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"Réforme de la formation en alternance : les réactions de deux réseaux"

04-12-2000 Alter Échos n° 87

Les réseaux avaient déjà été consultés lors de la conception de la note remise par le ministre de l’enseignement secondaire1 au gouvernement afin depréparer l’avant-projet de modification du décret de 1991 organisant l’enseignement secondaire à horaire réduit (voir AE n°86, p. 11). Ils participent àprésent à la concrétisation de ces intentions. Seuls les avis des représentants des réseaux catholique et officiel subventionné sont repris ici. Lareprésentante du ministre, interrogée dans notre numéro précédent, s’exprimera encore prochainement dans nos colonnes, notamment pour ce qui est des CEFAorganisés directement par la Communauté.
Pour Pierre Wéry, de la cellule CEFA de la Fésec2, « le point primordial de cette réforme consiste en l’intégration de l’alternance organisée en 3e et 4eprofessionnel dans la certification du deuxième degré du secondaire ». Jusqu’ici, les élèves inscrits dans cette voie ne pouvaient obtenir qu’une « attestation decompétences professionnelles ». Et Pierre Wéry d’insister, dans cette perspective, sur l’importance de l’accueil de « tout jeune » dans l’esprit du décret de 1991 quiprévoyait l’organisation par le CEFA de « toutes les formations professionnelles dont le besoin se fait sentir ». Des besoins différenciés peuvent être rencontrés parla formation en alternance, selon Pierre Wéry, auprès de trois catégories de jeunes : ceux qui sont en complet décrochage scolaire et social, ceux qui en ont simplement »ras-le-bol » de l’enseignement de plein exercice et ceux qui sont en recherche d’une « formation professionnelle spécialisée ». N’est-ce pas la quadrature du cercle que deýépondre par la même structure à des situations si différentes ? Pierre Wéry propose notamment sur ce plan d’accorder des moyens supplémentaires pourmieux organiser et systématiser les activités complémentaires au-delà des six premiers mois d’accompagnement…
Jacques Lefere, secrétaire général du Cpeons3, rejoint les préoccupations du représentant du réseau libre : « si on revalorise les CEFA, on peut craindre devoir se créer de nouveaux seuils de relégation. Comment l’éviter ? C’est toute la question qui va se poser sur le terrain. Les jeunes en décrochage risquent de se heurterà la discipline patronale. S’ils bénéficient par ailleurs d’une valorisation salariale, ces jeunes entrent dans une voie qui comporte ses exigences ». De nombreux acteursredoutent en fait l’apparition d’une « alternance à deux vitesses », notamment à la suite de la systématisation de l’ouverture du système à l’enseignement techniqueet aux 7e professionnelles, tel que l’article 49 du décret « Missions » le permettait déjà depuis 1997.
ýe ministre Pierre Hazette a récemment apporté des éléments de réponse au député Écolo Pierre Hardy qui l’interrogeait sur ce risque.Pour le ministre, l’alternance comme relégation peut être combattue par l’élargissement du champ d’application du systèýe, par l’encouragement d’un choixspontané pour celui-ci dans le cadre de la construction d’un projet professionnel individualisé, par des « outils pédagogiques spécifiques », par l’organisation depasserelles et par une révision du statut de coordinateur de CEFA qui devrait bénéficier d’une « image plus valorisante et d’un poids plus fort ».
Ce dernier point avait fait l’objet d’une note que Sysfal4 (asbl reconnue par la Région wallonne pour organiser les contacts écoles/entreprises sur le territoire de cettedernière) avait préparée dans le cadre de la réforme. Dans un tout nouveau décret, le coordinateur serait devenu le « directeur » d’un Collège d’alternancebeaucoup plus autonome sur les plans financiers et de la gestion du personnel par rapport à des écoles avec lesquelles il aurait passé des contrats. J. Lefere, tout comme PierreWéry, rejette nettement cette perspective, la revalorisation duÚcoordinateur devant passer par son accession à une position hiérarchique de sélection et non depromotion, c’est-à-dire de sous-directeur. Pour le reste, Pierre Wéry pense que Sysfal a poussé les choses à l’extrême : « Les CEFA doivent rester au sein del’enseignement technique et professionnel, même si des collaborations extérieures sont à encourager : c’est là que le jeune peut être le mieux suivi ». Le Cpeonsexprime même ses réticences face aux nouvelles compétences que pourraient avoir les Collèges d’alternance qui réunissent déjà les écolescoopérantes avec une école siège de CEFA : l’organisation des formations en alternance ainsi que la gestion des moyens financiers et pédagogiques. J. Lefere estime que « leCEFA doit rester bien couplé à un établissement siège et non voir ses options régulées par le collège ». « Nos structures provinciales ou communalesassurent elles-mêmes une harmonisation de fait dans des PO assez vastes qui ont de ce fait une vision assez globale pour déterminer les choix des options »e ajoute-t-il. Pas question nonplus d’abroger l’ancien décret mais bien de simplement le modifier.
1 Cabinet Hazette, bd du Régent, 24 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 213 17 00, fax : 02 213 17 09.
2 Fésec, Féd. de l’enseignement secondaire, administration des CEFA, tél. et fax : 02 507 07 44.
3 Cpeons, rue Haute 87-89 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 504 09 10.
4 Sysfal, bd Tirou 185/7 à 6000 Charleroi, tél. : 071 20 68 78, fax : 071 33 39 95, e-mail : contact@sysfal.be, site : http://www.sysfal.be

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