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Regard critique · Justice sociale

Roms : silence belge de plus en plus pesant

Joëlle Milquet concerte les Roms, les Gens du voyage et les associations de terrain. La Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme, elle, attaque la Belgique surce sujet.

04-10-2010 Alter Échos n° 302

Alors que la vice-première ministre et ministre de l’Égalité des chances Joëlle Milquet (CDH) a entamé une démarche de concertation avec les Roms, les Gensdu voyage et les associations de terrain, la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme attaque la Belgique sur ce sujet. Du côté de la ministre, c’est un« no comment » sans appel. Des voix s’élèvent cependant pour réclamer une position belge, cruciale dans le cadre de sa présidenceeuropéenne.

À la mi-septembre, le cabinet de la vice-première ministre et ministre de l’Égalité des chances Joëlle Milquet1 invitait des représentants desRoms, des Gens du voyage et d’associations actives sur le terrain. Une première réunion eut lieu, suivie d’une deuxième le 24 septembre dernier. « La ministre et lesparticipants à la réunion de concertation se sont mis d’accord sur une méthode de travail pour continuer leur concertation. Ils se sont également mis d’accord sur unagenda afin de pouvoir dégager dans les meilleurs délais les lignes d’action politiques les plus adéquates et concrètes pour la défense de la dignité et desdroits de tous les Gens du voyage et des Roms, ainsi que d’éventuelles conclusions dans le cadre de la Présidence belge de l’Union européenne. » Reste à savoirquand tombera la position belge dans ce dossier si sensible. Du côté du cabinet Milquet, le « pas de commentaire » est de mise. « Nous avons un agenda,nous savons quand nous donnerons des informations à ce sujet, mais actuellement nous ne communiquons rien ! », assène Benoît Lannoo, porte-parole de la ministre del’Égalité des chances.

Ahmed Akim, directeur du Centre de médiation des Gens du voyage2 – invité aux réunions de la ministre au sujet des Roms – se désole :« Il y a pour nous quelque chose de fondamental et qui n’a pas été abordé, c’est la campagne anti-Roms qui est menée depuis deux mois ». Et celui-cide poursuivre en soulignant que l’on ergote tous les jours sur la légalité ou non des expulsions de Roms en France, mais que l’on ne fait rien contre le discours xénophobe quiest tenu à l’encontre des Roms.
Or ce discours est tenu, récemment, par une nation – la France – et est par ailleurs mis en œuvre dans d’autres pays de l’Union européenne, comme l’Italie, indique ledirecteur du Centre de médiation des Gens du voyage. Celui-ci relève par exemple que les autorités italiennes effectuent systématiquement des prises d’empreintes des Roms.Ahmed Akim conclut donc en soulignant à quel point le rôle de Joëlle Milquet, ministre de l’Égalité des chances, est ici important, en particulier dans le cadre de laprésidence belge de l’Union européenne.

La Belgique attaquée

Comme si cela de suffisait pas, la Belgique vient d’être attaquée par la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme3 (FIDH). Celle-ci aintroduit un recours contre notre pays devant le Comité européen des droits sociaux, pour violation du droit au logement des gens du voyage.

La FIDH soutient en effet que la Belgique viole trois engagements de la Charte sociale européenne :
• promouvoir la protection de la vie de famille, notamment en faisant en sorte d’assurer l’accès à des logements adaptés aux besoins des familles ;
• combattre la pauvreté et l’exclusion sociale ;
• garantir la jouissance des droits reconnus dans la charte sans discrimination fondée notamment sur l’appartenance à une minorité.

La FIDH constate en effet que le nombre de terrains prévus par les autorités pour les Gens du voyage est insuffisant (un seul en Wallonie !), que les Gens du voyage qui tententd’habiter sur des terrains privés qu’ils ont achetés ou loués se voient presque systématiquement refuser le permis d’urbanisme requis, que le Code dulogement wallon ne reconnaît pas la caravane comme logement ou encore que des communes refusent les demandes de domiciliation émanant de Gens du voyage qui habitent sur leurterritoire.

Nous avons demandé au cabinet Milquet de réagir à cette action de la FIDH. Ici aussi, c’est un « no comment » sec qui nous a étéopposé.

1. Cabinet de la vice-première ministre et ministre de l’Égalité des chances :
– adresse : av. des Arts, 7 à 1210 Bruxelles
– tél. : 02 220 20 11
– courriel : milquet@milquet.belgium.be
– site : www.milquet.belgium.be
2. Centre de médiation des Gens du voyage :
– adresse : rue des Relis Namurwès, 1 à 5000 Namur
– tél. : 081 24 18 14
– courriel : gensduvoyage@skynet.be
– site : www.cmgv.be
3. Ligue des droits de l’homme :
– adresse : rue du Boulet, 22 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 209 62 80
– courriel : ldh@liguedh.be
– site : www.liguedh.be

Arnaud Gregoire

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