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Regard critique · Justice sociale

Santé

Médibus roule pour les sans-abri et les toxicomanes

La Wallonie compte sept centres régionaux d’intégration situés à Namur, Liège, Verviers, La Louvière, Mons, Charleroi et Tubize. Un huitième devrait bientôt voir le jour en Province du Luxembourg.

Depuis deux mois, Médecins du monde lance avec Dune une expérience inédite sur le plan médical : son Médibus circule dans la capitale, avec le matériel indispensable pour soigner les sans-abri mais aussi avec des seringues neuves et du matériel stérile pour les toxicomanes.

Les plaques de cuisson sont toujours là comme pour rappeler qu’on est bien dans un mobil-home conçu pour les vacances. Mais le Médibus piloté par les infirmiers bénévoles de Médecins du monde et les travailleurs sociaux de Dune ne circule que dans le centre de Bruxelles. À son bord, des seringues neuves, des boissons chaudes, des médicaments. Le Médibus est là pour prodiguer les soins de base à ceux qui vivent dans la rue mais c’est aussi un comptoir d’échange de seringues pour les toxicomanes, conçu pour prévenir et diminuer les risques liés à la consommation de drogues.

L’association Dune (dépannage d’urgence de nuit et échanges) dispose déjà d’un lieu d’accueil près de la Porte de Hal mais l’idée d’aller à la rencontre des personnes les plus désocialisées et donc les plus vulnérables s’est imposée et avec elle, très logiquement, le partenariat avec Médecins du monde. Ensemble, ces deux ONG ont lancé le projet du Médibus, un centre médical itinérant, en novembre 2013. Leur but commun : atteindre un public qui ne fréquente pas les centres de soin classiques.

Le Médibus est garé à proximité des gares et des endroits connus pour être des lieux de vente et de consommation de stupéfiants. Il n’est jamais « trop visible », précise Genevière Loots, coordinatrice du projet Médibus pour Médecins du monde. Les infirmiers et les travailleurs sociaux vont d’abord à la rencontre du public cible pour l’amener vers cet espace de soins ambulant. Les sans-abri et les toxicomanes sont des publics différents mais, pour le moment, constate Geneviève Loots, « l’un n’exclut pas l’autre ».

350 seringues distribuées

Le Médibus circule deux fois par semaine. Le lundi soir près de la gare Centrale et le jeudi, place de Ribaucourt à Molenbeek puis, à proximité de la gare du Nord. Le mardi matin, un médecin et des infirmiers de Médecins du monde se rendent aussi au Béguinage pour soigner les Afghans qui occupent l’église. « Le projet est nouveau et les horaires vont sans doute devoir être revus en fonction des remarques des toxicomanes. Ceux-ci évitent de sortir et de consommer quand l’obscurité est tombée », poursuit la coordinatrice. Les gens viennent avec des demandes d’ordre purement médical. Pas plus, pas moins. Certains exigent parfois de recevoir des médicaments, qui ne sont pas disponibles dans le bus. « Il y a parfois un peu de violence verbale, sans plus. » La police de la SNCB n’est jamais loin et l’équipe a appris à gérer ces situations de conflits.

Le Médibus n’a pourtant pas qu’une fonction purement médicale. « Il s’agit aussi d’aider les personnes à retrouver confiance dans les structures existantes pour qu’elles se rendent elles-mêmes dans une maison médicale ou dans un centre d’aide aux toxicomanes. » Depuis novembre, environ 35 personnes différentes ont été prises en charge dans le Médibus et 350 seringues ont été distribuées. « Cela ne fait que commencer », insiste Geneviève Loots.

À moyen terme, le Médibus pourrait assurer des tests de dépistage du sida. Il voudrait aussi trouver sa place près de la gare du Midi. On lui cherche un emplacement qui ne « dérange » ni l’hôtel voisin ni les commerçants. Mais qui soit proche des lieux de consommation de drogues. Pas simple d’être « pas trop visible ».

 

En savoir plus

Médecins du monde : tél. : 02 225 43 00 – courriel : genevieve.loots@medecinsdumonde.be – site : http://www.medecinsdumonde.be

Martine Vandemeulebroucke

Martine Vandemeulebroucke

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