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Regard critique · Justice sociale

Résidents permanents en camping : le Caillou d’eau lutte contre les clichés

Vivre en camping, ce n’est pas l’assurance d’une vie d’insouciance, d’une existence bohème ou l’expression d’un refus de socialisation aubénéfice «d’un long fleuve tranquille». Ce classement stéréotypé révèle une forme d’ostracisme qui masque une autreréalité : exister au gré du vent, c’est aussi vivre avec ses caprices, tantôt chauds tantôt froids, dans des conditions de précaritéinsoupçonnées. Depuis 2004, les travailleurs sociaux de l’asbl Ciac1, une AMO (Action en milieu ouvert) couvinoise, mènent une action de sensibilisation, dereconnaissance en collaboration avec enfants, jeunes et adultes du domaine du Caillou d’Eau de Couvin. De cette coopération est né un journal de liaison qui permet aux Gens duVoyage d’exprimer leurs idées, de raconter leur vécu et de mettre en valeur leur mode de vie spécifique afin de combattre les clichés négatifs dont ils sont lesvictimes.

03-11-2006 Alter Échos n° 218

Vivre en camping, ce n’est pas l’assurance d’une vie d’insouciance, d’une existence bohème ou l’expression d’un refus de socialisation aubénéfice «d’un long fleuve tranquille». Ce classement stéréotypé révèle une forme d’ostracisme qui masque une autreréalité : exister au gré du vent, c’est aussi vivre avec ses caprices, tantôt chauds tantôt froids, dans des conditions de précaritéinsoupçonnées. Depuis 2004, les travailleurs sociaux de l’asbl Ciac1, une AMO (Action en milieu ouvert) couvinoise, mènent une action de sensibilisation, dereconnaissance en collaboration avec enfants, jeunes et adultes du domaine du Caillou d’Eau de Couvin. De cette coopération est né un journal de liaison qui permet aux Gens duVoyage d’exprimer leurs idées, de raconter leur vécu et de mettre en valeur leur mode de vie spécifique afin de combattre les clichés négatifs dont ils sont lesvictimes.

Depuis plus de 15 ans, le Ciac développe de nombreux projets communautaires avec un public dit défavorisé et collabore à diverses initiatives : coordination destravailleurs sociaux, agences immobilières sociales, plan social intégré… Le travail avec les personnes déshéritées est déployé en vuede leur donner conscience de leurs capacités, leur ouvrir les yeux sur leurs droits et responsabilités, les aider à retrouver une vie digne et pleine de sens. Depuis quelquesannées, le Ciac a spécialement investi dans des campings et domaines où vivent des résidents permanents. Dans l’un d’entre eux, le domaine du Cailloud’Eau, une action a été menée avec les enfants et les jeunes, tissant ainsi une toile solidaire avec les adultes et l’ensemble des occupants. Une chaîne qui apermis de déceler les failles d’un système jugé marginal par la population sédentaire de l’entité. Le projet a reçu en 2004, l’aide de laFondation Roi Baudouin dans le cadre de l’appel à projets : « Le sentiment d’insécurité, c’est aussi notre affaire ».

Recréer un lien entre résidents mais aussi avec l’extérieur

Les résidents permanents du camping résidentiel Le Caillou d’Eau de Couvin ont fait part de leur sentiment d’insécurité permanent face à un regard travesti pardes clichés non fondés. Ce dialogue a mis en exergue les différentes causes de ce sentiment d’exclusion. Il met en évidence les risques d’agression et de vol,le racket entre jeunes, mais il y a aussi des phénomènes d’agressivité au volant, des conflits de voisinage qui dégénèrent, des altercations violentesdans des transports en commun, des difficultés dans la cohabitation des cultures et des générations, de la saleté et du bruit dans le quartier, des incivilités, unmanque de respect des règles de la vie en commun, ou encore l’insécurité socio-économique et l’effet de loupe des médias. Cette prise de contact a doncpermis d’identifier les causes multiples de cette sensation et montre que pour combattre ou endiguer l’hémorragie, les éducateurs du Ciac devaient agir au niveau local et yimpliquer les gens eux-mêmes. Chacun possédait en effet des éléments de réponse, à condition de confronter ses idées à celles des autres pourdégager des solutions constructives.

Pour répondre à ces situations difficiles à vivre, il fallait donc recréer un lien valorisant les cultures spécifiques des familles concernées etnotamment des gens du voyage : permettre l’échange, reconnaître les différences et les cultures, créer ensemble un outil qui les rende visibles, àl’intérieur comme à l’extérieur des campings. Avec l’aide des travailleurs sociaux de l’asbl, ils réalisent un journal trimestriel distribué àl’extérieur du parc pour être mieux reconnus des autres habitants de la région et des autres campings également. Au terme de moult activités culturelles telles quele travail d’animation avec les enfants tous les mercredis après-midi et le travail d’accompagnement et d’animation avec les personnes adultes résidant de manière permanente dansces équipements touristiques, le journal du quartier a enfin pu voir le jour. Cette parution, qui avait pour objectif de percer l’abcès entre les nombreuses populationsévoluant sur un même territoire, a rencontré un réel succès, elle est devenue non seulement un outil de rencontre mais surtout un point d’attache pour lacréation de liens sociaux entre les différentes « couches sociales». Un fort sentiment d’appartenance, une certaine logique de quartier s’est construite autourde cet outil de communication : les gens se parlent, échangent et débattent.

Fort de cette expérience, le Ciac a élargi le groupe « journal » à d’autres personnes habitant notamment au Camp Royal à Mariembourg. Le projet estcependant loin d’être terminé : avec les personnes concernées, il faut encore poursuivre la réflexion sur l’amélioration des conditions de vie etnotamment des conditions de relogement.

1. AMO Le Ciac, rue de la Marcelle 72 à 5660 Couvin – tél. : 060 34 48 84 – courriel : ciac@scarlet.be.

valeriane

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