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Participation des habitants et rénovation urbaine : aller-retour Belgique-Europe

Le 14 mars se tenait à la Fonderie à Bruxelles un symposium européen sur la participation des habitants aux politiques de développement urbain. Nous avonsrencontré Rik Baeten, chef de cabinet adjoint du ministre de la Politique des grandes villes Charles Picqué1, pour en résumer quelques conclusions et faire un premierpoint sur la participation dans les contrats de ville dans notre pays.

01-08-2005 Alter Échos n° 140

Le 14 mars se tenait à la Fonderie à Bruxelles un symposium européen sur la participation des habitants aux politiques de développement urbain. Nous avonsrencontré Rik Baeten, chef de cabinet adjoint du ministre de la Politique des grandes villes Charles Picqué1, pour en résumer quelques conclusions et faire un premierpoint sur la participation dans les contrats de ville dans notre pays.

Alter Échos – Pourquoi le ministre Picqué a-t-il organisé cet événement?

Rik Baeten – Vous vous rappelez que la Belgique, après la France notamment, avait souhaité entamer un travail entre États membres de l’Union sur la question dudéveloppement urbain. C’était pendant la présidence en 2001, et les trois présidences qui nous ont suivis n’ont pas pris d’initiative marquante sur la politique desvilles. Nous en avons conclu que si les autres ne s’y attellent pas, nous devons relancer le processus nous-mêmes. Donc rappelez-vous, en 2001, la participation des habitants était lethème clé mis à l’ordre du jour par la présidence belge. Un grand colloque avait été organisé, sous forme de foire d’échangesd’expériences, et nous avions rassemblé quelques ministres chargés de la ville dans une réunion informelle. Les conclusions principales portaient :

> sur la poursuite des échanges d’expériences,

> sur l’approfondissement des méthodologies et

> sur l’étude des législations existantes.

AE – Et tout cela est resté lettre morte?

RB – Nous avons nous-mêmes commandé une étude à Bernard Declève à l’UCL. Plutôt que de faire un panorama complet des législations, ilest en train de retravailler à partir des projets qui étaient mis sur la sellette en 2001. Et puis, nous avons initié ce colloque européen du 14 mars, dont nous avonsconfié l’organisation au réseau Hacer, Habitants citoyens d’Europe en réseau, basé à Paris, et qui est un des seuls organismes à rassembler principalementdes habitants au niveau européen2.

AE – Comment s’est passée la journée du 14?

RB – C’est très simple : quatre initiatives d’habitants étaient présentes. Leurs initiateurs au niveau local, des habitants, et des représentants d’organismestouchés par leur action, sont venus expliquer, dans quatre ateliers, comment ils travaillaient. Chacun propose une approche différente de la participation et de la rénovationurbaine, dans des contextes différents. Les ateliers étaient donc relativement ciblés, plus approfondis que lors du premier événement. Deux exemples parmi lesquatre présentés :

> une organisation de locataires sociaux de Birmingham, qui participe à la gestion du parc locatif public local, y compris aux aspects financiers de la gestion, et jusqu’àl’attribution des logements;

> des habitants de Brême ont exposé comment ils participent à des projets de revitalisation urbaine, avec la particularité de ne prendre des décisions quequand ils atteignent l’unanimité entre eux, ce qui amène évidemment une dynamique bien particulière.

Tout cela a évidemment provoqué pas mal de débats sur les limites de la participation, de la cogestion, sur la représentativité, sur les mécanismes deprise de décision, sur l’autonomie vis-à-vis des pouvoirs locaux, etc.

AE – Comment voyez-vous cette dimension de la participation dans notre politique des grandes villes?

RB – Il faut bien reconnaître que nous-mêmes, ici à partir du fédéral, on ne peut pas faire beaucoup en la matière. Surtout parce que pratiquementtout ce qui concerne l’encadrement de l’action des communes relève aujourd’hui des régions. Nous avons cependant pu mettre la participation au rang des axes prioritaires proposésdans les contrats passés avec les grandes villes, et aussi en parallèle la promouvoir dans l’élaboration des nouveaux programmes européens.

AE – Qu’est-ce que cette recommandation sur la participation a donné sur le terrain?

RB – Pour y répondre sérieusement, nous avons sollicité les services d’un expert, Patrick Bodart du groupe Peripheria, qui accompagne sur ce point six villes, dans lestrois régions. Il mène notamment des études de faisabilité sur les projets qu’elles envisagent, il rassemble les gens pour essayer de comprendre avec eux ce qui est fait,de systématiser les choses, d’identifier des outils et des thématiques. Il travaille aussi sur les problèmes rencontrés et les échecs, parce qu’on sait bien quetoutes les dynamiques de participation ne sont pas des success stories.

AE – Mais en attendant les conclusions de ce travail, vous avez certainement votre idée sur le sujet… Par exemple, vous avez entendu les réponses faites par lesresponsables locaux quand vos services leur ont parlé de participation.

RB – Disons que je retiens surtout des différences régionales. Prenez la Flandre, il y existe une culture politique de la consultation au niveau local depuis des années,inspirée notamment de ce que font les pays scandinaves. Mais parfois, cela présente le risque d’être trop structuré, ou très volontariste. La gestion communale a leplus souvent des habitudes de transparence, par exemple, mais cela ne va pas nécessairement très loin. C’est en fait l’inverse de la Région wallonne. Les grandes villes y sontgérées traditionnellement par des socialistes, et de manière pour le moins centralisée. Mais ce qui est intéressant, c’est que si on part de plus loin en termes departicipation locale, on se retrouve en fait avec des expériences plus innovantes en cours aujourd’hui. Et puis une autre chose est importante : où que ce soit, la manière dontest approchée la participation des habitants n’est pas nécessairement corrélée à la couleur politique de la majorité communale ou du bourgmestre! Pour lemoment, c’est difficile d’en dire plus : il faut savoir que 2002 est la première année entière où les Contrats de grande ville ont fonctionné en vitesse decroisière, avec une définition du contenu relativement à temps, et une cellule administrative 100% fonctionnelle.

1. Cabinet Picqué, square de Meeûs, 23 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 516 51 11, fax : 02 514 46 83.

2. Hacer, 9, place des Écrins à 38600 Fontaine, France, tél. : +33 4 76 53 19 29, fax : +33 4 76 53 16 78,
e-mail : contact@hacer-europe.org
site web : http://www.hacer-europe.org

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