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Cefa : des difficultés de mise en œuvre, en attendant une première évaluation

Cela fait maintenant bientôt deux ans que la réforme des centres d’éducation et de formation en alternance (Cefa) a été mise en place. Un de ses pointscentraux consiste dans la distinction de deux formes d’alternance, conformément à ce que prévoyait déjà le décret Mission de 1997, les « articles49 » et les « articles 45 ».

28-07-2005 Alter Échos n° 143

Cela fait maintenant bientôt deux ans que la réforme des centres d’éducation et de formation en alternance (Cefa) a été mise en place. Un de ses pointscentraux consiste dans la distinction de deux formes d’alternance, conformément à ce que prévoyait déjà le décret Mission de 1997, les « articles49 » et les « articles 45 ».

> Les parcours de formation en alternance organisés sur le mode de l’article 49 permettent aux élèves du Cefa d’acquérir les mêmes titres quel’enseignement de plein exercice : la qualification et le certificat d’enseignement secondaire supérieur. Ces parcours adoptent donc les nouveaux profils de formationdéfinis pour l’enseignement technique et professionnel par la Commission communautaire des professions et des qualifications (CCPQ).

> Les articles 45 organisent, selon les besoins des entreprises et du marché du travail en général, des formations plus pointues sanctionnées uniquement par desqualifications spécifiques.

Articles 45

Les responsables politiques ont adopté la réforme sans attendre ces qualifications spécifiques : elles devaient être définies par la CCPQ, l’organe deréférence qui regroupe les partenaires socioéconomiques (au premier chef, les entreprises) et le monde de l’enseignement. Problème : deux ans plus tard, ils ne sonttoujours pas là, alors qu’une partie des Cefa ont appliqué pleinement la réforme en organisant, à côté des articles 49, des articles 45 qui,pensaient-ils, seraient sanctionnés par des décisions ultérieures. Seuls les Cefa du libre confessionnel se sont engagés dans cette voie : ceux du réseau de laCommunauté française n’ont organisé que du 49 et ceux des communes et des provinces en sont restés prudemment à la situation antérieure à laréforme.

Comment expliquer ce retard ? Le monde de l’entreprise et l’école ont manifestement eu bien du mal à se mettre d’accord sur les articles 45 des Cefa. Parce que laCCPQ a d’abord dû achever de définir les profils de l’enseignement technique et spécialisé (les articles 45 venant compléter de manière pointuel’offre de formations organisées plus structurellement). Peut-être aussi à cause de la spécificité des articles 45 censés coller davantage auxréalités économiques et professionnelles pointues : l’accord sur leur pertinence est plus difficile à atteindre, soulignent les coordonnateurs de Cefa du libre.Ceux-ci avancent aussi « le manque d’enthousiasme de certains secteurs ». D’autres évoquent aussi le fait que le principal architecte de la réforme, Jacky Leroy,ancien directeur général de l’enseignement obligatoire, a quitté sa fonction quelques mois après la mise en place de la réforme.

Toujours est-il que les coordonnateurs de Cefa ont vu arriver avec angoisse la fin de l’année : sans profils définis, les élèves qui vont bientôt terminerun cycle ne bénéficieront pas du certificat de qualification spécifique promis… Les coordonnateurs ont donc écrit au ministre Pierre Hazette, en mars et en mai,pour lui demander « d’établir une formule provisoire d’un certificat de qualification spécifique ». « Ce certificat “provisoire” n’auraitd’autre valeur que symbolique. Il ne serait pas authentifié par la Communauté française, mais pourrait être remplacé par le certificat“définitif” une fois le profil approuvé. De la sorte, l’élève n’est pas pénalisé par les problèmes internes à lastructure de l’enseignement », argumentent-ils.

Des profils pour juin ?

Ce ne sera manifestement pas la solution adoptée : une réunion de concertation a eu lieu ce vendredi 16 mai entre le cabinet ministériel, la CCPQ, l’administration etles réseaux. Il en ressortirait que, pour le 15 juin, une trentaine de profils seraient approuvés par la CCPQ, le Conseil général de l’enseignement secondaire et legouvernement. Patrick Beaudelot, coordonnateur du Cefa d’Anderlecht1, explique que, de toute manière, face à ce conditionnel, les Cefa du libre préparent une attestationsymbolique commune. Ont-ils fait des promesses inconsidérées à leurs élèves ? « Tous les responsables savaient ce que nous faisions et l’approuvaient :après deux ans, les profils devaient être définis. »

Y a-t-il eu évolution du public des Cefa ? Comment s’organisent les formations ? Et les stages ? Une évaluation plus globale du fonctionnement de la réforme des Cefa,réalisée par le Service de pédagogie de l’ULg, devrait répondre en partie à ces questions et être présentée vers le 10 juin par leministre.

1. Rue Brogniez 170 à 1070 Bruxelles – tél. : 02 523 21 79.

Donat Carlier

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