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Regard critique · Justice sociale

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On n’en fera pas l’économie : un docu à l’image, sublimée, de son objet

Le 19 mars dernier SAW-B1 réunissait son assemblée générale pour tracer les pistes d’avenir de l’économie sociale. En entrée :« On n’en fera pas l’économie », film documentaire commandé à Eric Smeesters à l’occasion des 25 ans d’existence de lafédération.

30-03-2007 Alter Échos n° 226

Le 19 mars dernier SAW-B1 réunissait son assemblée générale pour tracer les pistes d’avenir de l’économie sociale. En entrée :« On n’en fera pas l’économie », film documentaire commandé à Eric Smeesters à l’occasion des 25 ans d’existence de lafédération.

Un petit ofni (objet filmé non identifié)

Intégrant la consigne de « susciter le débat », le jeune réalisateur est néanmoins resté fidèle à sa posture artistique. Le parti pris deplans fixes des personnes interviewées, sans changement de focale, était risqué. Scandés par de longs plans de coupe, statiques et extatiques, ils donnent le sentiment defeuilleter avec un intérêt calme et soutenu un livret aux chapitres courts mais denses.

La forme du film trahit la tentation esthétisante de son auteur en même temps qu’elle offre un regard décalé et argumenté sur ces chefs d’entreprisesqui prétendent que le profit n’est pas tout. Au final, elle sert le propos : comment est-il possible de « produire autrement » aujourd’hui ? Et rencontre la demande ducommanditaire : qui sommes-nous devenus et quels enjeux nous attendent demain ?

Contradictions assumées

Parmi les témoignages, le responsable du Village n°1 Reine Fabiola explique que son premier souci est de créer de l’emploi adapté aux handicaps des personneshébergées dans le centre. Que sans doute, dans une certaine mesure, il contribue ainsi indirectement à produire des gaz à effet de serre.

Ce scrupule pourrait passer comme une lettre à la poste. Mais quelques minutes plus tard, sur l’écran, un camion à contresens trouble la longue contemplation d’unpaysage de plaine ennuagée. On l’attendait de gauche à droite … Une gêne s’installe qui nous dit que tout ne va pas de soi, qu’il faut rester attentif auxsurprises que réservent les meilleures intentions du monde. Le scrupule devient aveu d’une contradiction assumée. Qu’il faudra bien un jour affronter, si les acteurs del’économie sociale entendent approfondir leur sillon dans la société.

Pourtant, à moins d’en appeler au grand soir bien saignant, on se dit, avec le réalisateur, qu’ils sont déjà dans le bon, chacun à sa manière.Qu’un jour peut-être un modèle se dégagera. Qu’en attendant, toutes les actions pionnières qui forgent des alternatives au capitalisme néolibéralsont bonnes à prendre.

Tiens à ce propos, les entreprises d’économie sociale doivent-elles pouvoir se débrouiller toutes seules, sans l’aide de l’État ? Certainesrevendiquent plus d’autonomie, voire une indépendance totale comme signe de réussite ultime. Qui prendra en charge alors les surcoûts occasionnés par les missionssociales ou environnementales non solvables que certaines organisations se donnent ? Encore une contradiction potentielle que le secteur devra aborder de front à l’avenir.

Une vie après la projection

Le film n’est pas tout. Il s’inscrit dans une démarche qui a commencé durant sa réalisation. Les premiers à en avoir bénéficié sont lesresponsables d’entreprises rencontrés durant le tournage. Plusieurs avoueront avoir eu durant ces quelques heures de tournage et de dialogue, l’occasion pour la premièrefois depuis longtemps de s’asseoir et de prendre du recul par rapport à leur engagement professionnel.

Afin de démultiplier cet effet auprès des autres acteurs de l’économie sociale (travailleurs, fournisseurs, clients – usagers, partenaires, pouvoirs publics), SAW-B feraprochainement tourner le film auprès de ses membres. Pour ne pas faire l’économie du débat.

1 Solidarité des alternatives wallonnes et bruxelloises, rue Monceau-Fontaine, 42/6 à 6031 Monceau-sur-Sambre – tél. : 071 53 28 30 – courriel : info@saw-b.be – site : http://www.economiesociale.be – contact : Marie-Caroline Collard

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