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Regard critique · Justice sociale

Surendettement : une spirale sans fin ?

Trop souvent réduites à leur situation financière, les personnes endettées ne sont pas toujours facile à accompagner.

03-12-2012 Alter Échos n° 350

Trop souvent réduites à leur situation financière, les personnes endettées ne sont pas toujours facile à accompagner. Différents services ontprésenté leur action au cours d’une conférence-débat « Education permanente et lutte contre le surendettement : Quelles synergies ? »,organisée le 13 novembre à Namur par les Equipes populaires.

Le surendettement touche d’abord et avant tout des personnes isolées (30,8 %), des familles monoparentales (33,8 %) et des demandeurs d’emploi (62 %) (statistiques BNB 2011).Pour Anne Defossez du Centre d’appui aux services de médiation de dettes de la Région de Bruxelles-Capitale, un constat s’impose pour expliquer le surendettement : laprécarité augmente en Belgique. « Trop souvent, on a tendance à schématiser en réduisant le surendettement au crédit. Mais cela faitdéjà quelques années qu’on constate qu’il n’y a pas que cela. Il y a vraiment une donnée de pauvreté et de grande précarité à prendre encompte. Le phénomène s’aggrave avec des situations de précarité qui touchent les jeunes, les retraités, des travailleurs. » D’ailleurs, l’une despremières causes de surendettement trouve sa source dans les accidents de la vie (maladie, perte d’emploi, faillite…), viennent ensuite les cas d’insolvabilité qui touchent despersonnes dont les revenus sont trop faibles pour faire face aux charges courantes.

Un rouleau compresseur

« Le surendettement, c’est un rouleau compresseur qui n’épargne personne », souligne Didier De Gauquier, enseignant à la Haute Ecole sociale en Hainaut. C’estalors une spirale sans fin pour la personne surendettée : isolement, dépression, culpabilité, dévalorisation de soi… « Quand l’assistant social posele constat du surendettement, il est trop tard. C’est un gouffre financier jour après jour. La sortie du surendettement est hypothétique, elle est étroite, c’est unaccompagnement très compliqué pour l’assistant social où le repos n’est pas d’actualité d’autant plus que le secteur manque de moyens et que l’on a tendance àréduire la personne endettée à sa seule situation financière », poursuit-il.

Pourtant, le surendettement ne doit pas être une fatalité. Sur le terrain, des initiatives sont prises par les acteurs sociaux pour accompagner ces personnes. C’est le cas au sein desEquipes Populaires1 où des groupes d’appui sont mis en place en partenariat avec des CPAS ou des services de médiation de dettes. « L’idée, c’est de partirdes situations des personnes endettées, des situations souvent dramatiques pour réfléchir ensemble à la lutte contre le surendettement, explique François Caudron,responsable des Equipes Populaires de Liège-Huy-Waremme. C’est d’abord un accompagnement pédagogique pour éviter à des personnes, qui sont en procédure demédiation de dette, de se réendetter, mais aussi pour les sensibiliser aux risques de la surconsommation, du crédit facile ou à ceux de la publicité, autant dedangers pour les personnes en difficultés financières. » Pour Sophie Bourguignon, du Service rural de médiation de dettes en Hesbaye, « l’objectif d’ungroupe d’appui, c’est d’abord et surtout de lutter contre le sentiment d’exclusion de la personne surendettée. Un sentiment très fréquent pour lequel un médiateur de detten’est pas toujours préparé. Avec un groupe d’appui, on peut veiller surtout à l’humanisation de la procédure. »

La peur de retomber

En cours de règlement collectif de dette, Alain fait partie du groupe d’appui. Pour lui, cette expérience fut extrêmement positive. « On peut parler de notreproblème en toute confiance, sans être jugé. Si je n’étais pas dans le groupe d’appui, je n’aurais pas pu relever la tête de mes problèmes financiers. Cetteexpérience fut une vraie prise de conscience, car j’ai pu affronter ma situation de surendettement non pas comme une fatalité, mais de façon positive en rencontrant les autres.Même si pour le futur, j’ai des craintes. J’ai peur de replonger, peur de retomber dans de nouvelles dérives. » La peur de replonger, c’est la crainte partagée par denombreuses personnes endettées. A tel point que l’on parle aujourd’hui de réendettement.

1. Equipes Populaires :
– adresse : rue de Gembloux, 58 à 5002 Saint-Servais
– tél. : 081 73 40 86
– courriel : equipes.populaires@e-p.be
– site : www.e-p.be

Pierre Jassogne

Pierre Jassogne

Journaliste (social, justice)

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