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Parc Astrid: la misère moins pénible en plein air?

Dès la mi-mars, les autorités liégeoises ont rassemblé quelque 70 personnes sans abri au parc Astrid, sous tentes individuelles, brandissant la nécessité sanitaire d’un confinement en plein air. Un «encampement»(1) inédit dont les failles ont été rapidement pointées par les associations de terrain. À l’heure du déconfinement, l’inquiétude demeure quant au devenir de ces personnes fragilisées.

© Candela Sierra

Dès la mi-mars, les autorités liégeoises ont rassemblé quelque 70 personnes sans abri au parc Astrid, sous tentes individuelles, brandissant la nécessité sanitaire d’un confinement en plein air. Un «encampement»(1) inédit dont les failles ont été rapidement pointées par les associations de terrain. À l’heure du déconfinement, l’inquiétude demeure quant au devenir de ces personnes fragilisées.
Pendant les deux mois du confinement, on ne voyait qu’eux, place Saint-Lambert et alentour. Les SDF, les clodos, les tox, les bizarres, occupant seuls l’espace public déserté, comme un reflux des marges vers le centre, une métaphore étrange de la condition humaine à l’heure du retour au bercail, cette matrice redevenue idéale qui ne leur a pas toujours réussi, à eux. Violences reçues, rendues, manque d’amour, manque de pot. Les cocos avaient beau faire la manche, tout le monde payait désormais par carte. Il y avait celui-là, jambes croisées du matin au soir sur le même muret de la rue du Pont, qui demandait systématiquement «ça va?», à quoi on répondait «ça va?», à quoi il répondait «ça va?» Le jeune blond de la rue Cathédrale, énervé par les filles «jolies mais pas gentilles» qui ne donnent jamais une pièce ni un sourire. Et puis Dudulle, l’infatigable vendeur de bics et de briquets, adepte de la chansonnette et relégué dès le début du printemps à tendre sa casquette derrière son masque ...

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Dès la mi-mars, les autorités liégeoises ont rassemblé quelque 70 personnes sans abri au parc Astrid, sous tentes individuelles, brandissant la nécessité sanitaire d’un confinement en plein air. Un «encampement»(1) inédit dont les failles ont été rapidement pointées par les associations de terrain. À l’heure du déconfinement, l’inquiétude demeure quant au devenir de ces personnes fragilisées.
Pendant les deux mois du confinement, on ne voyait qu’eux, place Saint-Lambert et alentour. Les SDF, les clodos, les tox, les bizarres, occupant seuls l’espace public déserté, comme un reflux des marges vers le centre, une métaphore étrange de la condition humaine à l’heure du retour au bercail, cette matrice redevenue idéale qui ne leur a pas toujours réussi, à eux. Violences reçues, rendues, manque d’amour, manque de pot. Les cocos avaient beau faire la manche, tout le monde payait désormais par carte. Il y avait celui-là, jambes croisées du matin au soir sur le même muret de la rue du Pont, qui demandait systématiquement «ça va?», à quoi on répondait «ça va?», à quoi il répondait «ça va?» Le jeune blond de la rue Cathédrale, énervé par les filles «jolies mais pas gentilles» qui ne donnent jamais une pièce ni un sourire. Et puis Dudulle, l’infatigable vendeur de bics et de briquets, adepte de la chansonnette et relégué dès le début du printemps à tendre sa casquette derrière son masque ...

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