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Regard critique · Justice sociale

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"Premier bilan pour les Centres régionaux d'intégration"

29-01-2001 Alter Échos n° 90

En 1996, à l’initiative de Willy Taminiaux, la Région wallonne créait 6 centres dédiés à « l’intégration des personnes étrangères oud’origine étrangère »1 : les CRI (Centres Régionaux pour l’Intégration). Leurs missions touchent plusieurs champs : insertion professionnelle, culture, logement,santé, formation, alpha, jeunesse, collecte de données, etc. Leurs activités sont nombreuses et variées sur le terrain, et il n’est pas évident, del’extérieur, d’en avoir une vision globale. C’est que ces centres bénéficient d’un financement particulier : outre une légère allocation structurelle2, leurpersonnel est engagé sous statut d’Agent contractuel subventionné (ACS) et a jusqu’ici été cofinancé par des fonds européens dans le cadre de projetsponctuels (Emploi Now et Integra). C’est pour finaliser ces projets que les CRI organisaient le lundi 18 décembre à Namur un « séminaire transrégional dedissémination ». L’occasion d’avoir une vision globale des activités, et de savoir comment, politiquement, la Région wallonne entend les rendre durables et/ou lesréorienter.
Les volets Now et Integra
Le projet FSE rentré par Willy Taminiaux était un projet global relatif à l’insertion sociale et professionnelle des personnes étrangères ou d’origineétrangère, il entrait dans le cadre des volets Integra3 et Now4 du programme PIC-Emploi du FSE. Les six centres régionaux de Wallonie étaient désignés commeles organismes réalisateurs ainsi que les opérateurs locaux de ce projet. Dénommé ARI (Agents régionaux pour l’intégration), le projet a débutéen janvier 1998 au niveau des sous-régions et a pris fin en juillet 2000, les six derniers mois de l’année 2000 étant consacrés à la phase de disséminationdes résultats obtenus.
Rattachés aux centres régionaux pour lesquels ils accomplissent un certain nombre de missions, les « ARI » sont tout autant des animateurs que des coordinateurs, dont la missionpremière est la facilitation du parcours des différents publics cibles dans le champ de l’insertion socioprofessionnelle. Une de leurs missions essentielles est de renforcer lepartenariat existant avec les différents opérateurs locaux, tant publics que privés. Les centres ont ainsi été sollicités de part et d’autre, à lafois pour des interventions de première ligne (fonction de suivi individuel de personnes en contact ou non avec leurs associations, qu’il s’agisse de traiter leur statut d’étranger ouleur situation sociale et professionnelle) et de seconde ligne (rôle d’accompagnement, de promotion, de coordination, d’orientation, de formation et d’évaluation des initiatives localespubliques et privées en matière d’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère). Un double positionnement qui n’a pas étésans poser des problèmes d’identité quant au rôle que les ARI ont à jouer. Il contribue à rendre floue la vision qu’en ont les populations ainsi que lesdifférents opérateurs de terrain travaillant dans le champ de l’insertion.
Les actions mises en place
Pour répondre à ce positionnement nécessaire, certains centres n’ont pas hésité à fournir des prestations de seconde ligne sur telle entitéterritoriale tout en assumant des prestations de première ligne dans d’autres communes de leur ressort (La Louvière, Verviers) ou à définir un projet politique (Namur).Parmi les actions mises en place, on retrouve des opérations de socialisation ; des formations ; des permanences pour un suivi régulier ; des ateliers de recherche d’emploi ; le tutoratou le parrainage par les aînés, auprès d’employeurs potentiels, de candidats travailleurs issus de l’immigration ; la médiation pour faire face àl’incompréhension ; un accompagnement des initiatives locales ; intégration de la notion de genre dans les différents secteurs d’activités des centres ; un serviced’études et de recherches et des opérations de sensibilisation auprès de la population.
Obstacles
Parmi les difficultés soulignées dans le rapport d’activités des centres régionaux : la position qu’ils occupent ou devraient occuper. En effet, l’arrivée destructures de coordination est parfois mal perçue par certains opérateurs de terrain. Par ailleurs, d’autres acteurs perçoivent les centres comme une émanation despouvoirs publics. Pour les activités qu’ils mènent en première ligne, les centres sont parfois perçus comme des rivaux, notamment pour les organismes d’insertionsocioprofessionnelle. Le rapport souligne encore une certaine méconnaissance des centres et un flou quant à leurs missions (Mons). Sans compter la multiplicité des acteursimpliqués et les positions différentes qu’ils occupent, ce qui entraîne une diversité des priorités en matière d’actions à mener, rendant toutecollaboration difficile.
Points positifs
Parmi les points positifs : le partenariat. S’il a posé certaines difficultés, il est aujourd’hui épinglé comme particulièrement dynamisant. Des points positifssont également avancés concernant la structure même du projet. On souligne l’intérêt et la révolution que représente la structure paritaire des centres,laquelle met en présence un nombre égal de représentants des pouvoirs publics et du privé.
Perspectives
Les centres prévoient de poursuivre l’ensemble de leurs actions sur leur champ d’opération. Cependant, on observe des différences de préoccupation d’une entitéà l’autre, qui équivalent à peu de choses près aux spécificités qu’ont développées les centres jusqu’ici. Pour certains CRI, la poursuite de ladécentralisation est une des priorités afin de se porter à la rencontre du public cible (Mons, Namur). Pour d’autres, l’accent est mis sur le renforcement des formations, que cesoit par la réalisation de nouveaux modules ou encore la formation de nouveaux publics (La Louvière, Namur, Liège). Renforcer le partenariat est également une despriorités (Namur, Verviers) et certains mettent en place des mesures afin de contourner des obstacles initialement rencontrés, qu’il s’agisse des entreprises qui seront directementsollicitées via la Chambre de Commerce (La Louvière) ou des organismes d’insertion socioprofessionnelle qui seront préférés aux associations immigrées, peuenclines à répondre aux sollicitations (Mons). Enfin, les opérations de tutorat (Mons) et de médiation (Namur) seront tout autant renforcées. Comme annoncédans l’Alter Echos n°84 du 23 octobre 2000, Thierry Detienne, ministre wallon des Affaires sociales et Marie Arena, ministre wallonne de l’Emploi ont assuré la reconduction des conventionsACS pour 2001 sur laquelle planait un certain doute. Quant à une intervention majorée de la Région wallonne, elle n’est pas d’actualité pour le moment. Les CRI sont doncallés chercher leur subventionnement dans le cadre de la programmation du phasing out de l’objecti
f 1. Un projet par centre (qui concerne l’insertion sociale et professionnelle) a en effetété remis ainsi qu’un projet pour la fédération des CRI (la FECRI)5 mais celui-ci a été refusé. L’enveloppe budgétaire de ces projets devraitêtre décidée ce 30 janvier 2001.
1 Les six centres sont situés à Charleroi (CRIC), Mons (CIMB), La Louvière (CeRAIC), Namur (CAI), Verviers (CRVI) et Liège (CRIPEL).
2 Le financement d’un coordinateur temps plein et d’une secrétaire mi-temps, plus leurs frais de fonctionnement.
3 Integra : perspectives d’emploi pour les personnes défavorisées (y compris l’exclusion sociale et les mesures pour combattre le racisme et la xénophonie).
4 NOW : nouvelles opportunités d’emploi pour les femmes.
5 Fecri, fédération des centres régionaux d’intégration, route de Gembloux 500 à 5002 St Servais, tél. : 081 73 22 40, contact : FrançoiseRondeau.

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