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Regard critique · Justice sociale

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« L’asbl 143 service DECO à Nivelles : écouter et défendre les chômeurs »

12-04-1999 Alter Échos n° 50

L’asbl 143 service DECO 1 fêtait ce lundi 29 mars ses 15 ans d’existence. «143» en référence à l’art 143 (devenu art. 80) qui suspendait le droit auxallocations de chômage aux chômeurs de longue durée. Service DECO pour «Défense économique des consommateurs». L’asbl s’est créée en 1984sous l’impulsion des militants CSC sans-emploi du Brabant wallon, déjà actifs au sein d’un comité, le Comité des Travailleurs sans emploi (TSE) 2. Et pour marquerl’événement, ces derniers ont invité leurs homologues de Mons-La Louvière à présenter leur pièce de théâtre: «Pointe toujours, tum’intéresses». Une demi-heure grinçante pour relever les incohérences des réglementations, les regards dédaigneux, les préjugés, leshumiliations … pour interpeller les syndicats, que les acteurs n’épargnent pas. Avec un cri : «J’ai bien le droit de vivre aussi, non ?». C’est ce droit à vivre et nonà survivre que défend l’équipe du Service DECO … qui, voulant aller au-delà du simple numéro de dossier, parvient à mettre un visage derrière lessanctions, annonce en ouverture de la fête, Manuel Fernandez, responsable depuis trois ans de ce projet.
Au début des années 80, c’étaient surtout des préoccupations économiques dont il était question, la perte de l’emploi entraînant une diminution duniveau de vie. Aujourd’hui, explique Hélène Humblet, membre de l’équipe de Service DECO, il faudrait ajouter un S pour «Défense économique et sociale desconsommateurs». Les quatre travailleurs sociaux de l’équipe sont confrontés à des problèmes d’exclusion du chômage, de santé, de dépression,d’alcoolisme et de surendettement. Ils prennent «toutes les balles au bond», même des questions d’humidité dans une maison. Ce qui les a amenés à constituerautour d’eux un réseau de professionnels ressources. Quand les gens s’effondrent devant moi, témoigne Rita Van Houtte, il y a très souvent un problème financieren-dessous. «Et au début, je n’osais pas demander si la personne avait d’autres dettes». L’asbl assure la défense et le recours des chômeurs 3 (qu’ils soient ou nonaffiliés à la CSC, même si ce service lui est rattaché) contre l’ONEm, offre un accompagnement social et fiscal, tente de résoudre des problèmes de logement,règle des dossiers d’endettement (auprès de Belgacom, Sedilec, la Société des eaux, …). Les crédits à la consommation sont traités avec le guichetsocial et SOS Surendettement.
Travail curatif, pour l’essentiel, via des permanences assurées un jour par semaine à Nivelles, Tubize, Wavre et Braine-l’Alleud. Le volet éducation permanente prend la formed’animations qui abordent la suspension des droits au chômage (art . 80), les règles d’or pour éviter le surendettement et les sanctions de l’ONEm, le devoir de se rendredisponible à l’emploi ou tout autre thème, à la demande. Certaines personnes, surtout des jeunes et des femmes, reprennent une formation (mais sont une minorité). D’autresvont rejoindre le Comité des TSE. Pour beaucoup, le soutien du service leur permet de remettre de l’ordre dans leur situation.
Sont en projet :
n une collaboration avec l’asbl Sovalue 4 pour un atelier de recherche d’emploi (mais ne concerne que les nouveaux demandeurs d’emploi);
n la création d’un dossier recherche emploi à présenter à la CAN 5 (les gens ne gardent pas les traces de leurs démarches d’emploi);
n viser l’agrément Région wallonne pour assurer les permanences de surendettement (module de formation de 30 heures, déjà opérationnel, auquel adjoindre lesservices d’un juriste).
1 143 Service DECO, Manuel Fernandez, rue des Canonniers 14 à 1400 Nivelles, tél. : 067/88 46 34.
2 Les Comités des TSE de la CSC wallonne et bruxelloise revendiquent un certain nombre de droits. Pour répondre à l’une de leurs revendications, le gouvernement adécidé d’étendre le statut «VIPO» aux chômeurs âgés de 50 ans au moins. La mesure ne concerne que les chômeurs complets ayant au moins un ande chômage. Elle devrait entrer en vigueur le 1er mai, voire le 1er juin.
3 700 dossiers traités en 1980 contre 2000 par an depuis 1995.
4 Voir AE N° 40 du 9 novembre 99 p.12
5 Commission administrative nationale auprès de laquelle les chômeurs menacés d’exclusion doivent défendre leur dossier.

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