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Regard critique · Justice sociale

Environnement/territoire

L’eau potable et le principe de pollueur-payeur

A partir de 2016, la tarification de l’eau sera progressive pour les ménages flamands. Selon la ministre Joke Schauvliege (CD&V), les familles «moyennes» paieront moins, tandis que les gros consommateurs, comme les propriétaires de piscines, paieront plus. L’opposition dénonce une communication mensongère.

À partir de 2016, la tarification de l’eau sera progressive pour les ménages flamands. Selon la ministre Joke Schauvliege (CD&V), les familles «moyennes» paieront moins, tandis que les gros consommateurs, comme les propriétaires de piscines, paieront plus. L’opposition dénonce une communication mensongère.

Suite à la sixième réforme de l’État, les Régions sont désormais compétentes pour la distribution et la facturation de l’eau potable. Dès sa prise de fonction, le gouvernement flamand avait annoncé vouloir repenser les prix en vigueur. En juin dernier, il a adopté une tarification progressive de l’eau, qui entrera en application le 1er janvier 2016.

Selon la ministre flamande de l’Environnement, Joke Schauvliege (CD&V), la nouvelle structure tarifaire repose sur le principe du pollueur-payeur. «Le gouvernement investit chaque année des sommes importantes pour l’approvisionnement en eau. Ce même gouvernement veut maintenant encourager les consommateurs à ne pas gaspiller.»

«Le choix d’offrir des réductions, sur la base de la taille de la famille est injuste», Rob Beenders (sp.a)

Selon le gouvernement flamand, cette nouvelle tarification pèsera surtout sur la consommation de «luxe» (arrosage de grandes surfaces, piscines, secondes résidences…) ou sur les entreprises qui utilisent beaucoup d’eau. Elle ne devrait pas changer grand-chose pour la plupart des ménages «moyens» qui, s’ils sont économes, pourraient voir leur facture diminuer. Quelques mécanismes de correction ont été prévus par la loi, notamment pour les personnes handicapées ou bénéficiant d’un revenu d’intégration. Les familles recevront un bonus de 20 euros par membre.

Joke Schauvliege défend une politique «neutre», qui ne coûtera rien et ne rapportera rien, ni au gouvernement flamand ni aux sociétés qui gèrent l’approvisionnement en eau potable. Il s’agirait simplement d’un mécanisme plus équitable et plus en phase avec les préoccupations environnementales.

Une politique «injuste» et «malhonnête»

Du côté de l’opposition, on avale de travers. Le parlementaire sp.a Rob Beenders dénonce tout d’abord un mensonge par omission: «La facture d’eau est composée de trois éléments. Il y a le prix de l’eau mais aussi notre contribution au système des égouts et à celui d’assainissement de l’eau. Ces deux dernières composantes, qui représentent en moyenne 54 % des factures d’eau, ont été augmentées par le gouvernement flamand d’environ 100 euros par ménage – ce que la ministre Schauvliege omet de dire dans sa communication.» Pour ce parlementaire, il est un peu facile de claironner qu’on va rendre 20 euros par membre d’une famille  sans dire qu’on a d’abord prélevé 100 euros par ménage. «Le résultat, ce sera des factures d’eau plus élevées pour tous les Flamands.»

Selon le sp.a, contrairement à ce que promet le gouvernement, les nouveaux tarifs seront désavantageux pour les ménages qui utilisent peu d’eau, comme les isolés ou les pensionnés. «Le choix d’offrir des réductions, sur la base de la taille de la famille est injuste», poursuit Rob Beenders. «Pour une goutte d’eau utilisée, une personne seule ou une mère célibataire avec un enfant va payer plus cher qu’un couple avec trois enfants. C’est fondamentalement malhonnête. Et digne d’un autre temps.» Pour lui, la nouvelle tarification ne tient pas compte des nouveaux modèles de familles, notamment des gardes alternées. «Si les enfants sont domiciliés chez la mère, le père paiera plein pot et n’aura droit à aucune réduction.» Enfin, le sp.a dénonce un système basé sur une «famille moyenne» alors que le prix de l’eau varie d’une commune à l’autre.

Verdict sur les premières factures de 2016.

 

 

 

D’après De Standaard et De Morgen

 

Céline Gautier

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