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Regard critique · Justice sociale

À l’approche du sommet du Conseil européen de Barcelone, les 15 et 16 mars 2002, la Commission européenne rend ses devoirs de printemps. Elle vient d’adopter unrapport de synthèse intitulé « La stratégie de Lisbonne : réussir le changement »1. Les progrès réalisés dans la mise en œuvre de lastratégie de Lisbonne y sont mis en exergue et la Commission se montre optimiste – voire autosatisfaite – quant à la réalisation effective des objectifs fixés.Mais l’Union européenne n’en doit pas moins créer 20 millions de nouveaux emplois, dont plus de la moitié pour les femmes et 5 millions pour les travailleursâgés. Pour réaliser des avancées significatives en 2002, trois domaines prioritaires sont privilégiés :
> l’emploi et particulièrement la promotion des politiques actives ;
> les industries de réseau et l’intégration des marchés financiers ;
> l’investissement dans la connaissance, que ce soit l’éducation, la recherche et le développement, l’innovation et les nouvelles technologies.
Élément nouveau, un objectif en matière de garde d’enfants est proposé dans le chapitre emploi : il s’agit de rendre les structures de garde disponibles pourau moins 90% des enfants ayant de trois ans à l’âge de la scolarité obligatoire, et pour au moins 33% des enfants de moins de trois ans. Un chapitre sur lequel le réseauEAPN pose ses exigences: « Les structures de garde d’enfants doivent prendre en compte le bien-être à la fois des parents et des enfants. L’accès à desstructures de garde de qualité et abordables doit être considéré – en tant que tel – comme un objectif pour les enfants eux-mêmes ». EAPN regrette aupassage que la question de l’accueil extrascolaire ne soit pas abordée.
D’autres objectifs comme celui de la cohésion sociale sont également ciblés dans le rapport de synthèse de la Commission qui fixe comme objectif pour 2010 uneréduction de moitié du nombre de personnes menacées par la pauvreté dans toute l’Union européenne2. Mais pour EAPN, il ne faut pas oublier la grande pauvreté »si l’objectif proposé est retenu par le Conseil, il faudrait alors qu’il soit accompagné d’un autre objectif chiffré qui concernerait la population en dessousdu seuil de 40% du revenu médian, c’est-à-dire la population en situation de grande pauvreté. En 1997, cela concernait 7% de la population dans l’Europe des Quinze.Il faudrait viser à l’horizon 2010 une moyenne de 2%, qui est la moyenne des trois meilleurs pays en 1997 (le Danemark, la Finlande et l’Irlande) ». Reste à rendre cetobjectif opérationnel. D’après la Commission, les États membres seront invités à indiquer dans leur plan d’action biennal contre la pauvreté etl’exclusion sociale comment ils entendent contribuer à sa réalisation.
Accroître le taux d’activité
Dans un autre rapport intitulé  » Vers l’accroissement de la participation au marché du travail et la promotion du vieillissement actif « 3, la Commission propose aux Quinze ledéveloppement d’actions prioritaires pour accroître le taux d’activité et prolonger la vie active autour :
> d’initiatives visant à la formation des travailleurs en entreprise et à l’amélioration des conditions de travail pour améliorer la participation desfemmes et des travailleurs expérimentés ;
> d’une révision ciblée des systèmes d’imposition et d’allocation dans l’esprit d’un prolongement de la carrière ;
> d’une action déterminée contre les disparités de rémunération et d’accès au marché du travail entre les sexes ;
> d’un encouragement à la participation des personnes assumant des responsabilités familiales ;
> d’un renforcement des efforts destinés à réduire les taux d’abandon scolaire.
En conclusion, la Commission en appelle à des changements fondamentaux dans les attitudes des entreprises et des systèmes éducatifs quant aux discriminations observées surle marché du travail. Un problème qui n’est pas neuf mais sur lequel une mobilisation générale n’a jamais été acquise jusqu’àprésent. Premier pas à Barcelone ?
1 Voir le document COM(2002)14 final qui est disponible sur le site : http://europa.eu.int/prelex
2 7% de la population européenne vit en dessous du seuil de pauvreté, avec de grandes disparités observées au sein des États membres.
3 Document de référence : COM(2002)9 final du 24/01/2002. Le texte est également accessible sur le site web repris ci-dessus.

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