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Regard critique · Justice sociale

Séparation difficile, enfants sur le fil…

Le conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse (CAAJ) de Namur lance son plan d’action 2009 autour des enfants victimes d’une séparation difficile.

09-10-2009 Alter Échos n° 282

Le conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse (CAAJ) de Namur1 lance son plan d’action 2009 autour des enfants victimes d’une séparationdifficile.

« J’ai vraiment envie d’aller me poser chez mon père. Je n’en peux plus d’aller une semaine chez l’un puis chez l’autre, de ne pas avoir de lieuà moi. Mais comment annoncer cela à ma maman ?, confie Jacques, ado de 13 ans. Des témoignages d’enfants et d’ados coincés dans des conflits de loyautéet dans des situations de divorce ou séparation difficile, c’est souvent, que les professionnels de la santé mentale et de l’accompagnement de jeunes en rencontrent. Avecles conséquences que cela peut avoir sur le devenir de l’enfant, dont le risque bien réel de passages à l’acte comme expression d’une souffrance dirigéevers soi-même et/ou vers autrui.

C’est ce constat « d’enfants sur le fil » en raison de l’histoire d’un couple se terminant mal, qui a amené le conseil d’arrondissement del’aide à la jeunesse (CAAJ) de Namur à lancer son plan d’action 2009. Un plan pour lequel un budget de 46 648 € a été alloué, pour couvrir unterritoire de 12 communes comptant 64 939 jeunes de moins de 18 ans.
« Nous ne voulons pas culpabiliser les parents », souligne d’emblée Martine Colpaint, conseillère de l’aide à la jeunesse. « Avec la campagneSéparation difficile … Enfants sur le fil, nous avons voulu réfléchir en termes de prévention, plutôt que de traiter le cas par cas », ajoute DenisRihoux, président du CAAJ.

Concrètement, un groupe de travail composé d’intervenants directement concernés par les questions de la séparation et de l’équilibre del’enfant a réfléchi aux manières de mener une action de sensibilisation. De ces échanges entre avocats, médiateurs, juge de la jeunesse, assistants sociaux,intervenants dans un centre de santé mentale, est née l’idée d’un plan à plusieurs portes d’entrée : une mise à disposition d’outilsdestinés aux parents et aux professionnels.

C’est ainsi que, dès novembre 2009, une formation juridique sera proposée aux professionnels de l’arrondissement entrant en contact avec des personnes en situation deséparation parentale houleuse (secteurs psycho-médico-social, éducatif et judiciaire), cela dans quatre villes de l’arrondissement – Andenne, Gembloux, Namur etSambreville -, en partenariat avec des opérateurs locaux spécialisés. Au programme aussi, une information juridique à destination des professionnels del’arrondissement judiciaire également ciblé, celui des avocats, pour lesquels une conférence de sensibilisation a déjà eu lieu, tandis que d’autresrencontres sont en préparation.

Enterrer la hache de guerre

Les parents ne sont bien sûr pas oubliés : le fascicule « Si c’était si simple, … ça se saurait » tentera d’apporter des réponsesà la question « Comment se séparer en préservant les enfants ? ».

Et pour ce qui est de l’école et du monde associatif, le cinéaste Emmanuel Marre a été sollicité pour réaliser un court-métrage deconscientisation à la problématique de l’enfant au cœur de séparations houleuses.

Enfin, un coup de projecteur sera donné sur la médiation familiale, via des opérateurs spécialisés en la matière ; affiches et folders seront largementdiffusés à cet effet.

Médiatrice familiale après avoir été conseillère conjugale – et depuis peu à la retraite – la Namuroise d’adoption, Monique Boever aégalement une longue expérience de la question. « J’ai rarement vu des gens qui venaient en médiation familiale pour se séparer et qui, finalement, ne lefaisaient pas. Mais ça arrive, explique-t-elle. Le développement de la médiation familiale a néanmoins pu faire comprendre que ça n’est pas parce que lesparents se séparent que les enfants deviennent orphelins : ils ont toujours un père et une mère. »

Si une démarche de médiation familiale est devenue obligatoire en France et au Québec avant que le couple ne franchisse le cabinet d’un avocat, il n’en est pas demême chez nous. D’où l’intérêt de mieux faire connaître ce service qui se veut une alternative au tribunal. Cela d’autant que la souffrance del’enfant n’y sera pas la seule prise en compte. « Nous sommes étonnés de constater qu’il n’y a pas, sur l’arrondissement de Namur davantage demédiateurs du monde psycho-social, et ceux qui sont agrées sont des avocats », souligne Martine Colpaint.

1. Conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse de Namur :
– adresse : place Monseigneur Heylen, 4 à 5000 Namur
– tél. : 081 23 75 82.

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