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Regard critique · Justice sociale

Vu de Flandre

Devenir plombier en prison

La prison d’Audenarde (Oudenaarde) a mis en place à l’automne dernier une formation professionnelle de plombier. Organisée par des externes, cette formation offre davantage deperspectives de réinsertion.

10-07-2011 Alter Échos n° 319

La prison d’Audenarde (Oudenaarde) a mis en place à l’automne dernier une formation professionnelle de plombier. Cette formation est organisée par des centres de formation pouradultes extérieurs à l’univers carcéral. Cette année, ils seront vingt-six à obtenir leur diplôme, avec des perspectives de réinsertion nettement plusgrandes que les autres détenus.

La prison d’Audenarde, en Flandre orientale, accueille surtout des prisonniers de longue durée, ayant commis des faits relativement lourds. Parmi eux, par exemple, Hans Van Themsche, auteurd’une équipée meurtrière raciste dans les rues d’Anvers en mai 2006. On ne saura pas s’il fait partie des 26 détenus fraîchement diplômés, trois deceux-ci seulement ayant accepté de témoigner et ce, sous couvert d’anonymat. Ces trois prisonniers exécutaient au départ leur peine à la prison de Bruges. Ils ontété transférés à celle d’Audenarde dans le but de pouvoir suivre la formation. « J’ai immédiatement trouvé ça intéressant. Ily a pour l’instant pénurie en matière de plombiers. Et ces types gagnent bien leur vie. En plus, quand on sortira d’ici, on sera également capables de faire toutes lesréparations chez nous », déclare Eddy. Pour en arriver là, les trois hommes ont dû réussir une procédure de sélection, consistant en unentretien d’évaluation des motivations, complété par des examens de mathématiques et de néerlandais. Parfois, d’autres motivations se sont ajoutées : lafamille de Frank habite plus près de la prison d’Audenarde que de celle de Bruges.

Les trois prisonniers ont eu cours depuis septembre à raison d’une journée par semaine, le lundi. Désavantage : une petite perte de revenu. « Normalement, noustravaillions dans la cuisine de la prison ou à l’entrepôt et, ce jour-là, nous avons donc dû renoncer à une partie de nos revenus. Cela représente un manqueà gagner de 20 à 30 euros par mois », expliquent-ils. Une somme qui peut paraître dérisoire mais qui représente beaucoup en termes de cigarettes ou deminutes d’appel téléphonique dans l’univers carcéral. « Certains détenus ont aussi besoin de tout l’argent qu’ils peuvent récolter pour pouvoirdédommager leurs victimes », ajoute un autre.

Formateurs extérieurs

Une plate-forme, baptisée Consortium X, a été créée pour coordonner la formation en plomberie. Elle regroupe différents centres de formation pour adulteset le Centre d’éducation de base de la région sud de Flandre orientale. Quant à la formation, elle est assurée par le Centre d’enseignement pour adultes (CVO) De VlaamseArdennen et l’Ecole libre du soir Zuid-Oost Vlaanderen. Le professeur, Hugo Willekens, donne cours aussi bien en prison qu’à l’extérieur et trouve ces élèves-ci« plutôt plus motivés » que ceux du monde extérieur. Donner cours en univers carcéral ne lui pose pas de problème particulier. Là commeailleurs, il fait régner un minimum de discipline et le monde de la prison ne lui fait pas peur, « sinon il vaut mieux ne pas commencer ».

Pour le directeur de la maison d’arrêt d’Audenarde, Hans Claus, ce type de formation a un autre avantage : il aide également les détenus qui y prennent part àstructurer leur vie. « Ils doivent se lever le matin pour prendre part à leur formation, tout comme ils devront le faire, une fois à l’extérieur, pour allertravailler. » Hans Meurisse, le directeur général des établissements pénitentiaires, est très positif : « Ces détenus vont seretrouver sur le marché du travail avec un diplôme reconnu. Leurs chances de réintégration sont donc bien plus grandes. » Selon lui, près de 60 % desdétenus suivent déjà l’une ou l’autre formation, les cours de langues ou d’informatique étant les plus populaires.

Après les vacances, les détenus qui ont suivi la formation de plombier enchaîneront avec une formation d’installateur de chauffage central. « Auparavant, nousétudiions beaucoup moins. Mais nous sommes devenus plus sages ici », conclut Frank avec un clin d’œil.

D’après De Morgen et De Standaard

Pierre Gilissen

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