Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Petite enfance / Jeunesse

A Seraing, les jeunes en rupture sortent de « La débrouille »

A Seraing, le Service d’aide en milieu ouvert « La débrouille » a créé un projet pour les « jeunes en rupture ». Ceux qui, vers dix-huit ans, galèrent pour trouver une aide. Un projet facilité par l’appartenance de l’AMO au CPAS local.

16-12-2012 Alter Échos n° 351

A Seraing, le Service d’aide en milieu ouvert « La débrouille » a créé un projet pour les « jeunes en rupture ». Ceux qui, vers dix-huit ans, galèrent pour trouver une aide. Un projet facilité par l’appartenance de l’AMO au CPAS local.

A Seraing les jeunes ont le sens de la débrouille. C’est un peu cette image qu’a voulu défendre John De Vriese quand il a créé « La débrouille » dans les années ’80, qui n’était alors qu’une « maison ouverte à retaper ».

Depuis, le service est devenu une AMO[x]1[/x] comme les autres. Enfin, pas vraiment, car si La débrouille est financée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, son « pouvoir organisateur » est le CPAS de Seraing. Une originalité qui a permis de créer un projet spécifique pour les « jeunes en rupture ».

On sait que la transversalité est à la mode. La ministre de l’Aide à la jeunesse peut se targuer d’avoir fait signer un protocole d’accord entre Direction générale de l’Aide à la jeunesse et CPAS. L’ambition étant que les intervenants de terrain sachent à qui s’adresser lorsqu’un jeune demande une aide. Avec en ligne de mire, un objectif honorable : en finir avec les jeux de ping-pong entre institutions qui avaient parfois pour effet de mettre des jeunes à la rue faute d’avoir pu trouver une porte ouverte.

A La débrouille, on se situe dans un autre cadre, comme l’explique le directeur, John De Vriese : « Le protocole concerne essentiellement les autorités mandantes de l’Aide à la jeunesse et les CPAS. Les AMO ne sont pas des autorités. Les jeunes viennent volontairement demander de l’aide. Notre projet, c’est la prévention, pour éviter qu’ils terminent dans les circuits des autorités mandantes de l’Aide à la jeunesse. »

Les interventions de La débrouille visent les jeunes en rupture. Ou « borderline », ou « perdus dans un no man’s land ». Au choix. Elles visent en tout cas ceux qui ont plus de 17 ans et moins de 20 ans et qui ne savent pas trop à qui s’adresser, à quoi ils ont droit lorsqu’ils quittent le domicile familial en période de crise personnelle profonde. « Il s’agit de jeunes en rupture sociale, explique John De Vriese. Ils se retrouvent au bord de la société. Ils n’ont aucun repère. Certains risquent le sans-abrisme. Trouver un logement, trouver un soutien, une garantie locative, signer un bail, adresser une demande d’aide au CPAS sont pour eux des démarches complexes. »

Eviter le sans-abrisme

La plupart des demandes de ces jeunes concernent la mise en autonomie. John De Vriese nous donne un exemple : « A dix-sept ans et demi, un jeune demande une aide à l’autonomie à l’Aide à la jeunesse. Le temps de monter le dossier et d’obtenir une réponse, il aura plus de dix-huit ans et ne dépendra plus de cette administration. Il faut donc mettre en place des passerelles entre Aide à la jeunesse et CPAS. »

Des passerelles certainement plus facile à construire lorsque l’AMO fait partie de la structure CPAS. Ce que confirme le directeur de La débrouille : « Il existe au sein du CPAS de Seraing un comité spécial jeunesse, qui est en fait le conseil d’administration de l’AMO. Nous aidons le jeune à monter son dossier pour que le comité donne son aval à l’octroi d’une aide. » Une aide que le CPAS accepte de donner à certains jeunes de moins de dix-huit ans. De même, l’AMO qui, en théorie ne peut accompagner un jeune de plus de dix-huit ans, se permet des écarts avec ce principe dans le cadre du projet expérimental.

Le directeur de La débrouille espère un jour voir son idée transposée dans d’autres lieux : « Il y a parfois des blocages entre CPAS et Aide à la jeunesse. Mais notre idée, c’est de mettre en place un modus operandi sur « quand, comment et pourquoi » on va aider. Un modèle que l’on espère transposable. » Des démarches en ce sens se font à Liège où le CPAS a pris contact avec les AMO ; John De Vriese aimerait bien que ce projet soit décliné « en milieu rural, ou même à Bruxelles ».

Quant aux jeunes concernés par le projet – 25 à l’heure actuelle – l’AMO les fait se rencontrer de temps à autre. Afin qu’ils partagent leur expérience et des clés de compréhension des difficultés qu’ils traversent.

1. La débrouille :
– adresse : rue du Paray, 115 à 4100 Seraing
– tél. : 04 336 71 50
– courriel : john.devriese@seraing-cpas.be

Cédric Vallet

Cédric Vallet

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)