Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Archives

Changer le regard des femmes sur elles-mêmes avec "Plurielles"

Nichée à Aiseau dans la Basse Sambre depuis 2001, l’asbl « Plurielles » 1 offre aux femmes un espace où trouver et retrouver un équilibre sur tous lesplans de la santé : psychique, physique, émotionnel, relationnel, sexuel, affectif, environnemental. « Aborder la santé dans sa globalité, sans compartimentage, sansdécoupage en morceaux » 2, c’est l’ambition de ce groupe qui propose « d’ouvrir les femmes sur une autre vision d’elles-mêmes en travaillant enramifications. Faire un travail sur leur vie, leur histoire, apprendre à savoir qui elles sont. »

27-07-2004 Alter Échos n° 168

Nichée à Aiseau dans la Basse Sambre depuis 2001, l’asbl « Plurielles » 1 offre aux femmes un espace où trouver et retrouver un équilibre sur tous lesplans de la santé : psychique, physique, émotionnel, relationnel, sexuel, affectif, environnemental. « Aborder la santé dans sa globalité, sans compartimentage, sansdécoupage en morceaux » 2, c’est l’ambition de ce groupe qui propose « d’ouvrir les femmes sur une autre vision d’elles-mêmes en travaillant enramifications. Faire un travail sur leur vie, leur histoire, apprendre à savoir qui elles sont. »

Des violences visibles et invisibles

« La précarisation à la fois psychologique, so-ciale et financière des femmes dans la région nous a donné un choc. Une migration importante et toutessortes de facteurs culturels, sociaux et historiques sont générateurs d’une grande richesse. Mais nous constatons aussi une violence énorme causée notamment par lemachisme », explique Barbara Van Yseren, intervenante psycho-relationnelle.

« Les femmes se dépensent dans une hyper-activité qui a des retombées symptomatiques et somatiques. Une étude a calculé que les hommes effectuent destâches ménagères pendant seulement 11 minutes par jour. Nous travaillons avec elles pour qu’elles élargissent leur champ de liberté et qu’ellesretrouvent leur libre arbitre. Nous travaillons aussi au niveau des croyances familiales et de l’éducation. »

« Les 95% des femmes qui viennent ici ont subi une violence : inceste, viol, abus dans le couple, maltraitances conjugales, violences familiales. Mais il y a aussi des violences invisibles,les violences psychiques, le mépris, le non-respect. On constate souvent une dépendance amoureuse très forte qui a pour conséquence un manque de respect. Même lestrès jeunes filles entrent dans un processus de dépendance amoureuse. Le rêve de Cendrillon fait encore partie des mythes non dépassés. Et cela ne se trouve pasuniquement dans les milieux sociaux précarisés », témoigne Nathalie Vilain, intervenante en santé holistique.

Une méthodologie qui vise à l’autonomie

Individuellement ou à travers des groupes de parole3, les intervenantes offrent un accompagnement qui se veut différent d’une psychothérapie. Dans un premier temps,« il s’agit de permettre à la personne de déposer sa souffrance ou ses difficultés et d’en parler ». Ensuite, lorsqu’elle est prête, unétat des lieux de sa situation est effectué. Puis il y a un travail de décodage des attitudes, habitudes et comportements ainsi que la gestion des émotions pour parvenirà la confiance en soi. La méthodologie vise à l’autonomie et à la prise de conscience « que la femme est auteure, créatrice et actrice de sa vie». Et à utiliser ses propres ressources en sa faveur tout en changeant son regard sur elle-même en même temps que le regard des autres sur elle.

En plus des entretiens psycho-relationnels, l’asbl propose des entretiens psycho-corporels, de la relaxation, du toucher thérapeutique, de la sophrologie. « Les femmes qui ontsubi une agression physique, nous les aidons à reprendre contact avec leur schéma corporel. Par le toucher, on parvient à libérer les tensions. Elles ont l’occasiond’expérimenter leur ressenti, ce qui provoque des changements en elles et sur leurs territoires de vie, un peu comme des ondes », explique Nathalie Vilain, formée ennaturopathie.

Le travail en réseau et en partenariat permet à l’asbl de faire de la prévention en entrant dans les quartiers ou en faisant des conférences sur desthématiques spécifiques. « Plurielles » aimerait également à terme répondre aux parents démunis vis-à-vis des institutions scolaires, faceaux violences à l’école et au phénomène de racket. « C’est difficile à mettre en place car il y a une loi du silence et les parents ont peur deparler », affirme Barbara Van Yseren.

Un seul regret : que les femmes du voisinage n’osent pas franchir la porte de l’asbl, sans doute à cause de la trop grande proximité.

1. Plurielles, rue Lambot, 87/3 à 6250 Aiseau – tél. : 071 77 02 31 – GSM : 0497 40 76 59 – courriel : plurielles@skynet.be – Une participation aux frais estdemandée.
2. Concept de santé holistique.
3. Un groupe de parole sur la dépendance amoureuse s’est déroulé en 2003-2004 et un groupe de paroles post-traumatiques pour femmes et jeunes filles est enpréparation.
4. Les intervenantes de Plurielles sont en formation continue de conseillère conjugale à l’Institut provincial de formation sociale à Namur.

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)