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La Toison d'Or fixée sur son sort

Chancre, lieu d’animation commerciale, réceptacle d’une œuvre d’art, projets urbanistiques qui se succèdent… Quid maintenant de l’avenir del’avenue de la Toison d’Or ?

13-02-2009 Alter Échos n° 267

Chancre, lieu d’animation commerciale, réceptacle d’une œuvre d’art, projets urbanistiques qui se succèdent… Quid maintenant de l’avenir del’avenue de la Toison d’Or, une des artères les plus courues de la capitale ?

Début février, dès l’aube d’une froide matinée, la sculpture éphémère Cityscape qui enjolivait un chancre sur la Toison d’Orcommençait à être démontée. C’est que le projet mené par le propriétaire Prowinko1 avance. « Le PPAS a étépublié au Moniteur en janvier. Sur cette base, nous allons introduire une demande de permis de bâtir », nous explique Jan Van Heuverswyn, porte-parole de Prowinko enBelgique, le promoteur propriétaire des lieux.

Lors de l’élaboration du PPAS, le débat fut vif. L’Arau2 y a pris part. « Certains gabarits ont été revus à la baisse. Mais dansl’ensemble, cela reste un mauvais plan », soutient Isabelle Pauthier, directrice de l’Arau. Pourquoi ? Outre les gabarits excessifs, elle adresse deux critiques essentielles auprojet. « La part affectée au logement est uniquement située à l’arrière. Ensuite, le volet commercial est trop important. Il a grandi au fil des projetsdepuis Heron I où il était de 6 000 m² pour atteindre 14 000 m² dans celui-ci », décrit l’urbaniste.

De son côté, la commune défend son PPAS. « Les gabarits sont des normes maximales. Il fallait de la mixité de fonctions et il y en aura.L’attractivité commerciale coexistera avec le logement. Nous insistons pour que le logement soit bien intégré dans le projet, notamment par l’existenced’entrées multiples tous les vingt mètres », précise Nathalie Gilson, échevine de l’Urbanisme.

La Région n’a pas bloqué. « Le consensus politique est une réalité autour de ce dossier. La commune doit absolument éliminer ce chancretrès visible et la Région espère une redynamisation commerciale du haut de la Ville à partir de ce projet », constate Isabelle Pauthier.

Les derniers enjeux

Comment le dossier va-t-il évoluer ? Première décision importante : la désignation d’un architecte. « L’occasion est belle d’organiser unconcours qui déboucherait sur une exposition des projets et un débat public », espérait la directrice de l’Arau il y a encore quelques semaines. Occasionratée. Le promoteur vient de désigner l’auteur de projet sans concours. « Il s’agit d’un architecte néo-zélandais basé à Paris :Brendan Mc Farlane. Il s’agit d’une personne assez originale. Il a été sélectionné sur sa bonne réputation. Le PPAS ne lui laisse pas beaucoup de margepour s’exprimer », annonce Jan Van Heuverswyn. Pour Nathalie Gilson, le choix revenait au promoteur. « J’aurais souhaité un concours mais le promoteur a choisi uneautre voie. Brendan Mc Farlane s’est occupé de la réhabilitation des quais de la Seine à Paris avec un certain succès », souligne-t-elle.

Les abords du site font également débat. « La commune est propriétaire de plusieurs maisons à la rue de Stassart, qu’elle envisage de démolir alorsqu’elle pourrait en faire du logement », dénonce l’association urbanistique. « Faux. Malgré le mauvais état, nous ne voulons pas démolir. Lecollège se prononcera sous peu en ce sens », se défend l’échevine.

Reste un débat essentiel : comment vont se répartir les affectations ? « Les surfaces commerciales sont prévues pour accueillir du 100 % textile. Ce modèleéconomique de surconsommation est en fin de course. On ne donne aucune spécificité à ce quartier », estime la spécialiste en urbanisme.L’échevine n’est pas d’accord. « Avec la Fnac qui va arriver dans les galeries, on peut vraiment espérer disposer de la locomotive nécessaire »,rétorque Nathalie Gilson. Prowinko a sa propre approche. « L’offre commerciale évolue vers la recherche de plus grands espaces même pour les grandes marques et pourd’autres produits que le textile. Les espaces de dimension ont de l’avenir dans la diversité ». Exemple ? La boutique Kenzo a Paris s’étend sur quatreétages et présente textile, maroquinerie, parfum, salon de détente, coiffée d’un bar et d’un restaurant branché. Ce scénario ne convainc pasl’Arau. « La crise montre que l’économie est vulnérable. Que fera-t-on de ces espaces si le modèle s’effondre », conclut Isabelle Pauthier. Quandl’urbanisme fait débat avec la mondialisation…

1. Prowinko SA :
– adresse : rue des Quatre Bras, 6, b6 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 469 15 13
– courriel : info@prowinko.be
– site : www.prowinko.be.
2. Arau :
– adresse : bd Adolphe Max, 55 à 1000 Bruxelles
– tél : 02 219 33 45
– courriel : info@arau.org
– site : www.arau.org.

Jacques Remacle

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