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Regard critique · Justice sociale

Vu de Flandre

Anvers : G4S s’occupera de l’accueil de sans-abri

Le Conseil du CPAS d’Anvers a rendu son verdict : la société G4S care s’occupera de l’accueil des sans-abri au foyer De Vaart. C’est la première fois en Belgique qu’une société de gardiennage sera en charge de l’accueil de sans-abri.

03-10-2016

Après les demandeurs d’asile à Gand, G4S va s’occuper des sans-abri à Anvers. Voilà le résultat du vote lors du Conseil du CPAS d’Anvers : l’agence de sécurité va exploiter le foyer d’accueil De Vaart à partir de juillet 2017. La décision tombe après l’annonce des résultats du rapport du jury. Deux organisations avaient présenté leur candidature : le CAW (actuel gestionnaire) et G4S care, coentreprise de l’agence de sécurité G4S et du groupe hôtelier Corsendonk.

Dans une opinion en ligne, le directeur général du CAW, Koen De Vylder,a remis en doute l’indépendance des membres du jury. Sur les 5 jurys, 4 travaillent au CPAS et seul 1 jury est externe. Michael Lescroart, le porte-parole du président du CPAS et échevin des affaires sociales Fons Duchateau (NVA), se défend: « Le comité de gestion du CPAS a sélectionné les membres du jury en toute indépendance et pour leur expertise ».

Dirk Avonts (Groen) a quant à lui signalé que les critères des jurys ne correspondaient pas à ceux décrits dans l’appel. On note, par exemple, dans le rapport que « le CAW n’accorde pas assez d’attention à la politique en matière d’agression et de sécurité » alors que ce critère ne figurait pas dans la description.

Dans le rapport, des points négatifs sont également attribués au fait que le CAW emploie des travailleurs sociaux avec une grande ancienneté. Les opposants à la venue de G4S trouvent cet argument infondé d’autant plus que G4S n’a pas d’expérience dans l’accueil des sans-abri. Michael Lescroart a confirmé le manque d’expérience de G4S tout en ajoutant que l’entreprise a un centre de formation dirigé à Gand, ce qui n’est pas inscrit dans la description.

Autre point de discorde : la gratuité des services. Dans des questions-réponses publiées en juin, le CPAS écrit : « Dans le centre [De Vaart], des services peuvent être offerts comme des repas légers ou des boissons, des consignes, etc. Un petit montant peut être demandé aux sans-abri pour ces services. » Le porte-parole de Duchateau explique : « Ce point sera détaillé dans le contrat et je ne connais pas les intentions de G4S, ils doivent soumettre le document d’ici la fin de l’année. » Ce contrat devra ensuite approuvé par le Conseil du CPAS.

Les arguments de l’opposition n’ont pas suffi à faire changer d’avis la majorité (N-VA, CD&V et Open vld). Après le vote, une dizaine de sympathisants du Vaart ont scandé : « Le travail social n’est pas à vendre ». Certains d’entre eux ont dû quitter la salle. Les larmes aux yeux, Dirk qui fréquente De Vaart depuis 10 ans, est déboussolé : « Tout va changer. Je suis triste, je ne sais pas ce qu’on va faire. »

 

Le moindre service social serait-il en train de devenir une marchandise comme une autre? La question était au centre d’Alter Échos dans son dossier spécial de juillet: «Tout est bon dans la privatisation?»

Aubry Touriel

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