Le Conseil supérieur de l’emploi (CSE) regroupe, au niveau fédéral, scientifiques et hauts responsables d’organismes socioéconomiques comme la Banque nationale, leBureau du plan, I’ONEm, le Forem, etc. Il publie des avis et un rapport annuel. 1
Cette année, comme il y a un an, ce rapport s’ouvre par une description détaillée des évolutions récentes de l’emploi et du chômage. Le CSE insiste sur lefait que la conjoncture économique permet aujourd’hui une croissance lente de l’emploi, mais que » la hausse du nombre de travailleurs à temps partiel est à peu prèséquivalente à l’augmentation du nombre total d’emplois
« . Le CSE voit en cette tendance une manière de redistribuer la quantité de travail disponible, et donc d’augmenter le taux d’emploi 2 de notre économie.
Ce rapport tente, tout en constituant une description essentiellement économique de la question de l’emploi, de travailler avec des concepts encore peu utilisés en Belgique.
Par exemple, envisageant la question des taux d’emploi et de non emploi, il divise en deux la catégorie des » inoccupés « : d’une part, les demandeurs d’emploi » effectifs « ,caractérisés par leur disponibilité immédiate sur le marché du travail (qui représentent 5% de la population en âge de travailler); d’autre part, les « autres inoccupés « , 5% aussi de la population en âge de travailler, qui comprend principalement les femmes qui ne sont actives que dans la sphère domestique et les chômeursnon demandeurs d’emploi ou non immédiatement employables (chômeurs dont le nombre » résulte principalement de décisions gouvernementales
» par lesquelles sont créés » des régimes spécifiques de retrait du marché du travail « ).
Autre approche originale, le rapport propose aussi une grille de lecture assez fine de » I’inadéquation » offre-demande sur le marché de l’emploi. Plusieurs causes sonténumérées.
•
Des problèmes de mobilité géographique: les demandeurs d’emploi ne résident pas nécessairement aux endroits où les emplois se créent. Obstaclesà la mobilité: manque d’infrastructures, coûts des déménagements, croissance du nombre de ménages à deux revenus.
• Les politiques de gestion des ressources humaines des entreprises sont trop souvent » inadéquates « , définissant des profils trop exigeants des travailleurs àembaucher.
• La qualité médiocre de certains postes de travail (horaires, cadences), non compensée par des avantages salariaux, détourne les demandeurs d’emploi de certainssegments du marché du travail.
• Evidemment souligné aussi, le manque de qualifications » de certains groupes de la population active
« .
D’où des propositions en matière d’uniformisation des mécanismes de reconnaissance des qualifications et de renforcement de la formation de base, des formations qualifiantes desdemandeurs d’emploi et des formations continuées des travailleurs. Mais aussi des propositions en termes de nouvelles missions pour les agences publiques de placement: interventions sur desquestions de mobilité géographique, accompagnement des entreprises dans la définition précise de leurs besoins de qualifications, etc.
Ce rapport aborde évidemment de très nombreuses questions. Soulignons-en encore une: » Le marché du travail est-il dual en Belgique ?
» En segmentant par âge, par sexe et par diplôme les » demandeurs d’emploi effectifs « , le constat d’une situation beaucoup plus favorable en Flandre qu’en Wallonie et surtout qu’àBruxelles s’impose. Et s’accentue. Alors que le profil des » autres inoccupés » est relativement semblable dans les trois Régions.
En conclusion: d’une part, les Régions suivent des évolutions divergentes, et d’autre part, une large poche de chômeurs écartés du marché de l’emploisubsisterait indépendamment des fluctuations du nombre d’emplois.
1 CSE, c/o Secrétariat général du ministère de l’Emploi et du Travail, rue Belliard 51 à 1040
Bruxelles, tél.: 02/233 40 41, fax: 02/233 44 88.
2 Le taux d’emploi est le rapport entre le nombre de personnes qui ont un emploi et le nombre de personnes en âge de travailler.
Archives
« CSE : « Le marché du travail est-il dual en Belgique ? » »
Alter Échos
10-05-1999
Alter Échos n° 52
Alter Échos
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