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Volontaire en coopération : expérience professionnelle à faire valoir

Le service volontaire à la coopération au développement (SVCD) offre depuis un an la possibilité à de jeunes diplômés de se faire unepremière expérience professionnelle dans le secteur. Les premiers volontaires essuyaient les plâtres, cette année, du dispositif spécifique de sélection etd’accompagnement mis en place par la Coopération technique belge (CTB). Nous avons rencontré l’un d’eux et le coordinateur du service, à l’occasion deleur débriefing annuel.

06-11-2007 Alter Échos n° 239

Le service volontaire à la coopération au développement (SVCD) offre depuis un an la possibilité à de jeunes diplômés de se faire unepremière expérience professionnelle dans le secteur. Les premiers volontaires essuyaient les plâtres, cette année, du dispositif spécifique de sélection etd’accompagnement mis en place par la Coopération technique belge (CTB). Nous avons rencontré l’un d’eux et le coordinateur du service, à l’occasion deleur débriefing annuel.

Dans la foulée de l’élan de solidarité provoqué par le tsunami du 26 décembre 2004, le ministre fédéral de la Coopération del’époque, Armand De Decker (MR), a instauré le service volontaire à la coopération au développement. Un contrat de travail d’un à trois ans et unencadrement spécifique permettent aux candidats retenus d’acquérir une première expérience professionnelle dans la coopération. Rémunérationbrute mensuelle de 1 258,9 euros, logement, assurances complémentaires, OSSOM (sécurité sociale des expatriés) et un aller/retour par avion sont pris en charge par lacoopération. En 2006, ils étaient 36 à être affectés à un projet, sur les 55 retenus parmi 405 candidats au départ. En 2006, ils étaient 36à être affectés à un projet, sur les 55 retenus parmi 405 candidats au départ.

Surtout des diplômés du supérieur

Le processus de sélection commence par une épreuve écrite, organisée par le Selor, et « adaptée en fonction du niveau d’étude des candidats» précise Jean Schmets, coordinateur du SVCD1. Le programme s’adresse à des jeunes diplômés, pas nécessairement chômeurs completsindemnisés, qui souhaitent acquérir une expérience professionnelle en coopération au développement. Parmi les conditions : ne pas avoir étésalarié plus de deux ans et être détenteur au minimum d’un certificat d’enseignement secondaire supérieur (CESS). Sur 39 détenteurs du CESS parmi les 405candidatures, aucun n’a franchi le seuil des épreuves écrites. Par ailleurs, les candidats doivent avoir suivi « l’infocycle2« , un filtre quiprésélectionne de fait des diplômés du supérieur ou universitaires (366 sur 405). « Les jeunes qui ont fait des études techniques par exemplen’ont, bien souvent, même pas idée que ces sessions d’information existent », regrette Jean Schmets.

Deuxième étape de la sélection, un entretien individuel qui permet d’établir les profils des candidats sur la base de leurs motivations et de leurs aptitudesgénérales, et pas en fonction de compétences techniques pointues.
En 2006, 55 candidats ont finalement triomphé de l’épreuve de sélection. « Ensuite, on fait du matching » explique Jean Schmets.C’est-à-dire que nous essayons de trouver le poste qui correspond au mieux au profil des candidats retenus, en fonction des besoins du terrain établis par nos collaborateurstechniques sur place. » Ce sont finalement 36 jeunes volontaires qui seront affectés en mission, durant cette première année, les autres étant retenus sur une listed’attente.

Un accompagnement jalonné

Le dispositif d’accompagnement est géré par une équipe de quatre personnes, dont un coordinateur, intégrée dans le département des ressourceshumaines de la CTB. Avant de partir en mission, les volontaires suivent une formation axée sur deux volets. L’insertion dans un contexte social et culturel différent d’unepart, les spécificités de la coopération contemporaine d’autre part. « Aujourd’hui, la coopération insiste sur la valorisation des compétences desacteurs locaux et cherche à réduire la présence des coopérants sur place. De ce point de vue, le programme du SVCD peut paraître un peu contradictoire. La formationque nous dispensons tente notamment de faire prendre conscience aux jeunes volontaires qu’ils ne partent pas pratiquer leur métier initial mais plutôt faire de la gestion deprojet. Sur place, leurs coachs sont particulièrement attentifs à ce qu’ils ne fassent pas à la place des habitants et des partenaires locaux mais bien qu’ils lesaccompagnent, les soutiennent dans leurs propres démarches et projets de développement. »

Durant leur mission, les volontaires disposent d’un référent. L’assistant technique, qui avait dressé le profil « de terrain », assure leur «coaching » tant en termes d’intégration sociale que professionnelle. « Dans un certain nombre de cas, à peu près un sur cinq, les descriptions de fonction sontrelativement générales. Dans ces cas-là, nous demandons au coach et au volontaire, un mois après l’entrée en poste, de revoir le descriptif en se demandant ceque le volontaire est prêt et capable de faire ou pas, moyennant une formation, … », explique le coordinateur du SVCD.

