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La politique des grandes villes dans le flou

Les communes wallonnes se rongent les sangs. À cause de la chute du gouvernement, les contrats conclus dans le cadre de la politique des grandes villes ne sont prolongés que jusqu’au1er juillet.

06-06-2010 Alter Échos n° 296

À cause de la chute du gouvernement, les contrats conclus dans le cadre de la politique des grandes villes ne sont prolongés que jusqu’au 1er juillet. Dans ce climatd’incertitude sur fond communautaire, le ministre Michel Daerden (PS) se veut rassurant.

L’horizon s’annonçait dégagé jusqu’à la fin 2011 pour la politique des grandes villes. Le Conseil des ministres avait réservé les budgets pour ce faire :67 millions d’euros sonnants et trébuchants pour 2010 et 2011. Coup de théâtre trois semaines avant de renouveler les contrats, le gouvernement annonce qu’ils ne seront pasprolongés au-delà du 30 juin. La suite des opérations attendra la formation du prochain gouvernement, que l’on espère rapide.

Pour l’Union des villes et commune de Wallonie (UVCW)1, le brouillard est complet : « Les communes ont engagé du personnel, des investissements, préparédes plannings d’activités. Du jour au lendemain, on se retrouve dans l’incertitude. Si certaines communes ont les moyens de garantir les engagements des travailleurs sociaux sur fonds propres,d’autres risquent de devoir donner des préavis dans les semaines à venir en espérant pouvoir peut-être réengager le personnel en août. Et je ne répondspas des conséquences dans les quartiers », s’inquiète Jacques Gobert, président de UVCW. L’homme, en colère, n’a qu’un mot pour qualifier l’attitude du gouvernement: « Trahison ! »

Durablement précaire

Au cabinet de Michel Daerden, ministre fédéral des Pensions et de la Politique des grandes villes, on comprend mal cette inquiétude. « Les villes ne doivent pass’inquiéter. Les 67 millions ont été inscrits au budget et il n’y a aucune raison pour que le prochain gouvernement ne s’y tienne pas », insiste son porte-parole,Jérémy Demeyer. Avant de s’attarder sur quelques détails plus techniques : « Les avenants 2010 des contrats sont bien passés en conseil des ministres. Mais, comme legouvernement est en affaires courantes, il a été décidé qu’ils ne peuvent être liquidés que pour six mois, soit jusqu’au 30 juin. Lors d’un second conseil desministres ce vendredi 28 mai, nous avons toutefois fait ajouter « dans un premier temps ». » Nuance qui, pour le porte-parole, a toute son importance.

Au-delà du cas qui nous occupe ici, l’UVCW rappelle que cette politique fédérale a déjà connu de récurrentes incertitudes par le passé. Pourrappel, elle a été initiée en 2000 dans le souci notamment de mettre fin aux situations d’insécurité vécues dans certains quartiers. D’une réponseponctuelle à des problèmes urgents, elle s’est peu à peu orientée vers des projets à plus long terme, incluant les notions de développement durable et decohésion sociale. Mais les subsides font toujours l’objet de négociations régulières. « Comment peut-on construire une politique durable dans ce contexte», s’interroge le président de l’UVCW ?

Le communautaire, encore et toujours

Pour Jacques Gobert, il est évident que la décision du gouvernement dépasse une simple histoire d’affaires courantes. À l’origine de ce blocage, on retrouvel’Open VLD, le même parti qui a fait tomber le gouvernement. « C’est une surenchère purement communautaire à la veille des élections. Les partis flamandsveulent mettre la pression pour faire passer la régionalisation de la Politique des grandes villes. Je trouve intolérable que, par calcul politique, on prenne en otage les citoyens, laville, les travailleurs. »

La régionalisation de la politique des grandes villes figure de longue date au menu des négociations. L’accord du 11 mars 2008 précisait déjà que «l’exécution des contrats des grandes villes sera assurée, le cas échéant par leur transfert aux Régions avec les moyens actuels ». Au cabinet Daerden,on ne nie d’ailleurs pas que la politique des grandes villes puisse faire partie de la prochaine grande réforme de l’état. La question est plutôt de savoir comment.

Pour la Région wallonne, cela ne peut se faire sans contrepartie. « À l’UVCW, nous ne sommes pas contre la régionalisation, mais à condition qu’il y ait untransfert des moyens du fédéral vers le régional. Du côté flamand, ils disent qu’on peut régionaliser sans transfert, qu’ils n’ont pas besoin de l’argent», résume le président de l’UVCW.

1. Union des villes et communes de Wallonie :
– adresse : rue de l’Étoile, 14 à 5000 Namur
– tél. : 081 24 06 11
– courriel : commune@uvcw.be
– site : www.uvcw.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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