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Regard critique · Justice sociale

Actuellement, la mission locale d’Ixelles1 mène une quatrième opération de rénovation de façades, au travers de Set, un projet de développementintégré d’emploi-rénovation mené à Ixelles en collaboration avec Habitat et Rénovation. L’opération vise cette fois-ci la place Henri Conscience et larue Maes ; cela permettra de faire la jonction avec la rue Malibran.
« Comme toujours, nous procédons à un travail d’étude préalable qui détermine les raisons de l’intervention, explique Pascal Delaunois, coordinateur de la missionlocale. Les éléments retenus sont le nombre de propriétaires-habitants (pour la prime à la rénovation), l’état du bâti et une étude statistique.En effet, pour faire au moins 12 façades, il nous faut identifier au moins 60 façades moyennement ou très dégradées. Cela correspond à l’engagement dequelque 12 personnes à l’année. Avec Habitat et Rénovation, nous envoyons un courrier commun d’information aux propriétaires, par lequel nous les invitons à uneréunion où nous leur expliquons comment nous allons procéder à la rénovation. Cela prend du temps, mais si la façade est ratée, nousrecommençons. Notre objectif est avant tout pédagogique, ce n’est pas la rentabilité qui prime, mais la qualité de l’apprentissage. » Outre le moindre coût derénovation de leur façade, nombreux sont les propriétaires sensibles à cette démarche sociale qui vise à permettre la formation qualifiante et l’insertionsocioprofessionnelle de jeunes peu qualifiés, via le programme de transition professionnelle (PTP).
Bilan global
À ce jour, sans compter les travaux d’intérieur effectués pour des associations (Petits Riens, Foyer ixellois, crèches, etc.), 36 façades ont étérénovées via le projet Set. Sur les 32 jeunes formés et engagés dans ce cadre, 28 sont arrivés au bout du projet. Parmi ces derniers, 17 travaillent actuellementdans le secteur de la peinture en bâtiment (61 %), 2 dans un autre secteur (7 %), tandis que 9 n’ont plus donné de nouvelles (32 %). Au cours de la troisième opération,réalisée en 2000 dans le quartier Marie-Henriette, la mission locale a multiplié les contacts avec les entreprises, ce qui a permis à neuf jeunes sur dix de trouver unemploi. Signalons encore que le contrat de travail PTP à temps plein d’une durée de un an est passé entre-temps à un contrat d’une durée de six mois,renouvelables.
Par ailleurs, la mission locale a identifié une série de points forts et de points faibles de Set.
Les points forts :
> le fait de recruter « via des annonces dans la presse et non pas exclusivement grâce au réseau classique de l’ISP » s’est révélé payant puisqu’il a permis detoucher « des personnes hors d’atteinte des circuits traditionnels »;
> « le développement de partenariats multiples permet d’assurer de bonnes formations et surtout de rester en prise directe avec l’entreprise privée » et, par conséquent, demieux réussir l’intégration des stagiaires sur le marché de l’emploi ;
> les faibles coûts salariaux du personnel ACS et PTP permet de proposer des devis concurrentiels aux propriétaires qui sont d’autant plus intéressés de faire appel auprojet Set. Et de préciser toutefois : « Il ne s’agit pas de concurrence déloyale puisque les travaux ne touchent que des territoires restreints, pendant un temps limité ». Deplus, la mission table sur les effets d’entraînement bénéfiques aux entreprises ;
> l’action s’intègre parfaitement dans les politiques de rénovation urbaine et de modernisation de l’habitat ;
> le projet a été un incitant à la rénovation pour les propriétaires.
Les points faibles :
> selon un rapport interne, « une réflexion est nécessaire pour que les chantiers puissent être mieux vécus et permettre ainsi un meilleur rendement qualitatif etquantitatif ». En effet, ce document pointe divers problèmes, comme « le non-respect des horaires, les absences répétées, la baisse du moral des équipes, le manqued’information sur les perspectives d’emploi… » Deux réponses sont proposées : d’une part, il s’agit de déterminer les motivations du stagiaire afin que celles-ci ne soientpas motivées uniquement par l’attrait du salaire (d’où frustration) et, d’autre part, d’inclure le suivi du stagiaire dans la convention et de favoriser « les chances d’engagement touten rassurant les ouvriers sur leur avenir professionnel » ;
> l’obtention de la prime à l’embellissement poserait problème.
Bonnes pratiques de Set
Enfin, la mission locale s’est interrogée sur les possibilités de transposer Set dans d’autres communes. Néanmoins, il ne s’agit pas d’exporter « un projet clef sur porte mais uneexpertise dans les étapes de mise en place » :
> « comment exploiter au mieux toutes les potentialités du terrain en développant différents types de partenariat (public, privé, associatif) ;
> comment tenir compte efficacement de la réalité du terrain en organisant un comité d’accompagnement, en privilégiant la synergie locale, en impliquant tous lesacteurs clefs (citoyens, entreprises, associations…) ;
> comment assurer une implantation durable et bénéfique pour l’ensemble de la population en effectuant préalablement des études d’incidences puis des enquêtesévaluatives. »
À ce jour, plusieurs communes bruxelloises ont formulé une demande en ce sens : Bruxelles-Ville, Molenbeek, Forest, Saint-Gilles et Anderlecht.
Signalons encore que l’intervention de Set aurait également permis aux habitants de prendre conscience de leur capacité d’action.
1 Rue d’Alsace-Lorraine 24 à 1050 Bruxelles, tél. : 02 502 31 05, fax : 02 502 85 58.

Baudouin Massart

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