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Regard critique · Justice sociale

Belgique = Démocratie ? Le débat est ouvert

« Notre société est confrontée à un déficit démocratique », c’est le message de la Platform Participation1, unréseau d’organisations francophones et flamandes2 qui ont comme objectif commun de rapprocher le politique du citoyen.

14-07-2009 Alter Échos n° 277

« Notre société est confrontée à un déficit démocratique », c’est le message de la Platform Participation1, unréseau d’organisations francophones et flamandes2 qui ont comme objectif commun de rapprocher le politique du citoyen.

Partant du modèle brésilien, où des expériences de démocratie participative ont prouvé leur efficacité sur l’amélioration de laqualité de vie des citoyens, la Platform Participation, ex « Groupe Participatie », vient de proposer aux autorités régionales un autre modèle degouvernance3. Objectif avoué ici : recréer du lien social dans un climat caractérisé par la méfiance. « Faire de la politique sembleparfois n’avoir pour autre but que de nuire le plus possible à l’adversaire plutôt que construire une société de concert, résument les membres de laplate-forme dans un communiqué directement adressé aux nouveaux élus. L’idéal à atteindre est la coproduction, un processus dans lequel toutes les partiesconcernées délibèrent ensemble de toutes les pistes du processus de décision, ayant pris connaissance de tous les éléments et aboutissent, ensemble, àune décision. »

Créée il y a quelques années, la Platform (en néerlandais) Participation (en français) se définit d’emblée comme un réseaunational représentatif et équilibré d’organisations et de personnes favorables à plus de participation. Au-delà des frontières linguistiques,l’idée est donc de donner la possibilité à chaque citoyen de participer à l’élaboration des politiques qui le concernent, d’affirmer desdésaccords, d’imaginer des solutions pour l’avenir. Et de faire du gouvernement un facilitateur de ce processus de coproduction.

« Un autre modèle est possible »

« Au Brésil, la population intervient sur les orientations budgétaires en accord avec les élus, réagit Patrick Bodart, coordinateur chezPeriferia4, membre de la plate-forme. Chez nous, avec les élections, pourquoi les accords de majorité ne sont-ils pas plus largement débattus ? Et est-cenormal que des projets d’envergure comme le réaménagement du site Tour & Taxis à Bruxelles ne soient pas discutés avec les habitants ? Même s’ily a parfois des enquêtes publiques, la plupart des décisions sont généralement déjà ficelées au préalable. »

Toujours selon le collectif, le processus de décision reste aux mains de certains groupes influents et difficiles d’accès : les technocrates, les parastataux, lesmédias. « Mais un autre modèle est possible », ajoute Patrick Bodart.

Pour ce faire, Platform Participation propose une série de mesures concrètes, à commencer par une charte de la participation qui, rédigée et signéepar les nouveaux gouvernements, décrirait les modalités d’intervention citoyenne : Quelles sont les règles du jeu de la participation ? Quel est le temps impartiet pour quel type de décision ? Comment transmettre une information suffisamment claire et complète ? Quel encadrement fournir aux participants ? Etc. Une« cellule transversale participation » viendrait apporter expertise et soutien aux différents départements et services de l’administration. Et il y auraitdes soutiens financiers à ces processus.

Autre question à se poser : Comment rendre ces pratiques effectives ? Un système devrait mesurer l’efficacité de la participation, insiste le collectif. Et lescommunes, les provinces, les CPAS, les sociétés de logements sociaux être associés à la charte. Et les autorités seraient obligées de s’adresserà un centre de ressources composé de conseillers indépendants.

Pour aujourd’hui, « le gouvernement peut prendre d’emblée le taureau par les cornes en soumettant son accord de gouvernement aux réactions de la population.Par une série de soirées de discussion, bien organisées, par commune ou par région, nous pouvons aisément préparer la politique des années àvenir », concluent les membres de la plate-forme. Ce système permettrait-il de faire participer les groupes peu habitués à prendre la parole et, dès lors, deconstruire une démocratie réellement participative ? Le débat reste ouvert.

1. Platform Participation
– courriel : contact@periferia.be
– site : www.platformparticipation.be
2. Habitat & Participation, Periferia, Bral, De Wakkere Burger et Samenlevingsopbouw Brussel sont les cinq membres fondateurs. Ils ont été rejoints, entreautres, par Tr@me, Atanor, Inter-Environnement Wallonie, Espace Environnement, etc.

3. La Plate-forme n’en est pas à son coup d’essai : de 2006 à 2008, elle a déjà organisé des ateliers et des visites d’initiatives exemplairesautour de la question de la participation, dans les trois Régions du pays.
4. Periferia:
– adresse : rue de la colonne, 1 à 1080 Bruxelles
– tél. : 02 544 07 93
– courriel : contact@periferia.be
– site : www.periferia.be

carolinec

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