À l’issue des trois premiers mois de mission, la coordination, de Bruxelles, s’assure que le volontaire réalise une autoévaluation, complétée par lescommentaires des partenaires impliqués dans le projet. Ses objectifs professionnels sont alors fixés, de commun accord, pour les mois à venir. Cinq mois plus tard, une nouvelleévaluation de « stop ou encore » intervient, sur place. Enfin, un débriefing annuel, à Bruxelles, voit chacun des volontaires faire le bilan de son expérienceau cours d’entretiens individuels, obligatoires, et décider s’il repartira ou non. Un débriefing collectif, facultatif celui-là, est également prévu.

Pour que cette première expérience professionnelle soit un atout aussi pour celles et ceux qui décideront de se réintégrer en Belgique, un accompagnementspécifique sera nécessaire. « La réintégration est souvent délicate », affirme Jean Schmets. Tous les volontaires de la promotion 2006-2007 rempilantpour un an, la coordination du SVCD se donne encore quelques mois pour réfléchir concrètement à cet aspect du dispositif.

Bilan intermédiaire

« Il s’agit moins de préparer une nouvelle génération de coopérants que de former des jeunes à une nouvelle approche qui sera toujours utile,qu’ils travaillent ici ou ailleurs. » Les valeurs qui guident le SVCD en témoignent : citoyenneté ouverte sur le monde, professionnalisme et développement de soi.

Le dispositif de sélection et d’accompagnement, un modèle à faire essaimer ? Si les pouvoirs publics allemands observent de près l’expérience belgeafin de s’en inspirer, Jean Schmets estime qu’il est trop tôt pour répondre à cette questio
n. Et de nous donner rendez-vous dans un an et demi pourl’évaluation du programme. À terme, les volontaires pourront être mis à disposition d’organisations internationales partenaires et d’organisations nongouvernementales.

Témoignages

Raphaël Gérard a 29 ans. Ingénieur agronome en génie rural depuis 2001, il a longtemps effectué des démarches afin de trouver un emploi en même tempsqu’il a participé à un programme d’échange avec la Haute-Savoie, effectué un stage de recherche en hydraulique et finalement presté un contratd’un an au Ministère de l’équipement et des transports (MET). Entre-temps, le SVCD est créé. Ses contacts avec des étudiants africains durant sesétudes et ses récents voyages lui ont donné envie d’aller voir plus loin. Il postule et, à l’issue du processus de sélection, est affecté enÉquateur. Mission : soutenir un projet d’adduction d’eau auprès de communautés de caféiculteurs dans des zones d’habitat dispersé.

« Même correctement sensibilisés durant la formation, nous ne nous rendions pas compte de ce qu’il fallait penser ou repenser les projets au-delà des seuls aspectstechniques. C’est quelque chose que l’on ne peut finalement découvrir qu’à travers l’expérience, par essai et erreurs. » Le systèmed’adduction d’eau à mettre en place est destiné prioritairement à l’usage domestique. Sans cet approvisionnement facilité pour les familles decultivateurs, il serait inenvisageable d’affecter à la culture de jeunes caféiers l’importante quantité d’eau nécessaire à leur croissance. Or, ledéveloppement de ces communautés dépend du renouvellement des anciennes plantations. Raphaël aura finalement passé beaucoup de temps à accompagner laconstitution et la mise en route du comité de gestion de l’eau, mobilisant des compétences non apprises durant sa formation initiale.

Élu par les bénéficiaires de l’adduction, ce comité doit gérer un fond de sécurité pour assurer l’entretien du système et lepaiement de l’électricité nécessaire au pompage. « Finalement, les compétences acquises au cours de cette première annéed’expérience sont surtout humaines et relationnelles : capacité de négociation, d’écoute des expériences locales, d’adaptation aux us et coutumesd’une autre culture. » Selon Raphaël Gérard, le SVCD est une expérience professionnelle comme une autre, avec en plus l’expérience de la flexibilitéet de l’adaptabilité. Et de conclure : « Face aux offres d’emplois qui requièrent à la fois jeunesse et années d’expériences, le programmedu SVCD est une véritable aubaine de ce point de vue. »

1. Jean Schmets, coordinateur Service volontaire à la coopération au développement :
– adresse : rue Haute 147 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 505 18 43
www.btcctb.org
2. Séances d’information et de formation sur le développement durable, dispensées par la CTB à raison de 4 x 2 jours en résidentiel.

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