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Intérim d’insertion : il existe des alternatives

Dans un précédent numéro d’Alter Échos (n°164), nous avons abordé le dispositif d’intérim d’insertion mis en place par lefédéral et le succès très mitigé que cette mesure rencontre. Or, il existe d’autres dispositifs d’intérim d’insertion en Belgique età l’étranger qui semblent faire leurs preuves. Certains, comme le dispositif d’intérim accompagné de Trace en Wallonie ou les entreprises de travail temporaired’insertion (ETTI) en France existent depuis quelques années déjà. D’autres, comme le projet Equal « Coach intérim » expérimentent depuispeu le partenariat entre les secteurs associatif et privés sur la mise à l’emploi de publics peu qualifiés. Tour d’horizon.

27-07-2005 Alter Échos n° 166

Dans un précédent numéro d’Alter Échos (n°164), nous avons abordé le dispositif d’intérim d’insertion mis en place par lefédéral et le succès très mitigé que cette mesure rencontre. Or, il existe d’autres dispositifs d’intérim d’insertion en Belgique età l’étranger qui semblent faire leurs preuves. Certains, comme le dispositif d’intérim accompagné de Trace en Wallonie ou les entreprises de travail temporaired’insertion (ETTI) en France existent depuis quelques années déjà. D’autres, comme le projet Equal « Coach intérim » expérimentent depuispeu le partenariat entre les secteurs associatif et privés sur la mise à l’emploi de publics peu qualifiés. Tour d’horizon.

Le projet Equal Coach interim

Parmi les critiques formulées à l’égard du dispositif intérim d’insertion mis en place par Johan Vande Lanotte en 2000 (cf. AE n°164), l’uneportait sur le manque de concertation sur le terrain avec les intéressés, à savoir CPAS et agences d’intérim, peu préparés à la confrontationpublic-privé. Le projet « Coach Interim1 », financé au niveau européen par Equal, expérimente lui aussi un partenariat entre les secteurs associatif etprivé mais avec une approche toute différente. Le partenariat regroupe une fédération d’entreprises de travail intérimaire, Federgon2, et quatrefédérations de l’insertion socioprofessionnelle : ACFI3, AID4, ALEAP5 et CAIPS6 et des partenaires associés dont Lire et Écrire, la FGTB, la CSC, l’IRES7, leCEC8 et le CPAS de Charleroi. Chacune des fédérations ISP a convié des OISP (organismes d’insertion socioprofessionnelle), des AFT (ateliers de formation par le travail) etdes EFT (entreprises de formation par le travail) à participer à l’action en Région bruxelloise et en Région wallonne9. Celle-ci a commencé en mai 2002.

Déconstruire les stéréotypes

« L’objectif général du projet est d’accroître l’accès à l’emploi des stagiaires en fin de formation, en utilisantl’intérim comme tremplin, explique Nathalie Heusquin, coordinatrice du projet à l’ACFI, structure porteuse de Coach Interim. Il faut pour cela travailler les images,déconstruire les stéréotypes qui existent de part et d’autre, certains centres de formation se méfiant des agences d’intérim et certains consultantsayant un a priori négatif sur les personnes peu scolarisées et/ou précarisées. Créer des relations interpersonnelles de qualité entre agences et centres deformation est à cet égard un atout. Par le biais de l’intérim, les stagiaires peuvent acquérir des expériences professionnelles successives, or, dans leurparcours, celles-ci font souvent défaut. Ils peuvent également avoir un pied dans le monde du travail, rester actifs et peut-être même trouver un emploi fixe dansl’entreprise utilisatrice. De leur côté, les agences d’intérim sont à la recherche de partenaires de confiance qui peuvent alimenter en candidats fiables leursviviers de travailleurs. Le problème principal pour elles est non seulement de trouver des candidats qui ont des compétences professionnelles qui correspondent à leurs demandes,mais surtout de trouver des candidats qui ont des attitudes adaptées au travail (fiabilité, ponctualité, motivation, respect de l’entreprise et de la hiérarchie). Cequi, pour nos publics, est généralement acquis en fin de formation. Le projet a été conçu pour que le partenariat profite aux deux parties, chacune y trouvant sonintérêt. Nous avons régulièrement des réunions de coordination. Cela permet d’installer des collaborations plus étroites avec les agencesprivées, d’avoir une meilleure connaissance du monde du travail, des demandes du marché de l’emploi et d’améliorer l’offre de formation des centres.»

