Edito
La parole et le doute
Il y a quelques semaines, nous avons été confrontés à une situation inédite: des témoins, rassemblés au sein d’une association de fait, ont demandé une indemnisation en échange de leur parole. Pas par cupidité, mais parce que témoigner coûte en temps, et donc en argent, que leur condition précaire ne leur permettait plus d’offrir. Et parce que cela fait des années que les membres de cette association témoignent, alertent, sensibilisent… Mais que rien ne change. Alors la lassitude s’installe. Leur demande – que nous n’avons, pour des raisons de déontologie journalistique, pas acceptée – reste un cas isolé mais elle n’est pas anodine: elle révèle un malaise plus profond. Une résignation par laquelle sont gagnées de plus en plus de personnes rencontrées sur le terrain. «À quoi bon témoigner?»
La porte à droite
La porte du bonheur est une porte étroite… On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite…, chantait du haut de ses belles bacchantes Jean Ferrat, déplorant dans les années 80 l’abandon des idéaux de gauche au nom de la réalité économique.
La fin d’une époque
La fermeture annoncée des sept hypermarchés Cora en Belgique d’ici à 2026, avec à la clé plus de 1.800 licenciements et la revente des galeries commerciales attenantes, marque un tournant décisif dans l’histoire de la grande distribution belge. Ce phénomène n’est pas isolé: il s’inscrit dans une dynamique européenne de remise en question du modèle de l’hypermarché, autrefois symbole de modernité et de prospérité. Cette évolution, loin de se limiter à une simple restructuration économique, révèle une véritable mutation sociale et philosophique, signe de la fin d’une époque.
Qu’en aurait dit Poujade ?
Nous y voilà donc. Après des années de rumeurs, d’hésitations, de ballons d’essai, la Belgique – ou plutôt son nouveau gouvernement fédéral – a décidé de limiter les allocations de chômage dans le temps
Une épidémie de solitude
C’est une découverte surprenante et troublante à laquelle a abouti une équipe de chercheurs d’Oxford. Dans une étude à paraître dans le prochain World happiness report 2025, ils ont identifié le premier prédicteur du vote pour Donald Trump. Et ce n’est pas le fait d’être un homme ou une femme, d’être blanc, noir ou latino, employé, indépendant ou sans emploi… Non, le facteur qui a le plus de chances de déterminer qu’une personne votera pour Donald Trump, c’est que cette personne dîne seule tous les soirs de la semaine.
CPAS, ton univers impitoyable
À Anderlecht, des personnes vulnérables doivent attendre longtemps avant qu’on ne leur vienne en aide tandis que d’autres, bien peu scrupuleuses, tirent profit de la situation. Voilà comment on pourrait divulgâcher le reportage de la VRT sur le CPAS d’Anderlecht.
Rendez-vous dans dix ans?
Il est de ces dossiers dont on a l’impression qu’ils sont faits pour durer, sans jamais aboutir. Celui concernant l’allongement du délai autorisé pour l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en fait assurément partie.
Le journalisme a pété
Comme un défi teinté de curiosité et d’un brin de malice, nous avons demandé à ChatGPT d’«analyser les résultats des dernières élections en Belgique». Sa réponse va vous étonner…
Futur simple
C’est une histoire vraie, un vendredi soir dans une école de la capitale. Comme toutes les semaines, ce soir-là, il y a cours de français. Le groupe n’est pas nombreux en cette fin de semaine. Trois élèves dans une [...]
Après la marche, le marathon
Dans l’édito de son numéro précédent, paru fin janvier, Alter Échos conviait Milan Kundera et son essai philoso-fictif intitulé «La lenteur». Dans celui-ci, l’auteur tchèque se figure un marcheur qui, souhaitant se rappeler quelque chose, ralentirait son pas…
Pour un éloge de la lenteur
«Il y a un lien secret entre la lenteur et la mémoire, entre la vitesse et l’oubli. Évoquons une situation on ne peut plus banale: un homme marche dans la rue. Soudain, il veut se rappeler quelque chose, mais [...]
