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Regard critique · Justice sociale

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"Après un an d'existence, Proxi + compte neuf employés"

26-02-2001 Alter Échos n° 92

Au cours de l’année 1998, un groupe de réflexion de patrons hennuyers est arrivé, en réfléchissant notamment sur l’impact de l’objectif 1, à se mobiliserautour d’une volonté de développement local. Leur projet se distinguait par une intuition : lier qualité totale en entreprise et qualité de vie dans la région.Très vite était formulé le projet du Choq1, le Centre Hainaut occidental pour la qualité. Une charte est rédigée, signée par une centaine de personnesde Mouscron à Ath et un manuel reprenant les grandes orientations stratégiques définissant le type de projets à soutenir est édité. Depuis Choq a fait duchemin (projets en matière de formation, mobilité des travailleurs les moins favorisés, santé au travail, …) et a lancé en mars 2000, une coopérativeà responsabilité limitée et à finalité sociale, agréée comme entreprise d’insertion : « Proxi + »2. Son objet social ? : « … Rendre directement ouindirectement de multiples services aux entreprises, commerces ainsi qu’aux particuliers. »
Concrètement « Proxi + » globalise des besoins semblables dans une même zone géographique et mutualise les coûts entre les différents clients. « Les services rendus auxentreprises et aux particuliers doivent être personnalisés, de proximité, durables, marchands, additionnels, récurrents et soumis à une charte de qualité tantpour le personnel engagé que pour les clients », précise Jean Ronveaux, ancien cadre des 3 Suisses, aujourd’hui détaché de Choq pour mettre sur pied ce nouveau prestatairede services. On retrouve ainsi parmi les employés de Proxi + : un coursier, un homme d’entretien multitâches, un chauffeur de personnes, un clarckiste, un magasinier, une hôtessed’événement, une télé-secrétaire (pour du renfort secrétariat à distance) et tout prochainement, c’est un service repassage pour le personnel des 3Suisses et de Baxter qui devrait être créé.
La zone géographique d’activités de Proxi + couvre le Hainaut occidental, soit les communes de Lessines, Ath, Mouscron, Enghien, Tournai, Comines, etc. Logée dans des locaux misà sa disposition par 3 Suisses, Proxi + s’est financée grâce à l’apport de plusieurs entreprises de la région. Au total, la coopérative a ainsibénéficié de 7 millions en fonds propres et de 4 millions supplémentaires provenant de la Région wallonne. Aujourd’hui, l’entreprise a introduit une demande deprêt auprès de la Sowecsom, invest régional pour l’économie sociale, qui bien embarrassée a, semble-t-il, refusé de statuer sur le dossier et l’arefilé au Cwesma, le Conseil wallon de l’économie sociale marchande, dont Proxi + attend toujours à l’heure actuelle une réponse. De son côté, Crédal,coopérative de crédit alternatif, a également été approchée par la coopérative et a marqué son accord de principe pour un « prêtparticipatif » de 300.000 F, mais n’a plus depuis été recontactée par l’entreprise. Les 300.000 F n’ont donc à ce jour pas encore été versés.
La création d’emplois
Annonçant à sa création un potentiel de 50 emplois couvrant une multitude de métiers, Proxi +, qui fêtera sa première année d’existence ce 20 mars3,compte aujourd’hui neuf personnes (huit temps plein et un mi-temps) tous avec contrat à durée indéterminée pour une quarantaine d’entreprises clientes. Selon le planprévisionnel, la coopérative devrait atteindre quelque 17 emplois d’ici fin 2001, soit un engagement par mois. « Nous ne voulons pas travailler avec des sous-statuts, notre objectif estde créer des emplois durables, explique Jean Ronveaux. Nous nous distinguons ainsi d’autres prestataires de services comme les agences locales pour l’emploi, par exemple… » et d’ajouter : »Nous mettons un point d’honneur à ne pas nous substituer à un emploi déjà créé et nous veillons à ne jamais empiéter sur un marchéexistant, c’est ainsi que nous refusons, par exemple le nettoyage de bureaux, le catering ou encore la tonte des pelouses. » Des principes certes louables mais qui semblent ne convaincre quepartiellement les syndicats, attentifs notamment au respect des conventions paritaires en vigueur dans chacun des secteurs d’activités prestées par Proxi +. Jusqu’àprésent, la coopérative respectait la CP 218 pour ses employés et la CP 100 pour ses ouvriers, quelles que soient leurs activités. Cette question de l’appartenanceà telle ou telle CP est actuellement à l’examen auprès de l’inspection des lois sociales.
Parmi les partenaires privilégiés de Proxi + pour la sélection des candidats : le T intérim et les opérateurs d’insertion. La plupart sont minimexés ouchômeurs et reçoivent si nécessaire une formation auprès d’un organisme agréé, selon la fonction à occuper. Une formation du personnel à ladémarche qualité, animée par Jacques Moulin de chez Baxter, est également assurée en interne en partenariat avec Espace Formation. L’heure de service estfacturée entre 800 et 900 F/heure au client, le tout sous forme de package : service presté, outillage et assurance compris. Le prestataire quant à lui estrémunéré entre 56.000 et 60.000 F bruts par mois pour un temps plein.
« Notre hypothèse de départ repose sur le fait que de nombreuses entreprises ont des besoins à la périphérie de leur activité principale, comme des petitsboulots manuels ou administratifs, récurrents et de faible amplitude mais qu’elles n’ont pas nécessairement les moyens pour engager un homme à tout faire à temps plein,par exemple, ou un coursier, explique Jean Ronveaux. Il suffit donc que plusieurs entreprises aient le même type de demandes dans la région et on peut mutualiser les coûts, c’estlà que nous intervenons. La partie commerciale consiste donc pour nous à repérer les niches potentielles et à aller démarcher auprès des entreprises en leurproposant nos services via devis. » Une démarche commerciale soutenue par l’expertise de commerciaux de sept entreprises du voisinage qui passe une heure par mois avec l’équipe de Proxi+ pour les aider à se positionner sur le marché. « Nous en sommes aujourd’hui à une quarantaine de clients réguliers, complète Jean Ronveaux. On peut dire que,pratiquement un an plus tard, notre postulat de départ est devenu constat. »
Quant à savoir si l’entreprise serait rentable sans subsides, l’homme n’ose encore se prononcer : « Nous n’en sommes encore qu’aux prémisses : le premier pallier de croissance est encours de certification. Dès le mois de juin 2001, nous devrions savoir si l’entreprise peut s’autonomiser financièrement. »4
1 Choq, rue du Follet, 2b à 7540 Kain, tél. : 069 25 71 12, fax : 069 25 71 39, e-mail : choq.asbl@honet.be, président : Michel Foucart, coordinateur : Robert Vangeneberg.
2 Proxi +, chée de Lille, 11 à 7501 Orcq, ou Place Motte, 49 à 7700 Mouscron, tél. : 056 34 02 48, fa
x : 056 34 39 77.tél. : 069 88 23 41, fax : 69 88 23 55, e-mail: proxiplus@3suisses.be, président : Vincent Favier, contact : Jean Ronveaux.
3 La coopérative n’a été réellement opérationnelle qu’à partir de mai 2000.
4 Cette question comme les autres que nous relayons ici traduisent le fait que Proxi+ dérange le secteur de l’économie sociale. Si les critiques fusent en off, nous n’avons cependanttrouvé personne pour aller plus loin à visage découvert…

catherinem

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