Adapter l’offre de formation

Les centres de formation qui collaborent au projet ont été sélectionnés en fonction des profils les plus recherchés par les agences d’intérim :l’Horeca, la construction, la bureautique, la menuiserie, l’informatique, les caristes… Ces centres ont adapté leur offre de formation aux exigences des entreprises. Ainsi,certains centres de formation en bureautique ont offert des modules de formation complémentaires en langues, d’autres ont offert des modules sécurité pour les stagiaires enformation bâtiment ou ont initié des partenariats sur des brevets professionnels (caristes) ouvrant ainsi accès à des compétences complémentaires utilesà leur parcours professionnel.

Des compétences très précises sont également indispensables pour certains secteurs, ainsi pour la construction, domaine récemment ouvert àl’intérim, il est obligatoire que le travailleur intérimaire suive une formation dispensée par Bruxelles-Formation ou le Forem et réussise l’examensécurité organisé par le Cnac, le Comité national pour la sécurité et l’hygiène dans la construction. « Il est nécessaire que nosstagiaires soient préparés de la meilleure manière possible à présenter cet examen, explique Nathalie Heusquin. S’ils attestent de la réussite del’examen VCA10, ils seront sélectionnés prioritairement sur les autres candidats pour lesquels l’agence doit financer l’examen, sans garantie de réussite. Chez“1001 Choses à faire” à Liège, EFT en bâtiment, plusieurs stagiaires ont réussi l’examen et travaillent en intérim sur de longues missions.»

Les consultants se déplacent

Autre exemple : l’Horeca. Dans cette filière développée par l’AFT bruxelloise « Idée 53 », trois groupes de stagiaires ont étésensibilisés à l’intérim. Deux réunions préparatoires avec Federgon et quatre agences ont fixé et négocié les possibilitésd’emploi ainsi que les modalités de collaboration. Depuis, les agences viennent régulièrement, à chaque fin de formation, rencontrer les stagiaires au centre.Federgon ouvre la réunion par une présentation générale du travail intérimaire, puis les stagiaires et leur agent d’insertion11 exposent lescompétences et les pratiques acquises. Ensuite, les consultants s’installent chacun dans un coin de la salle et prennent les stagiaires en entretien individuel. Ce premier contact avecle consultant leur permet un entretien dans des conditions plus optimales qu’en agence. Une fois la formation terminée, certains iront s’inscrire à l’agenceauprès du consultant avec lequel ils ont eu ce contact privilégié. Une collaboration active entre l’agent d’insertion et les consultants permet de suivrel’évolution des stagiaires dans l’emploi.

Si ces résultats sont forts encourageants, il est un fait que l’intérim ne convient pas à tout le monde. Les stagiaires entrent dans le dispositif de manièrevolontaire et évaluent leur capacité à travailler dans l’intérim avec leur agent d’insertion. Le travail intérimaire est exigeant, les candidats doiventêtre flexibles, disponibles et mobiles. « Nous essayons d’aider les stagiaires à remplir ces conditions en proposant des solutions aux problèmes de mobilité etde garde d’enfants. En parallèle, nous travaillons avec les agences la relation de confiance de manière à ce qu’une attention particulière soit portéeà nos candidats. Les centres ont également mis en place des procédures avec, par exemple, une grande réunion avec les agences d’intérim un mois avant que laformation ne soit terminée. »

