, la ville en formation. »
Il ajoute : « Une société urbaine est plutôt une destinée commune, un projet basé sur la différence et la mixité, sur l’interaction dedifférents, sur l’hybride et le métissage, sur l’interaction. Faire une ville est autre chose que faire un pays. Faire un pays est rechercher l’homogénéité, faireune ville est renouer des différences. Ainsi nous pensons la ville et l’urbanité comme société postnationale (…) Cette société devra réinventer larégulation démocratique, réinventer le politique. »

Réorganiser les espaces sociaux

Dans cette logique, Stefan De Corte, géographe social, s’interroge sur Bruxelles en quartiers comme nouveau modèle de ville. Cette recherche sur un monitoring des quartiersest portée par un consortium regroupant la KUL, l’UCL, l’ULB et la VUB, et réalisée pour le compte du SRDU (Secrétariat régional au développementurbain)2. Il servira « d’outil de connaissance, de suivi urbain, en matière de cohésion socio-spatiale, en vue de donner une image transversale des quartiersbruxellois, tant dans leur évolution propre que comparative » ; « d’outil d’aide à la décision » qui « mettra en lumière les écarts dedéveloppement social, économique et urbain entre les quartiers ainsi que les zones de concentration des difficultés, qui justifient la mobilisation de la solidaritéintrarégionale » ; et enfin d’outil de suivi dans le temps, mis à jour périodiquement.
Les thématiques traitées par ce monitoring des quartiers seront les suivantes : « démographie (densité, âge, nationalité, ménages, etc.) ; social(santé, éducation, etc.) ; économie (chômage, emploi, revenus, activité, etc.), logement et immobilier (état du bâti, statut de l’occupant, prix,etc.) ; cadre de vie et accessibilité (équipements, espaces verts, motorisation et transports publics, etc.) ». Actuellement, 105 quartiers ont étéidentifiés, regroupant en moyenne chacun 10 000 habitants. Quarante de ces quartiers sont situés sur deux ou plusieurs communes. Ce qui n’est pas sans poser certains problèmes entermes de possibilité d’intervention.

Participation et négociation

La recherche d’Isabelle Doucet, architecte, s’intéresse justement aux frontières qui ajoutent de la complexité en termes de négociations et de connexions. Trop souvent,constate-t-elle, les frontières intra-urbaines sont perçues comme des problèmes devant être résolus par la démolition. Pour elle, il est temps de repenser ladéfinition de frontière vue comme une division, une fracture ou un lieu de conflit. Ce lieu doit devenir un espace pour la négociation, les tensions et « l’in(ter)vention» tout simplement parce que des personnes vivent dans ces endroits. Au cours des années 1950 et suivantes, les processus de négociation urbaine étaient rendus possiblesparce que des associations de citoyens et d’experts se regroupaient. Aujourd’hui, les négociations sont formalisées, et les experts se sont émancipés, ce qui créeune fracture avec les citoyens. D’où la nécessité de repenser la négociation, entre autres en formant et en accompagnant les acteurs.

À suivre donc

D’autres contributions et interventions ont suivi. Cette mise en bouche donne toutefois déjà envie de connaître les résultats finaux des différentes étudesen cours, et notamment de celle qui se penche sur « la stigmatisation de Bruxelles comme capitale de l’Europe »…

1. Cosmopolis, VUB, Geografisch Instituut, bâtiment F, local 6F332 – bd de la Plaine 2 à 1050 Bruxelles –tél. : 02 629 33 79 – fax : 02 629 33 78 – courriel : cosmopolis@vub.ac.be

2. SRDU, bd Adolphe Max 13-17 bte 4 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 500 36 36 – fax : 02 500 36 39

Baudouin Massart

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