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Regard critique · Justice sociale

Le 17 mai, Paul Timmermans, député fédéral, et Pierre Hardy, député wallon, tenaient une conférence de presse pour donner leurs commentaires surles résultats du plan Rosetta après un an1, et pour proposer des modifications à apporter à cette mesure. Ils se basent sur de nombreux indicateurs chiffrés dontcertains étaient encore inédits.
Les 55.000 conventions de 1er emploi signées jusqu’ici2 sont d’abord comparées aux évolutions du chômage des jeunes du public prioritaire. Le nombre dedemandeurs d’emploi de moins de 25 ans en Wallonie n’a diminué que de 1.956 unités. Pour le pays, le nombre de stages d’attente a diminué de 1.658, et le nombred’allocations d’attente de 1.067 (il augmente même en Wallonie). Pour les députés, « l’essentiel des conventions qui ont été conclues a doncété recruté dans un autre public ». En Wallonie, seul un jeune en plan Rosetta sur deux a au plus un diplôme du secondaire supérieur.
Le plan Rosetta marche proportionnellement beaucoup mieux en Flandre qu’en Wallonie. Pour les députés, « on peut déjà poser l’hypothèse d’un effetd’aubaine (ou de substitution) ». En plus, les conventions signées dans les entreprises bruxelloises ne le sont pas assez pour des jeunes Bruxellois : 1.771 Bruxellois, 4.663 Flamands et2.235 Wallons. Pour les députés, un certain biais est normal du fait que nombre de grandes entreprises qui ont leur siège social en Région bruxelloise ont dessièges d’activité ailleurs dans le pays, mais c’est la navette qui prime en permettant à la sélectivité des entreprises bruxelloises de jouer, audétriment des jeunes des quartiers de la capitale.
Le secteur public, quant à lui, ne montre pas l’exemple : 810 conventions ont démarré sur les près de 2.000 prévues. Quelque 303 sur 674 sont des anciensstages des jeunes en train de finir (A.R. 230) et 259 sur 642 sont liées à des « projets globaux » initiés par le fédéral. Et 248 sur 684 ont démarrédans le cadre d’accords de coopération avec les Communautés ou les Régions.
Le système des cascades entre publics prioritaires est trop flexible : seuls 30% des jeunes en plan Rosetta ont moins de 6 mois de chômage et moins de 25 ans. En mars, seuls 66 jeunesont trouvé en Wallonie un emploi Rosetta à la suite d’un parcours d’insertion (ancien Plan d’accompagnement des chômeurs). Parmi les conventions Rosetta, 56,8%ont permis de recruter des jeunes de la première cascade, soit des moins de 25 ans quel que soit leur diplôme. 12,7% ont utilisé la seconde cascade (moins de 30 tous niveaux dediplôme confondus).
Les résultats engrangés sont aussi soulignés : l’objectif de 45.000 conventions est dépassé, 10% des entreprises non soumises au respect de quotasd’embauche sous convention Rosetta (PME de moins de 50 travailleurs) utilisent la mesure, 45% des jeunes ont un CDI, et plus de 20.000 jeunes peu qualifiés ont accédéà leur premier emploi.
Les propositions suivent pour resserrer cette politique sur son objectif de donner aux jeunes peu qualifiés l’accès à leur premier emploi.
> Positionner les services publics de l’emploi dans la rencontre offre-demande d’emplois Rosetta pour limiter la surqualification.
> Mettre en place le droit au bilan de compétences.
> Rendre plus rigoureuse la notion de pénurie de main-d’œuvre qui permet de faire jouer les cascades entre publics prioritaires.
> Insister sur la catégorie prioritaire en faisant glisser des exonérations de charge de personnes plus qualifiées vers de moins qualifiées ou qui sortent de parcoursd’insertion.
> Faire demi-tour sur la décision du gouvernement de permettre que les demandeurs d’emploi de plus de 45 ans soient pris en compte pour le calcul du quota que les entreprises doiventsatisfaire dans le cadre du plan Rosetta.
> Développer la filière des emplois Rosetta en alternance qui reste pratiquement inutilisée. L’utiliser pour uniformiser les statuts de l’alternance.
> Adapter les procédures et majorer les primes pour les très petites entreprises.
> Assortir toutes les conventions d’un volet formation.
1 Paul Timmermans.
2 Ce chiffre inclut une quinzaine de milliers de stages des jeunes encore en cours début 2000 et un bon millier de contrats assimilés aux emplois Rosetta, comme les stages RAC dans laconstruction.

Thomas Lemaigre

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