La garde d’enfants, un obstacle à la mise à l’emploi

Comme demandé dans les projets Equal, « Coach Interim » s’est intéressé aux problèmes d’égalité des chances à travers lamise en place d’un groupe de travail. On l’a dit plus haut, parmi les obstacles à l’emploi pour les stagiaires et les intérimaires figurent en première place lamobilité et la garde des enfants. Pour les questions de mobilité, chaque centre a relevé les manques et a développé ses propres solutions. Pour ce qui est desproblèmes de garde d’enfants, le manque de place pour les 0-3 ans s’avère un problème structurel mais particulièrement discriminant pour les stagiaires ainsique pour les candidats intérimaires. Dans les modes de garde classique (subsidiés principalement par l’ONE), le manque de places disponibles et le sous financement du secteur dela Petite Enfance, entraînent des pratiques discriminantes envers les parents ayant un faible revenu et ceux qui utilisent les services du milieu d’accueil de manièreirrégulière. « Les milieux d’accueil sont subventionnés par l’ONE sur base de leur taux d’accueil, ils ont donc intérêt à ce quetoutes les places soient occupées tous les jours, explique Nathalie Hensquin. Ils sont aussi financés par la participation financière des parents, cette dernièreétant calculée sur le revenu des deux parents, les milieux d’accueil vivant des difficultés financières, ils ont parfois tendance à privilégier desparents ayant un bon revenu. Dans ces conditions difficiles, on comprend bien pourquoi l’accès de ces milieux n’est pas facile ni pour les stagiaires en situation précaire,ni pour les candidats intérimaires. »

Heureusement, le FSE a pensé aux personnes en insertion et dans ce cadre, il co-finance une quarantaine de milieux d’accueil où des places sont réservées pour lesenfants des parents qui suivent une formation co-financée par le FSE. Mais là encore, il manque des places, exemple à Bruxelles, il existe une centaine de places disponibles12pour 100.000 demandeuses et demandeurs d’emploi.

Plusieurs centres de formation conscients de cette problématique ont mis des initiatives en place : la Funoc à Charleroi et son service Caravelle, Du Pain sur la Planche avecBaby-Stop à Verviers, la Source… « Nous avons ainsi visité les garderies de ces centres et sorti un outil qui permet aux autres centres de bénéficier de leurexpérience, de savoir comment on peut créer une structure d’accueil et de garderie, comment fonctionnent les places subsidiées par le FSE et l’outil informeégalement les stagiaires sur leurs droits : beaucoup pensent encore que s’ils ne travaillent pas, ils ne peuvent pas mettre leur enfant en crèche. Dans la suite de nos travaux, lecentre de formation montois “Au Four et Au Moulin” a ouvert en octobre 2003, une maison communale d’accueil de l’enfance “Les Petits fours” qui accueilleactuellement 12 enfants âgés de 0 à 3 ans, ce sont les enfants des stagiaires ainsi que ceux du quartier. »

Quelques outils pour mieux mettre en valeur les compétences

Mais « Coach Interim » ne se limite pas aux régions wallonne et bruxelloise, le projet possède également une dimension transnationale. Dans ce cadre, il participeaux groupes thématiques organisés par le projet Equal Step13 qui développe son action sur la problématique suivante : alors que le taux de chômage est fortélevé dans nos régions, certaines entreprises ont de la peine à trouver de la main-d’œuvre et prévoient une pénurie à partir de 2007. Legroupe thématique « Concevoir et valoriser une candidature adaptée » a ainsi exploré les bonnes pratiques des organismes de formation français et belges, desentreprises de travail temporaire, des organismes d’insertion qui valorisent les candidatures de personnes peu scolarisées (présentation, CV, lettre de motivation…) et aconçu un outil baptisé « CVQualité » qui reprend les meilleures manières de mettre en évidence les compétences, les expériencesprofessionnelles, les formations, le profil (disponibilité, mobilité, aides à l’emploi) pour un public peu scolarisé. Un autre groupe thématique, «Identifier les conditions d’une insertion durable dans l’emploi », a quant à lui travaillé sur l’accompagnement à l’emploi, sur les outilsd’évaluation (portefeuille de compétences pour le travailleur intérimaire) et sur l’appropriation des outils et des processus d’auto-évaluation. De cetravail est sorti un « passeport intérim », sorte de portefeuille de compétences destiné à être rempli en partie par les consultantsintérimaires.

