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L’asbl « Histoire collective » travaille à légitimer la parole des migrants en province de Luxembourg

Basée à Rossignol, dans la province de Luxembourg, l’asbl « Histoire collective »1 développe depuis juin 2001 un projet de recherche sur lesmigrations humaines. Intitulé « Moi Migrant », il consiste à collecter, transcrire et restituer la parole de toute personne s’estimant migrante et vivant en provincede Luxembourg : travailleurs et ex-travailleurs d’origine étrangère, demandeurs d’asile, conjoints de mariage mixte, gens du voyage, résidents de camping, militairesrapatriés d’Allemagne, néerlandophones installés dans la province, travailleurs frontaliers…

01-08-2005 Alter Échos n° 191

Basée à Rossignol, dans la province de Luxembourg, l’asbl « Histoire collective »1 développe depuis juin 2001 un projet de recherche sur lesmigrations humaines. Intitulé « Moi Migrant », il consiste à collecter, transcrire et restituer la parole de toute personne s’estimant migrante et vivant en provincede Luxembourg : travailleurs et ex-travailleurs d’origine étrangère, demandeurs d’asile, conjoints de mariage mixte, gens du voyage, résidents de camping, militairesrapatriés d’Allemagne, néerlandophones installés dans la province, travailleurs frontaliers…

Un double enjeu

Forte d’une longue expérience, qui a débuté dans les années 70 sous l’impulsion du fondateur de l’association (Jean-Marie Caprasse, àl’époque formateur d’adultes à l’ISCO2), l’asbl utilise la méthode de recherche des « récits de vie ». Le principe consisteà récolter la parole des personnes dans le but de la légitimer, de lui donner un poids et de la restituer ensuite à leurs auteurs sous la forme d’un livre ou sur unautre support3. « Les récits de vie » situent l’histoire individuelle dans un contexte collectif.

Selon Jacqueline Daloze, responsable du projet à Rossignol : « La méthode de recherche des récits de vie demande du temps. Recueillir la parole des migrants, au lieu deparler « sur » les migrants, est un travail rarement effectué. Écouter la parole du migrant lui permet de renouer avec sa trajectoire… La recherche présente un double enjeucar la reconnaissance de la composante migratoire dans la démographie est une condition sine qua non de la vitalité de la province de Luxembourg, qui a tendance à souffrird’immobilisme et de sclérose. Les villages ne peuvent que s’enrichir en acceptant les migrants ».

Un partenariat international

Le Centre de documentation sur les Migrations humaines de Dudelange (grand-duché de Luxembourg) a proposé à l’asbl de travailler en partenariat sur une rechercheeuropéenne (Interreg III A) menée avec le service d’anthropologie de l’université de Metz et intitulée « Relations interculturelles et dynamiquesidentitaires », une étude sur les transmissions culturelles et les types d’acculturation dans les familles issues de l’immigration.

L’objet de l’étude porte sur trois générations de migrants (y compris le primo-arrivant) d’une communauté implantée depuis longtemps : lacommunauté italienne présente dans les trois régions étudiées. Quant à la communauté turque, la plus représentée en province deLuxembourg parmi les migrants récents non réfugiés, elle est étudiée par les équipes belge et française. La communauté portugaise fortementreprésentée au Grand-Duché est, elle, étudiée par l’équipe de Dudelange et l’équipe française.

Des écueils

Cependant, Jacqueline Daloze ne cache pas les obstacles de taille qui se dressent sur la route de l’asbl car le projet n’est plus porté que par une travailleuse sous contrat etune enquêteuse free-lance (au lieu de quatre contractuels). Par ailleurs, les pouvoirs subsidiants (Division de l’action sociale et des immigrés de la RW et le serviced’Éducation permanente de la CF) se renvoient la balle, le projet étant considéré soit comme trop culturel, soit comme trop social. Dans ce contextefragilisé, les subventions européennes tardives mettent encore un peu plus le projet en péril.

1.Histoire collective, rue Camille Joset, 1 à 6730 Rossignol – tél. :063/41 15 96 –mail : moimigrant@skynet.be – contact : Jacqueline Daloze. Deux autres asbl, le Centre d’animation globale du Luxembourg et ProjetsLuxembourg, sont également porteuses du projet.

2. Institut Supérieur de Culture Ouvrière (formation pour adultes initiée par le MOC)
3. Parmi les nombreuses publications de l’asbl : « Si Gènes m’était conté », 1983, (à l’occasion du centenaire de l’école duvillage), « Des gens d’ici racontent. Douze villages entre Famenne et Condroz », « L’histoire est à nous. Enquêtes sur la mémoire collective dans leLuxembourg. 1975-2005 » direction : J.-M. Caprasse (à paraître),
4. Pour servir de fil rouge à l’enquête, un bulletin de liaison rend compte régulièrement de l’état du projet, et offre des articles de réflexion,des bibliographies etc.

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