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La Flandre se fait son « plan Marshall »

C’est la date symbolique du 11 juillet qui a été choisie par le gouvernement flamand pour la présentation de son plan « La Flandre en action ». Un plan copieux (près de200 pages) qui expose les perspectives socio-économiques de l’équipe d’Yves Leterme pour sa Région, mais qui reprend pour l’essentiel des projets déjà connus, voiredéjà en chantier. Les mesures réellement nouvelles concernent notamment les soins de santé et… le tourisme.
Les réactions à ce texte partent, elles aussi, en sens divers.

24-08-2006 Alter Échos n° 212

C’est la date symbolique du 11 juillet qui a été choisie par le gouvernement flamand pour la présentation de son plan « La Flandre en action ». Un plan copieux (près de200 pages) qui expose les perspectives socio-économiques de l’équipe d’Yves Leterme pour sa Région, mais qui reprend pour l’essentiel des projets déjà connus, voiredéjà en chantier. Les mesures réellement nouvelles concernent notamment les soins de santé et… le tourisme.
Les réactions à ce texte partent, elles aussi, en sens divers.

Avoir en point de mire les plus performantes des régions d’Europe (l’Irlande, la Catalogne ou encore la Bavière) et non plus la moyenne ou… la Wallonie, c’est l’objectifdéclaré de l’exécutif flamand. Le texte reflète les divisions de la coalition de cinq partis au pouvoir, voire même certaines réticences. Initialement, ilétait d’ailleurs annoncé pour janvier dernier, et a dû être reporté.

Formellement, le plan comporte quatre volets : la promotion des talents, la créativité et l’esprit d’entreprise, la Flandre comme Porte sur l’Europe, et enfin la modernisation del’administration. Mais c’est bel et bien la partie sur l’innovation qui se taille la part du lion. Ainsi, partant du constat que « l’expertise flamande en matière de soins de santé estl’une des meilleures du monde », le gouvernement flamand propose de créer une plate-forme pour regrouper toutes les compétences en la matière en vue de les exporter. Celle-ciregrouperait des institutions d’enseignement, l’institut flamand de biotechnologie, le centre inter-universitaire de microélectronique, mais aussi différents acteurs de l’industriepharmaceutique et du secteur des soins de santé.

Peu de mesures neuves

L’équipe d’Yves Leterme propose également des initiatives pour les secteurs du tourisme (créer un pôle d’attraction autour du thème du Tour des Flandres cycliste,et un autre autour des lieux de mémoire de la Première Guerre mondiale) ou des technologies de l’information, à travers le projet « Vlaanderen i-2010 ». Mais, pour l’essentiel, leplan reprend des objectifs et des projets déjà existants, comme les « winwin-leningen » : conditions favorables pour des emprunts auprès de la famille ou des amis pour desentrepreneurs débutants ou le « Business Angel Network », qui vise à rapprocher entrepreneurs en quête de fonds des investisseurs privés. Et les propositions nouvelles selimitent souvent à proposer l’organisation de journées d’études ou de symposiums : sur l’entrepreneuriat durable et éthique et socialement responsable, ou encore lacollaboration intervilles, par exemple.

En ce qui concerne le marché de l’emploi, le projet reprend une série de mesures déjà présentées en mai et destinées à promouvoirl’égalité des chances. Elles concernent notamment l’accompagnement des jeunes demandeurs d’emploi et des primes à l’embauche des plus de 50 ans. Mais la création d’uncentre d’expertise Age et emploi (« Leeftijd en Werk »), qui planchera sur l’adaptation des politiques du personnel à cette problématique, est également annoncée. Legouvernement flamand veut également mieux concilier travail et vie de famille, pour éviter à l’avenir le burn-out de beaucoup de quinquagénaires actuels. Quatorzeprojets pilotes seront lancés, dont certains concernent le « coaching » des plus jeunes par les plus anciens.

Le débat sur la responsabilité des entreprises est éludé

Suite à sa présentation, « La Flandre en action » a suscité des commentaires en sens divers, y compris quelques réactions plutôt mitigées en provenance de lacoalition au pouvoir. Ainsi, Bert Anciaux (ministre de la Culture et des Sports – Spirit) a estimé que la Flandre avait besoin de bien davantage et que ce projet ne constituait qu’un aspect dela politique à mener. Pour lui, « notre communauté a autant sinon plus besoin d’incitants en matière de coexistence multiculturelle ». Pour la présidente de Groen!, VeraDua, « l’accent est mis sur les nouveaux investissements : du béton, des routes et de l’expansion économique. Mais tout cela ne garantit pas davantage de bien-être. »Côté patronal, le Voka, par la voix de son administrateur délégué Philippe Muyters s’est montré le plus enthousiaste. Il s’est déclaréprêt à engager des moyens sur la réalisation de ce plan, et envisage d’engager quatre personnes supplémentaires (sic). Le directeur général d’Agoria Flandreest lui beaucoup moins positif. Il trouve que le texte présenté est surtout un catalogue de bonnes intentions « où le mot industrie n’apparaît pratiquement pas ».

Enfin, du côté de la FGTB et de la CSC, si l’on se réjouit « de ce que le gouvernement parte des atouts socio-économiques de la région et non d’une simple histoirede coûts », on s’étonne par contre de ce que « le débat sur la responsabilité des entreprises soit totalement éludé ».

D’après De Morgen et De Standaard

Pierre Gilissen

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