Collaborer prend du temps

D’un point de vue quantitatif, « Coach Interim » engrange de bons résultats même si les agences intérimaires ont proportionnellement peu d’offresd’emploi destinées à un public peu qualifié. Une vingtaine de mises à l’emploi ont été effectuées en 2002 et 53 en 2003 : 17 personnes surdes missions longues, 11 personnes sur des missions courtes et régulières, 2 personnes sur des courtes missions irrégulières et 8 personnes qui sont passées parl’intérim avant l’emploi fixe. « Petit à petit, les conseillers et consultants intérimaires se familiarisent aux personnes peu qualifiées issues desformations de notre secteur, observe Nathalie Heusquin. Le principe de discrimination positive commence à être appliqué mais il est clair qu’établir la confianceprend du temps. »

Le projet financé jusqu’en mai 2004, s’est vu prolonger par Equal à partir de septembre 2004, un subside du ministre wallon de l’Emploi fait donc le pont entre maiet septembre. Un projet innovant porté par les mêmes partenaires va bientôt être introduit dans le cadre du second appel à projet Equal 2005-2007.

L’Intérim accompagné

Le dispositif « Intérim accompagné14 » mis en place en 1999 par Trace (ex-T’Interim) et la Mirec (Mission régionale pour l’emploi de Charleroi) esttrès apparenté au dispositif Coach Interim. L‘intérim accompagné se base également sur un principe de complémentarité et de transfert decompétences (équipe mixte).

« Au départ, la cellule insertion de Trace avait une gestion distincte et autonome de l’agence ce qui a provoqué un isolement de la cellule àl’intérieur de l’agence, raconte Sylvie Lambinon, chargée de la gestion transversale du projet d’insertion par l’économique chez Trace et par ailleursresponsable du dispositif « Intérim accompagné ». Cette situation de concurrence interne a entraîné des blocages. Pour y remédier, Trace adécidé de mettre la responsabilité des personnes qui s’occupent de l’insertion au niveau du responsable d’agence et d’affecter le chiffre d’affairesà l’agence. Cette nouvelle répartition des rôles permet aux conseillers insertion de travailler sur les tâches des conseillers classiques et inversement. »

Le dispositif a ensuite été élargi aux autres agences (actuellement 5 conseillers en insertion par l’économique sont présents par district dans lesagences) et Trace (à l’époque T’Intérim) s’est inscrit dans le dispositif fédéral d’« intérim d’insertion ». Lepublic CPAS a été accueilli mais les conseillers se sont rendu compte qu’il y avait une demande d’un autre public, qui avait aussi besoin d’un accompagnement. Ledispositif a ainsi été ouvert de deux manières :

> en permettant aux publics fragilisés des CPAS d’utiliser l’intérim comme reprise progressive de l’emploi, sans le mettre dans un CDI intérimd’insertion (trop risqué).

> D’autres publics en demande d’accompagnement ont été accueillis (chômeurs de longue durée, personnes sans revenus, le public asbl, etc.)

