Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Carrefour des générations : priorité à la mobilité des cheveux blancs

29-05-2009 Alter Échos n° 274

L’évènement « Carrefours des Générations » s’inscrivait autour de huit thèmes :
1. L’aménagement du territoire. 2. La culture et les loisirs. 3. L’emploi, la gestion des compétences, la conciliation entre travail et vie hors du travail. 4. Lamobilité et les moyens de communication. 5. L’interdépendances et l’entraide. 6. Les politiques publiques et les relations entre les âges. 7. La vie relationnelle etaffective. 8. Les passeurs de gestes, de mémoires et de traditions.

La manière dont se sont réparties les activités au sein de ces huit domaines est révélatrice, en soi, du défi de l’intergénérationnel.Sans conteste – et sans surprise – c’est le domaine de la culture et des loisirs qui comptait le plus grand nombre d’ambassadeurs : 395 sur les 650 figurant au programme. Lesdenrées rares étant les initiatives liées à l’emploi (29 ambassadeurs), à l’aménagement du territoire (38 ambassadeurs) et à la questionde la mobilité (42 ambassadeurs).

Soit une réalité à l’image de ce qui se vit dans les communes. Rares sont celles, en effet, mettant à disposition une navette sociale ou autre moyen de transportspécifique permettant aux personnes âgées dont la mobilité est réduite – sans pour autant qu’elles soient considérées comme handicapées -de pouvoir se déplacer facilement. Pourtant, il s’agit d’un besoin essentiel si l’on veut permettre aux aînés de continuer de participer à desactivités de leur choix et, ce faisant, de garder des liens sociaux.

La thématique de l’emploi était aussi très peu représentée. Pourtant, à l’heure où la crise économique conduit à denombreux licenciements et alors même que depuis quelques années, le personnel ayant une grande ancienneté est de plus en plus conduit vers la porte de sortie, la question del’intergénérationnel au travail ne manque pas de se poser.

Enfin, pour ce qui est de l’aménagement du territoire, il semblerait que ce soit davantage le privé, plutôt que les communes, qui propose des projets de lotissementsintégrant une dimension intergénérationnelle.

Joindre les actes aux discours

En coulisse, l’initiative de la Fondation Roi Baudouin n’a pas manqué de susciter le débat autour de la participation, ou non, de sa commune. À Philippeville, parexemple, un animateur local incontournable regrettait « la compétition qui s’est installée afin de devenir la commune qui afficherait le plus grand nombred’ambassadeurs. Cela a entraîné une grande dispersion des activités, pas toujours en lien avec l’intergénérationnel et in fine une faibleparticipation à chacune d’elles. »
À Namur, c’est la déception de ne pas voir la capitale wallonne participer aux « Carrefours des générations » qui dominait. Alors même quel’échevin des Affaires sociales et du troisième âge n’est autre que le président du Conseil consultatif des aînés. « Il adécidé que la Ville ne participerait pas, sans avoir consulté les aînés. Et le comble est venu quand, dans les jours qui suivaient, nous recevions le programmeélectoral du parti pour lequel il se présente en première place sur les listes de la Région, en étant pressenti comme ministre. Non seulement son parti vantaitl’intergénérationnel, mais il nous conviait à un colloque électoral sur ce thème », peste un membre du conseil d’administration d’uneassociation du troisième âge, apolitique et non confessionnelle, active dans l’intergénérationnel.

Pour ce qui est de la mobilité, cette même association a lancé, à la mi-mars, l’opération « Alerte trottoirs » visant à encourager lesaînés ayant chuté, ces derniers mois, à témoigner. « La plupart des trottoirs namurois sont dans un état lamentable et c’estrégulièrement que nous constatons qu’ils sont responsables de fractures peu banales chez les personnes déjà fragilisées par leur âge. Nous voulonsattirer l’attention sur cette question, d’autant que d’ici quelques années, un quart de la population aura plus de 65 ans », explique Fernande Demoulin.
Après que cette action ait été relayée par treize médias et que nombre de témoignages lui soient parvenus, c’est non sans satisfaction, quel’asbl initiatrice de l’opération découvrait que le conseil communal avait inscrit à l’ordre du jour de sa séance du 27 avril, un avenant de 14 milleeuros pour des réparations ponctuelles et localisées de trottoirs.

Preuve, si besoin est, que la société civile a un rôle essentiel à jouer, en se faisant un observateur de terrain de premier plan, en initiant des projets apportant uneplus-value sociale. Et en servant d’aiguillon pour une congruence entre le dire et le faire du monde politique.

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