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Regard critique · Justice sociale

Migrations

La politique d'asile en dix-sept préjugés

Le Ciré publie un document pour déconstruire quelques idées reçues véhiculées lors de la crise d’accueil des demandeurs d’asile.

19-03-2011 Alter Échos n° 312

La crise à Fedasil a véhiculé son lot de clichés au sujet des demandeurs d’asile, et plus largement des personnes étrangères, constate leCiré. Qui réagit en publiant un document pour déconstruire quelques idées reçues.

« Les demandeurs d’asile profitent des astreintes », « trop de personnes sont prises en charge alors qu’elles n’ont plus droit àl’accueil », « la Belgique est trop laxiste en matière de regroupement familial », etc. La crise à Fedasil, qui a commencé en 2009, sembleavoir alimenté bon nombre de fantasmes. Lassé d’entendre parler d’afflux massif et de vagues migratoires, le Ciré1 a décidé de remettre les pendulesà l’heure. Sur le mode « info ou intox », l’association publie un document qui déconstruit, chiffres à l’appui, des affirmations répandues àpropos des politiques d’asile et de séjour2.

« Une affirmation couramment entendue ces derniers mois, c’est que la Belgique subit un afflux massif et incontrôlable de demandeurs d’asile », déploreFrédérique Mawet, directrice du Ciré. Les images fortes des Afghans qui ont établi leur campement de fortune dans la gare du Nord au plus froid de l’hiver ont visiblementmarqué les esprits.« Mais la seule différence, c’est que les demandeurs d’asile qui étaient invisibles, parce qu’hébergés dans des centres ou desinitiatives locales d’accueil, ont désormais été rendus visibles avec la crise de l’accueil », fait-on valoir au Ciré.

Les chiffres du Commissariat aux réfugiés et apatrides (CGRA) indiquent 19.941 demandes en 2010. Cela représente une augmentation importante par rapport aux annéesprécédentes, marquées au contraire par une diminution des demandes. Si on examine les chiffres à la lueur des dix ou vingt dernières années, on constatetoutefois que les fluctuations sont plutôt choses courantes. Avec, aux deux extrêmes, 42.691 dossiers enregistrés en 2000 et 11.115 en 2007.

Work in progress

Parmi les autres arguments démontés par le Ciré, on trouve l’assertion selon laquelle « la Belgique accorde trop généreusement le statut deréfugié ». En 2010, 20 à 25 % des demandeurs d’asile seulement ont obtenu un statut de protection de la Belgique, rappelle le Ciré. Qui s’en prend aussià l’idée selon laquelle « les demandeurs d’asile abusent de la procédure d’accueil ». « La majorité des demandeurs d’asile qui arrivent cheznous, souligne Frédérique Mawet, sont des Afghans, des Irakiens, des Roms kosovars, des Tchétchènes et des Guinéens. Ils ont donc à priori de bonnes raisonsde venir, qui n’ont rien à voir avec de la migration économique », juge-t-elle.

Le livret, publié par le Ciré sur son site Internet, s’attaque en tout et pour tout à dix-sept assertions trop souvent entendues dans les médias ou dans la bouche deshommes politiques. Centré surtout sur la crise de l’accueil, il est amené à s’étoffer de chapitres plus généraux sur les questions de migrations.« Nous sortons de la crise d’accueil qui a vu une profusion de prises de parole politique, de réactions citoyennes, que ce soit sur les forums ou dans les émissions detélé, d’intervention des médias, basées sur des affirmation tronquées. Nous avons voulu replacer les choses dans leur contexte, explique la directrice duCiré. Mais il y a aussi beaucoup à dire sur la façon dont on traite la question de la migration en général ».

Un bémol. Avec ce titre prometteur, « déconstruction d’une manipulation de l’information », on aurait pu s’attendre à une analyse en bonne etdue forme du discours politique et médiatique. En vérité, ce travail tient plus de l’argumentaire que de la démarche scientifique. Dommage !

1. Ciré :
– adresse : rue du Vivier, 80/82 à 1050 Bruxelles
– tél. : 02 629 77 10
– courriel : cire@cire.be
– site : www.cire.be
2. A télécharger sur www.cire.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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