Syndicaliste, féministe et musulmane, Eva Maria Jimenez Lamas tente d’initier des travailleuses sans papiers à la militance. Son parcours de vie témoigne de cette possibilité d’un passage de la précarité à l’action.
C’est entre une réunion et une interpellation à la Ville de Bruxelles, laquelle sera suivie d’une rencontre d’un comité local de la CSC, qu’Eva Maria Jimenez Lamas, responsable syndicale à la CSC-Bruxelles, me rencontre autour d’une tasse de thé. «Je suis fatiguée aujourd’hui», lâche-t-elle en se laissant tomber sur sa chaise. On peine à le croire tant son regard pétille, mais elle exhale enthousiasme et détermination. Il est vrai qu’entre quatre enfants, ses responsabilités à la CSC, l’organisation régulière de manifestations, les formations qu’elle a entreprises (elle s’est mise à l’apprentissage du turc), on se demande comment elle jongle avec son emploi du temps.
Son cheval de bataille? La défense des droits de ceux qui n’en ont pas, les travailleurs sans papiers, les femmes à plus forte raison, en construisant, avec eux, les ressorts de leur propre mobilisation. «Aujourd’hui on banalise la marginalisation de certains groupes dans la société. Je ne veux pas faire partie de ceux qui ferment les yeux», affirme-t-elle avec conviction.
Depuis un peu plus d’un an, elle travaille notamment avec un groupe d’une vingtaine de travailleuses domestiques sans papie...