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Amener un maximum d’enfants vers les compétences de base

La rentrée 2008 sera décidément riche en chamboulements. Après le décret sur les inscriptions (cf. Alter Échos n°240), celui sur le premierdegré différencié devrait s’appliquer dès septembre prochain. Une nouvelle étape majeure du Contrat pour l’école.

30-11-2007 Alter Échos n° 241

La rentrée 2008 sera décidément riche en chamboulements. Après le décret sur les inscriptions (cf. Alter Échos n°240), celui sur le premierdegré différencié devrait s’appliquer dès septembre prochain. Une nouvelle étape majeure du Contrat pour l’école.

Près d’un enfant sur six ne maîtrise pas les savoirs de base à la sortie de l’école primaire. C’est pour ne pas laisser ces enfants sur le bord duchemin que le 14 novembre dernier, le Parlement de la Communauté française a adopté le décret de la ministre Marie Arena sur l’enseignement différencié(voté à la majorité PS-CDH contre opposition). Il entrera en vigueur à la rentrée 2008 avec une phase de transition jusqu’en septembre 2009.Jusqu’à présent, les écoliers qui n’avaient pas obtenu le Certificat d’études de base (CEB) se retrouvaient dans une 1ère accueil avantd’être orientés, de manière quasi systématique, vers une 2e professionnelle. Concrètement, le nouveau décret a pour but de permettre àces enfants de suivre un parcours différencié, pendant trois années maximum, afin d’obtenir le CEB. À chaque année dans le parcours différencié,s’ils obtiennent leur CEB, ils peuvent réintégrer l’enseignement général ou opter pour le professionnel ou technique.

L’objectif du texte est louable : donner la possibilité aux enfants, quelles que soient leurs difficultés à la fin de l’école primaire, de poursuivre unescolarité choisie. En clair : éviter qu’ils ne s’inscrivent dans une école professionnelle sans réelle motivation, ce qui a pour effet, par ricochets, dedévaloriser l’enseignement professionnel, considéré comme une filière de relégation.

Inquiétudes dans les rangs enseignants

Du côté d’Infor-Jeunes, on se félicite de cette nouvelle étape qui marque une volonté d’amener une majorité d’élèves versla maîtrise des socles de compétences. « Cela va aussi dans le sens d’une revalorisation de l’enseignement technique et professionnel, car actuellement, on y orienteessentiellement des enfants en situation d’échec. En augmentant les compétences générales des élèves, sur les plans de la réflexion et del’abstraction, on leur permet aussi de poser un choix plus réfléchi quant aux filières qu’ils comptent suivre », estime Eric Bruggeman, de la permanencejuridique de l’association. Dans ces classes prévues pour une dizaine d’élèves, les cours sur les savoirs de base seront renforcés avec 8 à 10périodes pour le français-histoire-géographie et 6 à 11 périodes pour l’enseignement des mathématiques.

Les enfants qui ont obtenu le CEB, mais qui éprouvent des difficultés en première générale, pourront aussi passer par une année complémentaire deremédiation entre la première et la deuxième année, ou entre la deuxième et la troisième. Quant aux enfants qui n’auront pas obtenu le CEB àl’âge de 14 ans, soit ils poursuivront une troisième année dans une classe différenciée, soit ils passeront par une classe « ADO », année dedifférenciation et d’orientation qui devrait leur permettre de déterminer dans quelle filière professionnelle ils souhaitent s’engager. Cette possibilitésuscite quelques interrogations chez Infor-Jeunes. « Cette classe dépendrait administrativement de la 2e année et les écoles n’auront pasl’obligation de l’organiser. Avec le Collectif pour une école ouverte, nous allons rester très vigilants quant aux modalités pratiques de ce nouveau décret,même si nous le jugeons globalement positif. »

Mais la réforme ne fait pas que des heureux et certains parents et enseignants s’inquiètent. Car, de facto, le choix d’une filière professionnelle outechnique s’opèrera plus tard dans le parcours scolaire de l’enfant. D’aucuns craignent donc que certains subissent des échecs répétésjusqu’à l’âge de 14 ans – avec ce que cela suppose de découragement et de perte de l’estime de soi– avant de pouvoir opter pour une filièreprofessionnelle qu’ils auraient pu choisir deux ans plus tôt. « Nous voyons aux inscriptions des gamins qui sont heureux d’arriver enfin chez nous pour avoir de la pratique.Avec leur CEB, on leur casse leur rêve… », écrit un professeur d’un collège technique et professionnel1. « Il existe des élèves qui nerêvent que d’études professionnelles. Attendre deux ans est pour eux un calvaire. De quoi les dégoûter de l’école […]. Non seulement, on leurenlève d’autorité cette possibilité mais en plus dans leur formation pratique, on leur ôte deux ans de formation », relève un autre. Des parentss’interrogent aussi sur la pertinence d’une mesure qui arrive en fin de parcours primaire et sur la formation que recevront –ou pas– les professeurs des classesdifférenciées.

Des questions qui devront être résolues très rapidement si l’on veut éviter de connaître le même cafouillage qui entoure la mise en application del’autre décret phare de cette rentrée, celui sur les inscriptions2.

1. Réactions au décret sur www.enseignons.be
2. Les inscriptions devant se faire à partir d’un jour fixe dans le premier degré du secondaire, sa mise en œuvre pour la rentrée 2008 a suscité desinquiétudes chez les parents, certains n’hésitant pas à passer la nuit devant l’école pour être les premiers lors de l’ouverture des listesd’inscriptions, ou à inscrire leur enfant dans plusieurs écoles. Face à ces difficultés annoncées, le MR a déclaré qu’il déposeraitune proposition de décret pour tenter d’annuler le décret Inscriptions.

aurore_dhaeyer

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