Bernard De Vos ne lâche pas l’affaire. Le délégué général aux Droits de l’enfant publie une suite à son rapport sur la pauvreté infantile qui fit grand bruit en 2009. Les constats sont alarmants. Malgré de grands discours des responsables politiques, la situation, en dix ans, s’est dégradée. Son travail de récolte de la parole des familles et des professionnels du social fait écho aux recherches d’Anne-Catherine Guio, économiste, spécialiste des questions de pauvreté et chercheuse à l’Institut luxembourgeois de la recherche socio-économique. En 2018, elle publia, pour la Fondation Roi Baudouin, une étude intitulée «La pauvreté et la déprivation des enfants en Belgique». Deux points de vue qui se complètent. Interview croisée.
Alter Échos: Est-ce qu’en dix ans, la pauvreté infantile s’est accrue en Belgique?
Anne-Catherine Guio: On a des chiffres qui cachent des disparités régionales très importantes. Environ un tiers des enfants sont dans une situation de pauvreté ou de déprivation (voir infographie) à Bruxelles, plutôt un quart en Wallonie et aux alentours de 10% en Flandre. Au lieu de regarder les évolutions, de s’émouvoir d’une variation de 1% qui ne veut pas dire grand-chose d’une année à l’autre dans la mesure où on détermine la pauvreté avec des enquêtes qui ont une marge d’erreur, ce sont ces réalités régionales qu’il faut avoir en tête et bien se demander «qui so...