Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Grandes villes : la balance penche vers la régionalisation

Un lapsus communicationnel nous rappelle que la régionalisation de la Politique des grandes villes est toujours latente.

04-10-2010 Alter Échos n° 302

Un lapsus communicationnel nous rappelle que la Politique des grandes villes est toujours en sursis. Une chose est sûre, tout le monde s’attend à ce qu’elle soitrégionalisée. Avec ou sans les moyens ? That’s the question.

Le 28 septembre, certains médias ont relayé une information qui a semé quelque peu la confusion dans les esprits. Le premier ministre sortant, Yves Leterme (C&DV),annonçait une « prolongation des subsides pour des mesures de prévention dans le cadre de la Politique des grandes villes » jusqu’au 31 mars 2011. Objectif :préserver 3 000 emplois liés à des projets de prévention et de sécurité destinés à améliorer la sécurité et laqualité de vie des habitants de grandes villes et communes. Il s’agit entre autres d’emplois « d’animateurs de rue, de gardiens de parcs, de médiateurs, d’opérateursassociatifs, etc. qui travaillent chaque jour pour renforcer la cohésion sociale dans les quartiers les plus défavorisés ».

Pendant un instant, on aurait pu croire que les contrats de ville durable qui visent l’amélioration de la qualité de la vie dans les quartiers fragilisés via lacohésion sociale, la réduction de l’empreinte écologique et l’attractivité urbaine et sont soutenus par la Politique fédérale des grandes villes (PGV)étaient prolongés au-delà du 31 décembre 2010. Du tout, nous a-t-on confirmé au cabinet de Michel Daerden (PS)1, en charge de cette matière. Ils’agit des contrats de prévention et de sécurité, qui relèvent de l’Intérieur, qui sont reconduits jusqu’en mars 2011. De quoi accorder un maigre sursis aux3 000 personnes employées dans le cadre de ces contrats.

Faux suspense ?

Quoi qu’il en soit, si cette rallonge de subsides avait concerné la Politique des grandes villes, cela aurait permis aux dix-sept villes et communes du pays de souffler un peu. En effet,cette politique finance aujourd’hui les postes de 548 équivalents temps plein, auxquels sont liées aussi 170 personnes engagées dans le cadre d’une convention de premier emploi(CPE). Étant donné que le financement s’arrête au 31 décembre, certaines communes envisagent déjà de donner des préavis… si elles ne l’ontdéjà fait. Jacques Gobert (PS), président de l’UVCW (Union des villes et communes de Wallonie) et bourgmestre de La Louvière2, rappelle que « depuisde nombreuses années, la Politique des grandes villes est reconduite d’année en année. Cela veut dire que l’on a du personnel en préavis permanent. On peut imaginer lesdifficultés que ces personnes ont à s’investir dans la durée. Il en va de même pour les villes. »

Même son de cloche du côté de l’AVCB (Association de la ville et des communes de Bruxelles-Capitale). Son président, Marc Cools, par ailleurs échevin àUccle3, précise que l’État fédéral étant en affaires courantes, seuls les projets en cours sont financés, tandis que les nouveaux projets n’ont puvoir le jour. Dans un courrier daté du 6 septembre, l’Association s’était adressée au ministre compétent pour que le gouvernement statue rapidement, car« les communes porteuses de ces nouveaux projets sont pour la plupart en proie à de lourdes difficultés financières et ne peuvent que très difficilement trouverdans l’immédiat un financement alternatif pour lancer ces nouveaux projets ». Et Marc Cools d’ajouter : « On ne sait rien pour l’année prochaine. On estsur un volcan pour la Politique des grandes villes. Il y a une volonté de régionaliser. »

La Politique des grandes villes est effectivement régulièrement remise en question comme nous l’avons évoqué à plusieurs reprises dans nos pages. Sarégionalisation a souvent été dans l’air depuis quelques années. Aujourd’hui, du côté wallon, il semble que l’on s’y prépare. Le ministre wallon encharge de la Politique de la ville (une nouvelle compétence !), Paul Furlan (PS), serait le ministre susceptible de gérer la Politique des grandes villes, nous confie JacquesGobert. Il ajoute qu’il n’existe pas d’a priori sur une régionalisation ou non de cette politique, « à condition qu’il y ait un transfert de moyens et une souplesse degestion identique ». En Région bruxelloise, en revanche, Marc Cools appréhende celle-ci : « Bruxelles est toujours défavorisée dans larépartition des moyens. Ce n’est pas une bonne nouvelle a priori. Aujourd’hui, le seul suspense porte sur le fait de savoir si cette régionalisation se fera avec ou sans le transfertdes moyens financiers. »

1. Cabinet de Michel Daerden :
– adresse : rue Ernest Blérot, 1 à 1070 Bruxelles
– tél. : 02 238 28 11
– courriel : michel.daerden@minsoc.fed.be
2. Cabinet de Jacques Gobert :
– adresse : Ville de la Louvière, place communale, 1 à 7100 La Louvière
– tél. : 064 27 79 10
– courriel : jgobert@lalouviere.be
UVCW :
– adresse : rue de l’Étoile, 14 à 5000 Namur
– tél. : 081 24 06 11
– site : www.uvcw.be
3. Cabinet de Marc Cools :
– adresse : rue Auguste Danse, 25 à 1180 Uccle
– tél. : 02 348 65 54
– courriel : marc.cools@uccle.be ;
AVCB :
– adresse : rue d’Arlon, 53 boîte 4 (6e étage) à 1040 Bruxelles
– tél. :02 238 51 40
– site : www.avcb-vsgb.be

Baudouin Massart

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