Face aux conclusions tirées lors de cette première phase d’expérimentation, Trace est aujourd’hui persuadé que l’utilisation de l’intérimcomme outil d’insertion durable implique une prise en compte des priorités suivantes :

> Absence de stigmatisation par un accueil adapté mais non lié au statut, une réorientation vers d’autres opérateurs si nécessaire ;

> Accessibilité au marché pour les candidats à premier niveau de qualification accompagné de mesures d’ajustements formatives ;

> Identification des pénuries ciblées, prise en compte des données qualitatives liées à la fonction et aux spécificités locales ;

> Primauté des critères de fiabilité, de savoir-être, de motivation, d’expérience et de compétences lorsqu’une certification n’est pasnécessaire ;

> Appui sur l’expertise du réseau partenarial pour une meilleure gestion de l’amont du projet professionnel et recentrage en aval du parcours d’intégration ;

> Réflexion complémentaire sur les freins à l’emploi afin de trouver des solutions adaptées aux problèmes de mobilité, garded’enfants…

Comment ça se passe

Le dispositif reçoit d’abord les personnes en séance d’information collective sur les services que Trace et la Mirec peuvent proposer. Puis les personnesintéressées passent en entretien individuel où on évalue leur situation et leurs besoins (bilan de compétences, formation). Le dispositif répartit ensuiteles personnes vers les bons services. Un contrat d’accompagnement est signé au moment où la personne entre dans le dispositif, ensuite des contrats intérimaires sontsignés pour chaque mission. « L’objectif est de faire avancer la personne par rapport à son projet et non pas de la mettre en intérim à tout prix »,précise Sylvie Lambinon. Chaque personne a donc un parcours adapté : soit plusieurs missions en cascade, soit une mission puis un contrat, soit une formation puis une mission.

Selon Sylvie Lambinon, les points forts du dispositif sont la complémentarité (formation, missions intérimaires, emploi fixe, alternance) et la contamination entrel’agence et la Mirec mais aussi les personnes qui gravitent autour de la Mirec, de l’agence, et donc aussi les employeurs. « Un travail d’équipe permet de faire lebilan et le suivi des candidats et d’intervenir, si nécessaire : l’accompagnante sociale pour les questions psychosociales, le conseiller pour les questions professionnelles.» L’équipe en charge du projet est composée d’une accompagnante socio-pédagogique de la Mirec chargée de réduire les freins àl’emploi ; d’une conseillère en Intérim accompagné Trace qui constitue le relais privilégié avec l’agence et un agent de développement dela Mirec dont la spécificité tient dans le rôle commercial.

Résultats

Le pourcentage de réussite du dispositif est actuellement de 70,3 % (en tenant compte des abandons volontaires). Au cours de l’année 2002 : 32 bénéficiaires ontobtenu un emploi durable. Au total : 345 personnes ont adhéré au dispositif depuis sa création. 59 travailleurs ont été engagés sous CDI, 68 travailleursbénéficient d’un CDD, 158 candidats ont bénéficié d’un intérim. En juin 2003 (derniers chiffres connus), les prestationsgénérées par le dispositif intérim ont atteint 3.731 heures (+ 34,5 % par rapport à mai 2002). Un dispositif qui a donc prouvé largement sonefficacité « surtout lorsqu’on le compare au dispositif fédéral d’intérim d’insertion pour lequel d’ailleurs nous ne concluons plus aucuncontrat, l’expérience étant trop déficitaire », observe Sylvie Lambinon.

« Pour renforcer davantage notre approche en 2004, des actions concrètes sont actuellement en préparation, expose Sylvie Lambinon :

> Identification des missions de premeir niveau de qualification proposées aux intérimaires et des mesures d’ajustement mises en œuvre.

> Création pour chaque agence un support spécifique destiné à garantir une réorientation appropriée pour les candidats dont le projet ne correspond pasaux contraintes du marché intérimaire. »

Le projet a aujourd’hui fait boule de neige. « Il ne s’agit pas de copier-coller l’expérience de Charleroi qui garde une méthodologie propre (accueilcollectif, contrat d’accompagnement) et des résultats statistiques distincts, confie Sylvie Lambinon. L’essaimage du dispositif IA Charleroi sur l’ensemble des agencess’est réalisé progressivement au travers de l’application de grands principes méthodologiques tout en respectant les spécificités des synergies locales.»

