Une grosse colère enfantine? Petit sirop goût framboise. Un deuil qui s’éternise un peu trop ? Petit cachet rose. Une légère perte de mémoire à 85 ans ? Petite pilule bleue. La cinquième version du DSM (Diagnostic and statistical manual of mental disorders) catalogue quelque 450 troubles mentaux, les associe à des diagnostics et à des traitements. Sa dernière révision, il y a trois ans, a fait couler de l’encre. Illusion de scientificité, conflits d’intérêts et collusion avec l’industrie pharmaceutique, médicalisation de l’existence... Les griefs sont nombreux et désormais portés par une partie du monde psychiatrique lui-même. Aujourd’hui, tous les individus, toutes les étapes de la vie sont potentiellement porteurs de dysfonctionnements. Pour répondre à chacun d’eux, un médicament.
On pourrait faire un petit effort et trouver à la bible des psychiatres américains certains atouts. On pourrait la considérer uniquement pour ce qu’elle est : un outil parmi d’autres, un manuel d’aide au diagnostic posé sur le coin d’une étagère poussiéreuse. On pourrait lui attribuer le mérite de poser un nom sur les formes de mal-être, permettant leur prise en compte et, de cette manière, un meilleur accès aux soins et à la sécurité sociale.
Mais une chose est sûre, le DSM – comme son homologue de l’Organisation mondiale de la santé, la CIM (Classi cation internationale des maladies) – ne...