Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Un « réseau de substitution » liégeois pour les migrants

Le Cripel fournit un « réseau de substitution » aux personnes issues de l’immigration

29-05-2009 Alter Échos n° 274

Mis en place à l’initiative du Centre régional pour l’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère de Liège(Cripel)1, le « Dispositif spécifique d’insertion socioprofessionnelle des migrants à Liège » (Disismi) a pour but de fournir un « réseaude substitution » aux personnes issues de l’immigration. De grosses pointures sont associées au projet.

Actif depuis dix ans, le Cripel est aujourd’hui l’heureux initiateur d’un « Dispositif spécifique d’insertion socioprofessionnelle des migrants à Liège »(Disismi), réellement actif depuis le premier janvier 2009. « La mise en place du Disismi est partie d’un constat que nous avons effectué depuis longtemps : les personnesissues de l’immigration, qu’elles soient de la première ou de la deuxième génération, sont souvent en manque de réseau. Il a donc étédécidé de leur fournir un « réseau de substitution », déclare Yamina Meziani, coordinatrice du département ISP du Cripel. Associant le Cripel,le Forem, les CPAS de Liège et de Seraing, Lire et Écrire ou encore la Mission régionale de Liège (Mirel), le « Disismi » ainsi créé seréunit chaque mois sous la forme d’un comité de suivi regroupant des travailleurs de première ligne délégués par chacune des structures membres.

Le but de l’opération est de permettre de dépasser les difficultés rencontrées par les personnes de nationalité ou d’origine étrangère lorsquecelles-ci cherchent un « accès à l’emploi ». Des difficultés au rang desquelles on retrouve la méconnaissance du français, lanon-reconnaissance des expériences acquises dans le pays d’origine, la discrimination sur le marché de l’emploi ou encore l’ethnostratification de celui-ci.« L’ethnostratification veut que l’on cantonne certaines catégories de personnes à certains types d’emploi en justifiant cette pratique par un « alibi culturel »,renchérit notre interlocutrice. Ainsi, certaines rumeurs voudraient que les femmes issues de l’Afrique subsaharienne soient très compétentes pour les emplois en milieugériatrique. Et cela, indépendamment du background de chacune d’elles. Un préjugé qui n’est pas seulement porté par les employeurs mais également parles opérateurs de formation… »

Un travail de sensibilisation

Partant de ce constat, il semble que la sensibilisation à ce type de problématique et la mise en réseau des structures associées soient en définitive l’objectifprincipal du Disismi. « Si le comité de suivi s’occupe de cas concrets et essaie de trouver des pistes pour aider les gens au mieux, le but de ce même comité estégalement de faire en sorte que les différents partenaires impliqués dans le projet se connaissent mieux, puissent échanger des informations et, surtout, que cesorganismes généralistes soient sensibilisés aux problématiques déjà citées et prennent celles-ci en compte dans leur travail. Cela nous semble plusopportun que de créer des organismes spécifiques », continue Yamina Meziani.

Un mode de fonctionnement qui, à terme, pourrait paradoxalement mener à la disparition du Disismi. « Nous sommes financés pour 50 % par le Fonds socialeuropéen (FSE) et ceci, pour une période courant de 2007 à 2013, continue notre interlocutrice. Or après 2013, le FSE ne financera plus les « anciens payseuropéens ». Nous ne savons donc pas de quoi l’avenir du Disismi sera fait, mais ce n’est peut-être pas si grave. Si tous les associés du projet se trouvent parfaitementconscientisés, s’ils ont intégré dans leur travail les problématiques qui nous tiennent à cœur, le réseau ne sera alors plus utile après2013… »

Quoi qu’il en soit, le dispositif semble tourner, pour l’heure, à plein régime. En effet, si le nombre de personnes concernées tournait initialement autour de 1 500 pourune année, celui-ci est en train d’augmenter de manière conséquente. « C’est un thème mobilisateur, conclut Yamina Meziani. Il y a une émulsion qui sefait. Dans ce cadre, il est important que nous nourrissions notre réflexion, ce qui nous a d’ailleurs poussés à mettre en place une forme de supervision, menée par unechercheuse de l’Université de Liège (HEC-ULG). Elle assiste aux comités de suivi. Un rapport annuel sera également produit. »

1. Cripel :
– adresse : place Xavier Neujean, 19 B à 4000 Liège
– tél. : 04 220 01 20
– courriel : secretariat@cripel.be
– site : www.cripel.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

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