Outre la collaboration avec la Mirec, Trace travaille également en collaboration avec la Mirelux sur un projet mobilité et avec cinq entreprises de formation par le travail activesdans le secteur agro-alimentaire dans la région liégeoise. Cette dernière collaboration a été mise en place dans le cadre de l’appel à projets «Management Es-Change » de la Fondation Roi Baudouin. Des collaborations qui devraient d’ailleurs se multiplier puisque Trace a accès pour la première fois aux projetsÉqual 2004-2006 même s’il collaborait déjà concrètement avec plusieurs projets Equal mais de manière informelle.

RECTIFICATIF

Dans l’article consacré à l’intérim d’insertion de l’Alter Echos n°164 (p. 3), nous avons erronément laissé penser que la FondationInterim qui dépend de Federgon (fédération d’entreprises intérimaires) avait été partie prenante de l’évaluation du dispositifd’intérim d’insertion dans le projet « Coach interim ». Dans les faits, la Fondation Interim n’a pas désiré s’impliquer dans cetteévaluation, par contre elle participe activement à « Coach Interim » au niveau de la mise en place des collaborations et de la mise à l’emploi desstagiaires.

Les Entreprises de travail temporaire d’insertion

Permettre aux personnes en situation précaire de se réinsérer socialement et professionnellement, dans le but de trouver un emploi stable et durable : telle est la mission desentreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI)15, créées par la loi du 31 décembre 1991 en France.

Au nombre de 247 en 2003 (279 en 2001), celles-ci se définissent à la fois par la nature du public accueilli, leur projet social, leurs conditions de fonctionnement et leuradhésion à la charte des entreprises de travail temporaire d’insertion. Seule différence avec une agence d’intérim classique, elles accueillent des personnesen difficulté, qui effectuent des missions intérimaires dans le cadre d’un parcours de retour à l’emploi : jeunes ayant peu ou pas travaillé, travailleurs peuou pas qualifiés, demandeurs d’emploi de longue durée, travailleurs devant effectuer une conversion… L’entrée en ETTI intervient souvent en fin de parcoursd’insertion16.

Les ETTI se sont développées dans le cadre réglementaire du travail temporaire, en utilisant les offres d’emploi de ce secteur pour donner aux personnes en grandesdifficultés l’occasion d’une mise en emploi, d’une expérience professionnelle ou d’une qualification. Ainsi, en 2001, le volume d’heures effectuéespar les salariés mis à disposition au cours de l’année atteignait près de 7.000 emplois équivalents temps pleins. Un résultat en perte de vitessel’année dernière, l’intérim d’insertion prenant de plein fouet la basse conjoncture économique et suivant par conséquent, tout commel’intérim classique, la courbe descendante. Les emplois occups sont souvent à bas niveau de qualification, comme la manutention, la préparation de commandes, les emplois depropreté et le bâtiment.

Agréées par l’ANPE

Les offres d’emploi proposées par les ETTI sont gérées par l’ANPE (Agence nationale pour l’emploi). Seules les embauches effectuées par une structureconventionnée et préalablement agréée par l’ANPE ouvrent droit aux aides et exonérations prévues par la loi pour les entreprises. Le demandeurd’emploi embauché devient alors salarié de l’ETTI, qui signe avec l’entreprise utilisatrice un contrat écrit de mise à disposition. Le contrat de travailne peut dépasser 24 mois, pour une rémunération au moins égale au Smic (salaire minimum). De la part de l’entreprise cliente, il s’agit avant tout d’unedémarche citoyenne, puisqu’un intérimaire en phase d’insertion coûte autant qu’un intérimaire classique.

Diverses mesures peuvent être mises en œuvre par les ETTI pour accompagner les personnes en difficulté qui sont sous contrat avec elle : bilan de compétence, mise encontact avec des employeurs, aides à la recherche d’emploi, actions de soutien psychologique et matériel, accompagnement sur le lieu de travail, remise à niveau etformation avant et entre les missions d’intérim effectuées, élaboration d’un projet professionnel, aides pour trouver un logement… La mise en situation detravail de ces personnes, qui sont accompagnées, suivies et évaluées tout au long de leur parcours, favorise l’émergence de leurs capacités.

