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Smart va créer une Fondation pour ses activités commerciales

Smart asbl1 défend les droits des artistes professionnels depuis 1999. Elle comptait alors une cinquantaine de membres. Aujourd’hui, 17 000 personnes y sontaffiliées, plus de 13 000 donneurs d’ordre y sont inscrits et 65 équivalents temps plein y travaillent. Gérant au bénéfice des artistes des sommes pour unmontant annuel de 48 millions d’euros, l’asbl a estimé le temps venu d’adapter ses structures.

21-09-2007 Alter Échos n° 236

Smart asbl1 défend les droits des artistes professionnels depuis 1999. Elle comptait alors une cinquantaine de membres. Aujourd’hui, 17 000 personnes y sontaffiliées, plus de 13 000 donneurs d’ordre y sont inscrits et 65 équivalents temps plein y travaillent. Gérant au bénéfice des artistes des sommes pour unmontant annuel de 48 millions d’euros, l’asbl a estimé le temps venu d’adapter ses structures.

Réunissant ses membres pour une journée de réflexion sur la situation socio-économique des artistes et producteurs2, le 14 septembre dernier àBruxelles, la 2e édition des « Smart days » se clôturait par une assemblée extraordinaire. À l’ordre du jour : les grands principes de larestructuration et du redéploiement de Smart. Au cœur du dispositif en gestation : la création d’une Fondation permettant un partage des missions et des services avecl’asbl « mère ». Pour des raisons de quorum, l’adoption définitive du plan défendu par le CA aura finalement lieu le 28 septembre.

Concrètement, la proposition prévoit que l’asbl poursuive ses activités de défense des droits des artistes et d’information de ses membres, tout endéveloppant les activités « communautaires » : site portail pour tous les membres, avantages liés à l’adhésion, mutualisation des moyens (podiums,éclairages, etc.). Tandis que la Fondation se verrait confier les services à caractère commercial qu’elle pourra déléguer à des structures adhoc (asbl ou scrl) : gestion des contrats et des projets (secrétariat social), maison de production, …

Côté gouvernance, il est prévu que le conseil d’administration de la Fondation soit composé des deux fondateurs de Smart ainsi que d’un tiersd’administrateurs délégués par l’asbl. Une façon de garantir la continuité « l’esprit Smart ». Le c.a. de la nouvelle entité s’assureraitaussi la participation d’1/3 d’indépendants et, cohérence oblige, des directeurs des structures à créer par la Fondation.

Désamorcer les tensions

L’opération en gestation ne répond pas seulement à la croissance permanente de l’association (en moyenne 350 nouveaux membres par mois). En juin dernier, lespartenaires sociaux de la commission paritaire de l’intérim (CP 322) accusaient Smart de ne pas respecter des dispositions sur la gratuité du placement, le salaire minimum etl’indemnisation des frais professionnels. En réponse, l’association démentait être un organisme de placement et précisait que les salaires moyens verséssont supérieurs au salaire minimum et qu’aucun dossier relatif à une mauvaise utilisation des frais professionnels n’a jamais été porté à saconnaissance (voirAlter Échos n°232, « Des partenaires sociaux pas très Smart »).

Parmi les services rendus à ses membres, Smart s’occupe des démarches administratives liées aux contrats – par nature occasionnels – négociés entrel’artiste et le donneur d’ordre. Le système permet notamment aux personnes qui y ont recours de travailler en toute légalité et de recouvrer leur droit auchômage immédiatement après la prestation.

La dernière escarmouche avec la CP 322 révèle les tensions autour d’une association d’artistes professionnels, perçue comme une concurrente déloyale parles entreprises d’intérim et comme fer de lance de la flexibilité au travail par les syndicats.

Sécuriser l’intermittence

La future configuration « Smart – Fondation – organismes satellites » constituera aussi une réponse structurelle aux tentatives de déstabilisation. Pour mieuxdéfendre le caractère intermittent du travail des artistes mais aussi d’une part croissante d’autres travailleurs ? « Nous avons toujours défendu etcontinuerons à défendre l’emploi stable tant qu’il existe, précise Yves Martin, administrateur de Smart. Mais la nouvelle structure pourra se mettre àdisposition d’autres travailleurs confrontés à la flexibilité de leurs activités. »

Pierre Burnotte, l’un des deux directeurs de Smart, rappelle que « la reconnaissance et la sécurisation de l’intermittence constituent l’une des principales raisonsd’être de Smart. » Pas seulement dans les activités artistiques au sens strict puisque, actuellement, près de 10% de ses membres sont des non-artistes. Sans comptersur la « zone grise » de celles et ceux à qui il arrive de prester dans d’autres domaines que leur art : formation, activité complémentaire pour « nouerles deux bouts », … En fin de conférence, le matin de l’AG, Pierre Burnotte prévenait : « L’indemnité de chômage dontbénéficient les artistes, lorsqu’ils ne prestent pas, a tendance à devenir un revenu de complément, plus de substitution ! » Qui s’en plaindra : lespartenaires sociaux ?

1. Smart asbl :
– adresse : rue Emile Féron, 70 à 1060 Bruxelles
– tél. : 02 542 10 80
– site : http://www.smartasbl.be

2. Le rapport est téléchargeable à l’adresse :
http://www.smartasbl.be/blog/FR/index.php?…

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