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Regard critique · Justice sociale

Social

Renaître

Sortir de la violence est un long processus. La prise de conscience de certains déterminismes ne suffit pas: il faut aussi affronter la peur, reconquérir sa part de liberté, se relever cent fois. Une histoire de métamorphose, entre clinique et politique.

© Fanny Monier

Troisième et dernier volet de notre série Mécanique de la violence.
«C’est une résurrection. À plus de 50 ans, je revis», raconte Aline en se roulant une cigarette sur le pas de la porte. D’un signe de tête, elle nous désigne la voisine, tête basse et voilée, qui rentre des courses avec son mari. «Elle y est retournée.» Pas dupe de ce qui se passe de l’autre côté du mur mitoyen, Aline a appris à «ne jamais juger». L’effet boomerang, elle connaît: plus fort on s’en va, plus vite on revient. À cette ancienne ouvrière, il aura fallu presque deux décennies pour sortir définitivement du tourbillon d’humiliations et de coups qui ira jusqu’à lui éclater la rate. «Je suis tombée très bas. Pour ne plus sentir les coups, je buvais. Je dormais avec une bouteille d’alcool sous l’oreiller, je carburais aux cachets.» La violence, ce serait donc comme un coma: les apparences de la mort, sans son caractère définitif. «J’étais une épave. Je n’avais plus aucune estime de moi. Mais au refuge, où je suis restée quatre mois, j’ai repris confiance aux côtés des autres femmes, je me suis sentie valorisée.»
Renaître de ses cendres ne se fait jamais en un jour. «La violence psychologique entraîne une dévalorisation, une destruction de soi extrême. Cela demande un temps long pour en sortir et se reconstruire», commente Fabienne Glowacz, professeure de psychologie et psychologue clinicienne à l’ULiège. À...

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Troisième et dernier volet de notre série Mécanique de la violence.
«C’est une résurrection. À plus de 50 ans, je revis», raconte Aline en se roulant une cigarette sur le pas de la porte. D’un signe de tête, elle nous désigne la voisine, tête basse et voilée, qui rentre des courses avec son mari. «Elle y est retournée.» Pas dupe de ce qui se passe de l’autre côté du mur mitoyen, Aline a appris à «ne jamais juger». L’effet boomerang, elle connaît: plus fort on s’en va, plus vite on revient. À cette ancienne ouvrière, il aura fallu presque deux décennies pour sortir définitivement du tourbillon d’humiliations et de coups qui ira jusqu’à lui éclater la rate. «Je suis tombée très bas. Pour ne plus sentir les coups, je buvais. Je dormais avec une bouteille d’alcool sous l’oreiller, je carburais aux cachets.» La violence, ce serait donc comme un coma: les apparences de la mort, sans son caractère définitif. «J’étais une épave. Je n’avais plus aucune estime de moi. Mais au refuge, où je suis restée quatre mois, j’ai repris confiance aux côtés des autres femmes, je me suis sentie valorisée.»
Renaître de ses cendres ne se fait jamais en un jour. «La violence psychologique entraîne une dévalorisation, une destruction de soi extrême. Cela demande un temps long pour en sortir et se reconstruire», commente Fabienne Glowacz, professeure de psychologie et psychologue clinicienne à l’ULiège. À...

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