Si les missions proposées et la mise en place de formations ciblées pour des postes à faibles qualifications permettent ainsi d’aboutir à la constructiond’un parcours professionnel, le parcours en question n’est toutefois pas toujours aisé. Un excellent documentaire projeté lors du festival « Regards sur le travail» en mars dernier à Bruxelles et intitulé « Des jours meilleurs » met d’ailleurs très bien l’accent sur les obstacles qui jalonnent la route despersonnes accompagnées dans cette forme d’intérim et également sur la difficulté de la tâche des agents d’insertion. Le documentaire a ététourné dans une agence du réseau d’ETTI Janus en France17.

1. Coordinatrice : Nathaie Heusquin, tél. : 02 640 44 07, courriel : nathalie.heusquin@acfi.be
2. Federgon : Fédération des partenaires pour l’emploi. Federgon a confié la mise en œuvre du projet à l’asbl Fondation Intérim.
3. ACFI : L’Action Coordonnée de Formation et d’Insertion socioprofessionnelle est un département de la FIAS ; Fédération d’Initiatives et ActionsSociales, site : www.acfi.be
4. AID : Actions Intégrées de Développement, site : www.aid-com.be
5. ALEAP : Association Libre d’Entreprises d’Apprentissage Professionnel.
6. CAIPS : Concertation des Ateliers d’Insertion Professionnelle et Sociales.
7. Institut de Recherches économiques et sociales de l’UCL.
8. Comité européen de Coordination, asbl.
9. Fédérations et centres ISP participants : ACFI : Idée 53 (AFT), Cefig (OISP), Esope (OISP), Le Trusquin (EFT) – AID : Aid Nivelles (OISP), Aid Tubize (EFT) – ALEAP: 1001 choses à faire (EFT), Edit (OISP), Quelque chose à faire (EFT), Coup de pouce à l’emploi (EFT), Apides (OISP) – CAIPS : Funoc (EFT-OISP), Cesep (OISP), Droitset Devoirs (EFT), Work’inn (EFT), Cof (EFT).
10. Formation « Sécurité de base pour le travailleur intérimaire dans la construction » ou couramment appelé Sécurité VCA.
11. Chaque centre participant a identifié en son sein une personne, l’agent d’insertion, qui assure le suivi des stagiaires et participe aux différents groupes de travailliés au projet.
12. Réparties dans différentes communes, ces places sont gérées par la Maison d’Enfants de l’Orbem, tél. : 02 505 77 95.
13. Step : Synergie Transnationale pour l’Emploi et la Professionnalisation porté par Instep Formation (Nord-Pas-de-Calais).
14. Trace, siège social, bd Zoé Drion 25 à 6000 Charleroi, tél. : 071 20 50 40, fax : 071 30 93 66, courriel : info@tracegroup.be Pour le dispositif d’Intérim accompagné, contact : Sylvie Lambinon, courriel : s.lambinon@tracegroup.be
15. Pour plus d’infos, voir le site du CNEI (Comité national des entreprises d’insertion), une des fédérations qui regroupe +/- 50 % des ETTI françaises :www.cnei.org, CNEI, rue Claude Tillier, 18-20 à F-75012 Paris – France, tél. : 00 33 (0)1 53 27 34 80, fax : 00 33(0)1 53 27 34 84.
16. À côté des ETTI, il existe aussi en France des Entreprises de travail temporaire qui travaillent sur des processus de réinsertion, c’est par exemple, le cas duréseau Adia qui fait partie du groupe Adecco France. Infos : www.adia.fr
17. « Des jours meilleurs » de Gilbert Botti – France/2003/DV Cam/v.o. fr./ 54 minutes.

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