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Regard critique · Justice sociale

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"Raser la cité du Rempart des moines ? La position du cabinet Hutchinson (I)"

06-11-2000 Alter Échos n° 85

Actuellement, une certaine controverse vise les cinq tours de logements sociaux de la rue Rempart des moines, situées sur le territoire de Bruxelles-Ville1. Le Foyer bruxellois,propriétaire des bâtiments, envisagerait un scénario de démolition-reconstruction pour l’ensemble du site. Coût estimé de l’opération : 1,2 milliard defrancs. Nous avons demandé à Frédéric Degives, attaché au cabinet du secrétaire d’État bruxellois au Logement, Alain Hutchinson2, de s’exprimer sur lesujet :
Pour nous, le projet est toujours à l’étude. Si le plan peut paraître séduisant sur certains points, nous avons tout de même posé trois conditions. Toutd’abord, il n’est pas question de perdre un seul logement sur le site ou dans le voisinage. Cette question pose la question du terrain. En effet, où va-t-on trouver du terrain pour reloger lesgens si on fait disparaître les tours ? Deuxièmement, nous ne pourrons pas nous prononcer valablement sur ce projet , tant que nous ne posséderons pas un budget avec un phasagefinancier dans le temps. Rappelons que la démolition-reconstruction s’élèverait à 1,2 milliard de francs, alors que la rénovation est estimée à 800millions. Nous exigeons donc des garanties formelles en matière de résultats, avant d’engager 400 millions supplémentaires. Troisièmement, si ce projet est mis enœuvre, il faudra recourir à une « opération-tiroir » pour reloger les habitants pendant les travaux. Où va-t-on les reloger? Comment va-t-on s’y prendre? En conclusion, lecabinet n’a exprimé ni un veto, ni approuvé le projet. Nous restons ouverts.
AE – Il ne s’agit pas d’un problème spécifique au « Rempart des moines ».
FD – En effet, les grands ensembles, on va encore devoir vivre avec pendant dix ans. C’est pour cela que nous donnons la priorité à la rénovation et aux projets decohésion sociale dans les grands ensembles. Il s’agit avant tout de résoudre les problèmes de logements inacceptables. Maintenant, il est clair que les tours ne rencontrent pasnotre préférence.
AE – Certains habitants se plaisent pourtant dans ces tours…
FD – Les grands ensembles ne sont pas un véritable problème en soi, le problème c’est la concentration des problèmes sociaux. En France, le rasage des tours n’a pastoujours rencontré l’adhésion des habitants. Ces derniers auraient préféré des solutions médianes. Prenons l’exemple de la tour « Goujons », àAnderlecht. Elle est d’aspect rébarbatif, l’environnement n’est pas terrible, mais les appartements sont très bien. La tour n’est pas nécessairement synonyme dedégradation des appartements. La solution des problèmes sociaux ne passe donc pas forcément par une démolition.
Par ailleurs, il faut être très prudent en matière budgétaire. De même, il faut éviter des déclarations de portée trop générale. Ilne faut pas effrayer les habitants en annonçant : « On va raser les tours! ». Avec de telles déclarations, les sociétés de logement auraient-elles encore envie d’entretenirles tours? Nos deux priorités restent donc la rénovation et les projets de cohésion sociale.
1 La construction remonterait à 1964. Les cinq tours compteraient 314 logements.
2 Bd du Régent 21-23 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 506 34 11, fax : 02 506 34 53.

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