Alter Échos: «Il nous faut drainer la colère» est un titre fort. Au fil du livre, on comprend que c’est bien de votre colère qu’il s’agit…
Lucie Mahieu: Cette phrase est issue d’un poème de Paul Éluard et évoque notre propre colère face aux injustices et au peu de solutions pour les personnes que nous hébergeons. Notre travail, c’est un emplâtre sur une jambe de bois. En fait, nous faisons presque l’inverse de ce dont nous rêvons: nous sommes des agents qui aidons à maintenir un système en place. Bien sûr, si on ne le faisait pas, les gens ne pourraient pas tenir. Donc c’est aussi une manière de drainer leur colère, quelque part. Mais ils en ont finalement peu, de la colère. Ils se sont habitués à être patients, résignés et passifs par rapport à ce qui leur arrive. Pour eux, c’est beaucoup plus supportable d’être dans l’acceptation, c’est une posture qui les sauve.
AÉ: L’écriture est-elle pour vous une manière de drainer cette colère?
LM: Oui c’est évident. J’ai toujours aimé écrire. Dans mon boulot, j’écris les Échos de la maison Saint-Paul depuis des années. C’est un moment que j’attends et qui me pousse à réfléchir. Je lis des choses en perspective. Souvent la première version est beaucoup plus trash que ce qui va sortir. Ça me soulage d’écrire, c’est même salutaire. C’est une manière de résister.
Notre travail, c’est un emplâtre sur une jambe de bois. En fait, nous faisons...
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Alter Échos: «Il nous faut drainer la colère» est un titre fort. Au fil du livre, on comprend que c’est bien de votre colère qu’il s’agit…
Lucie Mahieu: Cette phrase est issue d’un poème de Paul Éluard et évoque notre propre colère face aux injustices et au peu de solutions pour les personnes que nous hébergeons. Notre travail, c’est un emplâtre sur une jambe de bois. En fait, nous faisons presque l’inverse de ce dont nous rêvons: nous sommes des agents qui aidons à maintenir un système en place. Bien sûr, si on ne le faisait pas, les gens ne pourraient pas tenir. Donc c’est aussi une manière de drainer leur colère, quelque part. Mais ils en ont finalement peu, de la colère. Ils se sont habitués à être patients, résignés et passifs par rapport à ce qui leur arrive. Pour eux, c’est beaucoup plus supportable d’être dans l’acceptation, c’est une posture qui les sauve.
AÉ: L’écriture est-elle pour vous une manière de drainer cette colère?
LM: Oui c’est évident. J’ai toujours aimé écrire. Dans mon boulot, j’écris les Échos de la maison Saint-Paul depuis des années. C’est un moment que j’attends et qui me pousse à réfléchir. Je lis des choses en perspective. Souvent la première version est beaucoup plus trash que ce qui va sortir. Ça me soulage d’écrire, c’est même salutaire. C’est une manière de résister.
Notre travail, c’est un emplâtre sur une jambe de bois. En fait, nous faisons...